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Dopage au sein de l’écurie Rousset: comment la police a remonté la piste Aspara

8 juin 2018, 13:39

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Dopage au sein de l’écurie Rousset: comment la police a remonté la piste Aspara

On commence à y voir un peu plus clair sur les deux cas de dopage au sein de l’écurie Rousset. Si l’enquête suit toujours son cours dans le cas de Maxamore, elle avance à grands pas dans celui d’Aspara. Surtout avec l’arrestation du palefrenier Lavish Lallbeeharry, vendredi 1er juin. Ce dernier a été traduit devant la justice sous une accusation provisoire de tricherie. Retour sur toute cette sombre affaire qui défraie la chronique dans le monde hippique.

* Mardi 22 mai 

Le Mauritius Turf Club (MTC) prend connaissance, par le biais du laboratoire Quantilab Ltd, de la présence d’une substance illicite, soit le 16-beta-hydroxy-stanozolol, dans l’échantillon d’urine «post-race» de Maxamore, vainqueur lors de la 7e journée. L’analyse de l’échantillon sanguine «post-race» détecte, elle, du Stanozolol, un anabolisant qui améliore, entre autres, l’endurance et la densité musculaire chez le sujet administré. Conformément à la règle 200 (2) (b), l’entraîneur fait une demande auprès du MTC pour que l’échantillon B soit envoyé à un laboratoire indépendant pour la contre-expertise.

* Vendredi 1er juin 

Consternation au sein de l’écurie Rousset. Alors qu’elle est toujours groggy après l’annonce de la positivité de Maxamore, voilà que l’écurie championne en titre doit faire face à un nouveau cas de dopage. Aspara – vainqueur lors de la 9e journée – est également contrôlé positif au Stanozolol. Dans un communiqué le même jour, Gilbert Rousset fait part de son désarroi face à cette situation.

«Nous sommes désemparés à l’écurie face à une situation qui ne nous était jamais arrivée en trente ans de carrière et qui nous arrive deux fois en trois semaines. Il est désormais évident que ce qui semblait être un cas isolé au vu des circonstances pourrait se renouveler, d’autant que le cheval était encore une fois sous forte surveillance comme tous nos autres chevaux et a été testé négatif le vendredi avant la course comme ce fut le cas lors du cas précédent. Nous sommes déterminés à mettre un terme à cette situation et collaborons étroitement avec les autorités dans cet ­objectif.»

Retrait des chevaux de Rousset : forcing de la GRA

En ce qui concerne le déroulement de la 10e journée, l’écurie Rousset et le MTC arrivent à un consensus. Tous les partants seront soumis aux différents tests que l’organisateur des courses jugera nécessaires avant d’avoir le feu vert pour concourir. Cet «arrangement» ne fait cependant pas l’unanimité. 

Dans les coulisses, on évoque le souhait de la Gambling Regulatory Authority que les chevaux de Rousset ne participent pas à la 10e journée, afin d’éviter toute mauvaise perception au sein de la communauté hippique. Selon nos recoupements, l’entraîneur aurait même été contacté personnellement à cet effet.

Revirement de situation dans l’après-midi. Par le biais d’un second communiqué, l’écurie Rousset annonce le retrait de tous ses partants pour le compte du 10e acte. «Pour faire suite à mon communiqué précédent de ce jour, et après avoir mûrement réfléchi et échangé avec les autorités, nous avons décidé d’un commun accord entre mon assistant et moi-même, de ne pas courir nos chevaux ce samedi, et ce dans un souci de protéger au maximum l’intérêt des turfistes et l’intégrité des courses. Une demande dans ce sens a été faite au Mauritius Turf Club. Nous espérons que les réponses que nous recherchons tous seront obtenues dans les jours qui viennent.»

Pourquoi un tel changement de cap ? Selon une source bien informée, les propriétaires de l’écurie Rousset ne veulent pas que leurs noms soient associés, de près ou de loin, au dopage au sein de l’industrie hippique mauricienne.

Enter police des Jeux

Il faut souligner que l’écurie Rousset avait, dès l’annonce du cas Maxamore, procédé à sa propre enquête en interne pour situer les responsabilités. Le palefrenier casual de Maxamore, qui n’avait plus donné signe de vie à l’aube de la 7e journée, serait mis hors de cause. Du moins pour le moment. 

Parallèlement, le MTC dresse une liste de possibles suspects au sein du yard, liste qui est d’ailleurs communiquée aux autorités compétentes pour les besoins de l’enquête. En présence de ce nouvel élément, les limiers de la police des Jeux ne tardent pas à privilégier la piste de Lavish Lallbeeharry, employé du MTC et palefrenier d’Aspara. Ce dernier, qui réside chez sa belle-famille à Tranquebar, est sollicité régulièrement pour être de garde à l’écurie au cas où l’un des pensionnaires de l’écurie tombe malade ou se blesse durant la nuit.

Arrêté dans l’après-midi du 1er juin, le palefrenier est soumis à un interrogatoire serré qui a duré près de cinq heures. Il nie d’abord l’accusation de tricherie formulée contre lui.

Lallbeeharry retourne sur le lieu du «crime»

* Samedi 2 juin

Lavish Lallbeeharry comparaît devant la Bail & Remand Court sous une accusation de tricherie. Acculé par la police des Jeux, il se montre alors plus coopératif et participe même à une reconstitution des faits au sein de l’écurie Rousset dans l’après-midi. Il décline cependant toute responsabilité dans le cas de dopage de Maxamore.

* Mardi 5 juin

À l’entraînement, le cas Maxamore-Aspara domine les conversations. Trois noms sont cités à la rue Shakespeare, comme étant ceux qui pourraient être mêlés, de près ou de loin, à ces cas de dopage. Trois noms très connus du monde hippique et dont la présence comme propriétaires ou membres d’écurie dérange plus d’un au MTC.

Pendant ce temps, l’express-Turf se dirige vers l’enceinte de l’écurie Rousset. L’objectif est d’arracher une déclaration de l’entraîneur Gilbert Rousset. Au bout de quelques minutes d’attente, un porte-parole de l’établissement explique que toute déclaration à ce stade serait inappropriée vu que l’enquête de la police des Jeux progresse. Idem pour le MTC, qui ne compte pas communiquer sur cette affaire tant que l’enquête est en cours.

Un membre de la VIPSU arrêté

À la police des Jeux, l’enquête progresse et Lavish Lallbeeharry commence à collaborer pleinement avec les enquêteurs. Il dénonce ses présumés complices, ceux qui lui auraient fourni des seringues ainsi que le produit dopant. Sur la base d’informations fournies par le palefrenier, trois autres personnes sont interrogées, dont deux seront, par la suite, placées en detention. À savoir Rishiraj Dauhoo, un policier attaché à la VIPSU et posté à la Clarisse House, et Arshad Joomun, un habitant de la capitale. Lavish Lallbeeharry reste, lui, en détention.

 

Ce que dit la loi sous la GRA Act

<p style="text-align: justify;">Classifié sous l&rsquo;article 146 (c), (e) et (f) de la <em>Gambling Regulatory Act</em>, l&rsquo;acte de tricherie peut mener à une peine de 3 ans d&rsquo;incarcération assortie d&rsquo;une amende ne dépassant pas Rs 300 000 pour toute personne reconnue coupable du délit. Les conspirateurs encourent, eux, une amende n&rsquo;excédant pas Rs 500 000 ainsi qu&rsquo;une peine d&rsquo;emprisonnement.</p>

<h4 style="text-align: justify;">&ldquo;Any person who :</h4>

<p style="text-align: justify;"><strong>146 1 (c)</strong> administers or causes to be administered to any horse which is in training for the purpose of participating in a horse-race, by invasive or noninvasive routes, including oral, rectal, transdermal, intradermal, subcutaneous, intramuscular, intravenous or any other route whatsoever<br />
	<strong>(i)&nbsp;&nbsp;</strong> &nbsp;any endoctrine or hormonal substance, whether natural or synthetic;<br />
	<strong>(ii)&nbsp;</strong>&nbsp; &nbsp;any medicinal substance, chemical or drug; or<br />
	<strong>(iii)&nbsp;</strong>&nbsp; &nbsp;any other substance which may act as a stimulant or depressant thus affecting the speed, stamina, courage, conduct or performance of a horse during a horse-race or prior to such race;<br />
	<strong>146 1 (e)</strong> cheats in any other manner in any of the activities regulated by this Act,<br />
	shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to a fine not exceeding 300,000 rupees and to imprisonment for a term not exceeding 3 years.<br />
	<strong>146 2 (e) </strong>offers anything or value to a person involved in the conduct of a horserace in return for that person&rsquo;s committing an illegal act or failing to perform a duty; or<br />
	<strong>146 2 (f)</strong> connives with or seeks or has an undertaking or agreement with a person involved in the conduct of a horse-race to commit an illegal act or to fail to perform a duty,<br />
	shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to a fine not exceeding 500,000 rupees and to penal ser&shy;vitude.</p>