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Mondial-2018: les recettes du succès de l’Uruguay

5 juillet 2018, 09:07

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Mondial-2018: les recettes du succès de l’Uruguay

Trois millions et demi d’habitants, mais deux Coupes du monde et une présence régulière parmi le gratin mondial: l’Uruguay s’appuie depuis 2006 sur trois piliers pour faire grandir sa Celeste, l’histoire et l’identité, une structuration rationnelle de son football et un «maestro», Oscar Tabarez.

Le poids de l’histoire

Le football en Uruguay ne vient pas de nulle part. «Ils sont coincés entre deux pays qui sont peut-être les deux plus grandes nations du foot dans le monde entier, l’Argentine et le Brésil, avec 3,5 millions d’habitants, et ils ont presque toujours été performants depuis les débuts du foot», synthétise pour l’AFP Romain Molina, auteur de «Cavani, El Matador» (éditions Hugo sport) et bon connaisseur de l’Uruguay.

«L’Uruguay est un pays où le football fait partie de la culture nationale. Il n’y en a pas tant que ça. L’Argentine, le Brésil, l’Angleterre, peut-être quelques autres comme l’Allemagne ou l’Espagne, mais ça ne remonte pas aux années 20, comme chez nous», avait synthétisé au début du Mondial le sélectionneur Oscar Tabarez.

«On était une grande puissance du football. On a remporté deux fois les Jeux olympiques (1924, 1928), quand il n’y avait pas encore la Coupe du monde, puis la première Coupe du monde (1930, et une autre en 1950 ndlr). Mais on a perdu le fil qui nous permettait de transmettre le football de génération en génération», a encore exposé le «maestro» de 71 ans.

La structuration du football

«J’ai beaucoup réfléchi à ça. A comment faire pour ramener l’Uruguay sur la carte du football mondial, malgré ses limites démographiques ? Et je crois que ces dernières années, on a réussi», avait poursuivi Tabarez. Ce n’est pas une forfanterie: il est en effet considéré comme le grand architecte du 'revival' uruguayen.

Quand il revient à la tête de la sélection, en 2006 (après un court bail entre 1988 et 1990), l’Uruguay est aux abois, non qualifiée pour les Coupes du Monde 1994, 1998 et 2006 et éliminée du premier tour du Mondial 2002... «C’était le bordel à la fédération», ajoute Romain Molina. Tabarez va tout changer.

«Il y a toujours eu une compétitivité débordante dans le football uruguayen, mais il y a un avant et un après Tabarez. Quand il arrive, il érige un modèle qui va des moins de 15 ans aux professionnels, il développe la détection sur tout le territoire uruguayen et va travailler avec un groupe réduit de joueurs», poursuit Molina.

L’ancien professeur va aussi développer la culture historique commune des jeunes joueurs, reposant sur les exploits passés de la Celeste. Le Maracanazo, quand l’Uruguay fait pleurer tout le Brésil en s’imposant à Rio en finale du Mondial-1950, les exploits de la «merveille noire» Jose Leandro Andrade, grand artisan des victoires aux JO 1924 et 1928 et au Mondial 1930... Tavarez «ne veut pas former que des joueurs, mais aussi des hommes», expose encore Molina.

L’influence des cadres

Il peut compter sur cela sur des référents en sélection, Diego Lugano et Diego Forlan. Petit jeune, Edinson Cavani n’a par exemple jamais réussi à dire autre chose que «usted» (vous) au premier, son capitaine en sélection, tant il le respectait. Et les anciens aident à la transmission des valeurs, comme Lugano interdisant à tout international de laisser traîner le maillot bleu azur par terre.

«Ce qui se passe aujourd’hui est le fruit du processus engagé il y a quelques années», a observé mardi l’avant-centre Luis Suarez. «Quand je suis arrivé, je regardais Diego (Forlan), les anciens, et les jeunes qui arrivent aujourd’hui regardent comment travaillent les plus anciens.»

Surtout, les résultats suivent. Demi-finaliste du Mondial en 2010, vainqueur de la Copa America 2011, la Celeste est redevenue une référence mondiale, qui fait la fierté des 3,5 millions d’Uruguayens.

«Ce que nous avons montré en 2010 a permis de raviver la flamme des Uruguayens pour la Celeste», a expliqué Diego Forlan dans une interview publiée mercredi par le quotidien français L’Equipe. Ce que l’Uruguay montre depuis 2006 invite à la prudence toutes les équipes qui s’apprêtent à l’affronter.