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Budget 2018-2019: la machinerie en marche

1 mai 2018, 00:06

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Budget 2018-2019: la machinerie en marche

Pravind Jugnauth renfile son manteau de Grand Argentier. De retour au pays après le sommet du Commonwealth, le Premier ministre s’attelle cette semaine aux consultations prébudgétaires. À l’agenda, six rencontres avec les partenaires sociaux et économiques du pays à partir de jeudi. Deux consultations revêtent une importance toute particulière : celle avec les dirigeants de Business Mauritius vendredi, suivie de la rencontre avec la communauté des planteurs le 10 mai.  

Negative Income Tax et salaire minimum 

Pour cet exercice budgétaire, le Premier ministre et ministre des Finances pourrait surfer sur deux mesures gouvernementales qui lui tiennent à coeur. À savoir, l’introduction de l’impôt inversé (Negative Income Tax) annoncée dans le Budget 2017- 2018 et le salaire minimum. Deux propositions qui sont aujourd’hui une réalité avec certes des effets mitigés parmi les employeurs.  

Face aux responsables des principaux secteurs économiques du pays, Pravind Jugnauth devra exposer les retombées sociales de ces deux mesures. La Negative Income Tax représente une amélioration salariale pour plus de 25 300 personnes inscrites auprès de la Mauritius Revenue Authority. Quant au salaire minimum, il concerne 150 000 individus qui touchent Rs 9 000 mensuellement. Deux avancées dans le monde du travail que le Premier ministre et ministre des Finances pourrait exploiter à fond quand il dressera le bilan de son deuxième Budget.  

La maquette du Metro Express. 

Certes, il y a aussi le projet phare du Metro Express dont les travaux préliminaires sont déjà visibles à Port-Louis et à Rose-Hill. Ce projet devrait transformer le visage routier de Maurice tout en décongestionnant la capitale, tout au moins sur papier. Les opérateurs économiques, qui se plaignent de longues heures d’attente sur les routes avec des répercussions sur la productivité de leurs entreprises, auront des questions sur ce nouveau mode de transport et de son poids sur l’endettement public.  

Comme les années précédentes, la conjoncture économique actuelle sera un thème central lors de la consultation avec le patronat. Notamment l’incapacité du pays à franchir jusqu’ici la barre psychologique des 4 % de croissance économique pour pouvoir attirer suffisamment d’investissements productifs afin de créer des emplois durables dans des secteurs économiques émergents. «C’est le principal enjeu si on veut que le pays passe à une nouvelle étape de son développement et s’éloigne de son statut de middle-income group», souligne Imritt Ramtohul, conseiller en investissements chez AON Hewitt et analyste financier. Sans compter l’engagement du gouvernement de réduire la dette publique à 63 % du Produit intérieur brut en juin 2018.  

Baisse des prix du sucre  

Du côté de Business Mauritius, qui agit comme le think tank du secteur privé, son président, Cédric de Spéville, se réjouit de cet exercice. «La présentation du Budget est plus qu’un simple exercice d’allocations de ressources. C’est un moment très important dans le calendrier économique et social du pays. Les consultations organisées de toutes les parties prenantes sont essentielles et Business Mauritius a été sollicité comme tous les ans pour fournir ses recommandations. Nous le ferons de manière structurée et positive.»  

Autre sujet d’inquiétude que les dirigeants de Business Mauritius ainsi que la communauté de planteurs soulèveront auprès du ministre des Finances est l’écroulement du prix du sucre sur le marché mondial, soit à Rs 11 000 la tonne. «Il est clair que nous subissons actuellement le cours du prix à l’échelle mondiale. Depuis début 2017, le prix de la tonne de sucre blanc sur le marché londonien a chuté de 35 %, passant de 550 dollars à l’époque à 360 dollars aujourd’hui. Bien évidemment, quand nous vendons notre sucre sur le marché mondial, nous n’avons aucun contrôle sur le prix de vente ou sur les fluctuations des principales devises dans lesquelles le cours du sucre est fixé», souligne le Chief Executive Officer du Syndicat des sucres, Devesh Dukhira. Et d’ajouter que la situation risque de perdurer en 2018/2019.  

L’abandon des champs de canne à sucre est un réel risque que Pravind Jugnauth pourrait prendre en considération. 

 

Devesh Dukhira cite le cas de l’Inde qui produira 31 millions de tonnes de sucre durant cette période pour une consommation de 25 millions de tonnes, soit un excédent de 6 millions de tonnes de sucre. Idem pour l’Europe qui récoltera 20 millions de tonnes de sucre à base de betterave en 2018/2019 alors que la consommation plafonne autour de 16 millions de tonnes. «Une telle situation de surproduction entraînera certainement une baisse du prix de vente du sucre sur le marché mondial», ajoute-t-il. Conscient qu’il existe de réels risques que les planteurs abandonnent leurs champs, Pravind Jugnauth compte les rassurer et proposer des mesures correctives dans ce sens, selon son entourage.  

Entre-temps, le gouvernement a institué un comité technique coprésidé par Raj Makoond, CEO sortant de Business Mauritius, et Vishnu Gondeea, ex-secrétaire permanent au ministère de l’Agro-industrie, afin de suivre la situation de près. Ces derniers se penchent sur la problématique de prix pour venir avec des propositions concrètes pour voir dans quelle mesure les producteurs peuvent être compensés en raison de ces baisses de prix.  

Au fil des jours, des groupements économiques et sociaux vont se relayer pour défendre leurs intérêts corporatifs auprès de Pravind Jugnath et de son équipe de techniciens. Une manière de faire du lobbying…

Calendrier des rencontres 

Le coup d’envoi des consultations prébudgétaires sera donné jeudi avec la rencontre entre les représentants des centrales syndicales et Pravind Jugnauth, au Bâtiment du Trésor. Le lendemain, celui-ci écoutera les propositions des dirigeants de Business Mauritius. Le mercredi 9 mai, des responsables d’organisations non gouvernementales, d’associations des consommateurs et celles de la jeunesse rencontrent le Premier ministre et ministre des Finances et son équipe de techniciens. Dans l’après-midi, Pravind Jugnauth aura rendez-vous avec des artistes du pays. Le 10 mai, la communauté de planteurs et les représentants des sociétés coopératives discuteront à leur tour de leurs propositions budgétaires. Le même jour, des directeurs de petites et moyennes entreprises et des opérateurs économiques pourront s’entretenir avec le Grand argentier.