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Canicule: précautions tous azimuts dans une maison de retraite à Paris

4 août 2018, 14:03

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Canicule: précautions tous azimuts dans une maison de retraite à Paris

«Vous ne voulez pas retirer votre gilet, Madame?»: à la maison de retraite «Annie Girardot» de Paris, le personnel multiplie les précautions face à la canicule, jusqu’à tester des gobelets «connectés» qui mesurent la quantité d’eau bue par les résidents.

Dans cet établissement moderne du XIIIe arrondissement, qui accueille une centaine de personnes âgées dépendantes, la climatisation permet de maintenir la température sous les 23 degrés, mais uniquement dans les salles de restauration.

Par conséquent, «on essaye d’y attirer les résidents, en leur proposant des collations à répétition ou des glaces», explique le jeune directeur de la maison de retraite, Franck Oudrhiri.

Et pour la même raison, au moment des repas, le personnel de service veille à ne «pas brusquer les gens, qu’ils prennent leur temps pour manger» dans la fraîcheur, indique le chef cuisinier, Patrick Bozec. Pendant la canicule, il peut modifier ses menus, pour proposer des plats froids. «Mes ingrédients sont prévus longtemps à l’avance. Mais je m’adapte. Par exemple, à la place des carottes vichy, je sers une salade de carottes».

En revanche, au dîner, les pensionnaires tiennent à leur soupe chaude. «Si vous la leur enlevez, ils ne sont pas contents! On a bien essayé le gaspacho, mais ça ne passe pas du tout», sourit le chef.

Beaucoup de pensionnaires, «très frileux», se munissent d’un gilet quand ils gagnent le réfectoire climatisé, explique une aide-soignante. Et si les recommandations officielles prévoient d’ôter les couvertures des lits, «évidemment, on les laisse quand les personnes les réclament!», souligne le directeur.

Pour Anna Charriton, qui à 78 ans est clouée dans une chaise roulante par la maladie de Parkinson, la chaleur en ce début août «devient difficile à supporter, parce que ça fait longtemps que ça dure». Dans sa chambre toutefois, elle dispose comme tous ses voisins d’un ventilateur, et le personnel veille à baisser les stores pendant les heures chaudes. La température y avoisine les 27 ou 28 degrés, comme en attestent les relevés effectués deux fois par jour par un technicien armé d’un thermomètre laser.

Eau gélifiée

Comme beaucoup de personnes de son âge, la retraitée confie n’avoir «jamais soif». «Mais je me force à boire beaucoup, surtout de l’eau avec du sirop. On me le rappelle tout le temps», raconte la vieille dame, qui a conservé son accent du sud-ouest.

Chez les personnes âgées, «il n’y a pas de sensation de soif, c’est physiologique», confirme Laurence Kagabo, infirmière et directrice adjointe en charge des soins. «Donc on les stimule, on leur propose régulièrement de boire, en petites quantités».

Une auxiliaire de vie, embauchée spécialement pour les deux mois d’été, veille tous les après-midi à ce que chacun s’hydrate suffisamment.

Et la technologie peut même apporter un plus en ce domaine: depuis décembre, l’établissement teste, à l’étage où vivent les résidents les moins autonomes, d’étonnants gobelets connectés. Grâce à de discrets capteurs disposés dans les chambres et sous les tables de la salle à manger, le système informatique enregistre automatiquement la quantité d’eau bue au fil des jours par chaque personne âgée. «On peut ainsi vérifier que c’est conforme à ce que notre médecin a recommandé, en fonction du profil de chacun», détaille M. Oudrhiri.

Plus prosaïquement, la plupart des portes des chambres sont ornées d’une affichette représentant un verre et une cruche d’eau. Un pense-bête pour rappeler au personnel la nécessité de faire boire les seniors ? «Non, c’est pour faire la différence entre les résidents qui peuvent boire normalement et ceux qui ont des problèmes de déglutition. A ceux-là, on donne de l’eau gélifiée», précise la directrice adjointe.

Les pensionnaires, «on les observe, on les connaît très bien. S’ils n’ont pas assez bu, ils sont fatigués, moins vifs que d’habitude», raconte l’infirmière. «Ils ne le verbalisent pas forcément, surtout que beaucoup ont des troubles cognitifs. Mais nous sommes très attentifs à tout changement d’attitude».