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Brexit: Theresa May risque une nouvelle fronde parlementaire

18 juin 2018, 19:11

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Brexit: Theresa May risque une nouvelle fronde parlementaire

La Première ministre britannique Theresa May risque une nouvelle fronde parlementaire cette semaine dans le cadre de l’examen du projet de loi sur le Brexit, qui la contraint à jouer les équilibristes entre pro et anti-UE, au sein même de son parti conservateur.

Les Lords britanniques examinent lundi soir un amendement gouvernemental au projet de loi sur le Brexit avant le retour du texte mercredi devant les députés.

Le Parlement veut avoir son mot à dire sur l’accord final de sortie de l’UE, que Londres est en train de négocier avec Bruxelles avant l’échéance du Brexit, fin mars 2019, ce que Theresa May ne semble pas prête à concéder.

La semaine dernière, la cheffe du gouvernement avait réussi à étouffer une rébellion dans les rangs conservateurs pro-UE en faisant mine de faire un geste dans leur direction, en leur promettant qu’ils auraient leur mot à dire. Cela les avait amenés à rejeter un amendement qui aurait donné au parlement un droit de veto sur le résultat des négociations avec Bruxelles.

Mais l’amendement de compromis qu’elle a finalement proposé est loin du compte pour les députés europhiles.

«Cela nie totalement l’objet de l’amendement, qui était de donner la parole aux députés», a déclaré le conservateur Dominic Grieve, accusant Theresa May d’avoir renié sa promesse. «Nous pouvons faire tomber le gouvernement», dont la majorité parlementaire ne tient qu’à dix sièges, a-t-il averti.

Dimanche, Mme May a affirmé sur la BBC qu’elle avait entendu les préoccupations des députés mais que le Parlement «ne pouvait pas lier les mains du gouvernement dans les négociations» ni «contrer la volonté du peuple britannique, de quitter l’UE».

Des déclarations qui vont dans le sens des conservateurs partisans d’une rupture franche avec l’UE, qui accusent les europhiles de vouloir dicter au gouvernement la marche à suivre et de chercher, in fine, à s’opposer au processus du Brexit ou à le diluer.

- Hausse des taxes -

Pour convaincre des bienfaits du Brexit, Theresa May a confirmé lundi une hausse du budget du service public de santé, le NHS, financée en partie grâce aux économies qu’elle compte réaliser avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE: ce budget augmentera de 20 milliards de livres (23 milliards d’euros) par an jusqu’en 2023-2024.

L’un des arguments clefs des partisans du Brexit pendant la campagne du référendum de 2016 sur la sortie de l’UE était que l’argent économisé en quittant l’UE permettrait de renflouer les caisses du NHS, plongé dans une crise liée à son manque de moyens.

Mais ce «dividende du Brexit» ne suffira pas, a admis Theresa May. «Les contribuables devront contribuer un peu plus», a-t-elle prévenu dans un discours tenu après la visite d’un hôpital à Londres, affirmant que l’augmentation des taxes se ferait «de manière juste et équilibrée».

Une annonce critiquée par l’opposition, qui la juge trop faible, comme par l’aile droite du Parti conservateur, favorable à une baisse des dépenses publiques.

Theresa May continue ainsi à se débattre sur la scène intérieure, peinant à resserrer les rangs conservateurs et à affirmer son autorité, régulièrement défiée par son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, fervent partisan du Brexit.

Celui-ci a récemment estimé que Londres manquait de «courage» dans les négociations avec Bruxelles et que Donald Trump ferait mieux. Le ministre a également qualifié Bruxelles «d’ennemi» à «combattre».

«Nous ne nous laisserons pas impressionner», a rétorqué Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.

M. Barnier continue de demander plus de «réalisme» au Royaume-Uni, avec lequel les négociations sur sa sortie de l’UE piétinent, alors qu’il reste peu de temps.

Les points en litige doivent en effet être réglés d’ici l’automne pour que l’accord de retrait puisse être ratifié, par le Parlement européen notamment, d’ici à la date prévue du Brexit.

La question irlandaise - le Brexit menaçant de recréer une frontière entre le nord rattaché au Royaume-Uni et le sud membre de l’UE - est loin d’être réglée, les récentes propositions de Londres n’ayant pas convaincu Bruxelles.