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Relations avec la Chine: Maurice sous l’assaut du dragon chinois

18 avril 2018, 22:16

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Relations avec la Chine: Maurice sous l’assaut du dragon chinois

La Chine intensifie depuis quelques années sa présence dans le pays. Une stratégie qui cadre avec la Road and Belt Initiative, projet d’expansion économique de l’empire du Milieu. Zoom sur les derniers développements dans les relations économiques entre ces deux pays.

JinFei : centre névralgique de la présence chinoise

Longtemps à l’abandon, JinFei connaît depuis 2016 un nouvel essor suivant une révision intégrale de sa stratégie. Initialement prévue pour le développement de la manufacture, la zone est aujourd’hui une smart city en devenir avec, à la clé, un financement global d’un milliard de dollars (environ Rs 34 milliards). Le symbole de ce nouveau tournant: l’Eden Garden Culture and Entertainment Square. Au coût de Rs 1 milliard, cet édifice à l’architecture particulièrement impressionnante sera complété d’ici octobre prochain anticipe Allen Yang, General Manager de Mauritius JinFei Economic Trade and Corporation Zone Co. Ltd (MJFET). Outre une grande salle de réception, l’édifice comprendra également des boutiques, restaurants et salle de cinéma.

Après l’Eden Garden Culture and Entertainment Square, la Mauritius JinFei Economic Trade and Corporation Zone s’attaquera à la construction d’un appart-hôtel cinq étoiles à deux tours à la forme elliptique d’une superficie de 40 000 m², moyennant un investissement de 50 millions de dollars (environ Rs 1,6 milliard). Les travaux de construction devraient démarrer dès cette année selon Allen Yang, de même que ceux d’un projet de villas de luxe de catégorie Property Development Scheme (PDS). «Nous attendons d’avoir toutes les autorisations nécessaires afin de démarrer les constructions. Si tout se passe comme prévu, la construction de l’appart-hôtel et celle des villas devraient démarrer simultanément», soutient le directeur général de MJFET. La clientèle visée : les touristes chinois, européens et africains.

Shopping avenue

Autre projet dans le pipeline : la mise en chantier d’une «Shopping Avenue» non loin de l’Eden Garden Culture and Entertainment Square. Afin de mettre toutes les chances de son côté, la direction de MJFET a retenu les services du même cabinet d’architectes qui a conçu le centre commercial de Bagatelle. «De par notre position géographique entre Port-Louis et le nord de l’île, nous souhaitons attirer la clientèle des environs de Pamplemousses, Grand-Baie et Port-Louis» ambitionne Allen Yang. Ce centre commercial devrait être livré en 2020 selon la MJFET.

Par ailleurs, le plan directeur de la smart city de JinFei comprend également une section dédiée à la manufacture, plus précisément l’entreposage. «Nous avons déjà alloué un terrain de 18 hectares à des entreprises malgaches, indiennes, françaises et même locales», explique notre interlocuteur. Du reste, ce sont au total 40 entreprises qui opèrent actuellement dans le Noah Wealth Centre, vaste espace bureaux et siège social de MJFET. L’entreprise ambitionne d’en attirer une centaine d’ici 2020. À savoir que tous les projets mentionnés font partie de la première phase de développement de JinFei Smart City. La seconde phase sera axée sur le développement des services financiers Chine-Maurice avec pour plateforme Maurice, explique Allen Yang.

Commerce et service

 L’accord de libre-échange couvrira le commerce des marchandises, l’investissement, la coopération technique et économique ainsi que le commerce des services. Outre l’aspect national, les deux pays souhaitent développer de nouvelles pistes d’échanges économiques «sur le plan bilatéral mais aussi dans une optique régionale et africaine» explique-t-on au ministère des Affaires étrangères. Maurice veut également encourager les entreprises chinoises à monter des opérations de valeur ajoutée sur l’île pour desservir les marchés africains du COMESA et de la SADC ainsi que la zone de libre-échange tripartite SADC-COMESA Eastern and Soutern Africa.

Ce projet, les exportateurs le voient comme une véritable aubaine. «Ce qui est intéressant avec la Chine, c’est qu’elle est en train de développer son marché interne (consumer market). Toutes les grandes marques vont vouloir y être et cela représente une mine d’opportunités pour les exportateurs mauriciens», soulignait Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la Mauritius Export Association, à l’annonce du projet en 2016. Les producteurs locaux mettent quant à eux en garde contre les risques qu’encourent les entreprises locales face au géant chinois, et même indien.

«Pour nos partenaires que sont l’Inde et la Chine, notre micromarché insulaire ne représente pas grand-chose, alors que pour nous, il s’agit d’intérêts vitaux. Comme il n’y a pas d’équilibre dès le départ dans la négociation (et c’est structurel car nous sommes un petit état insulaire), nous ne pouvons pas négocier à armes égales ni nous passer de l’aide internationale. C’est une question d’équité économique et ne pas le reconnaître est une erreur stratégique», expliquait le président de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) dans un entretien accordé à l’express en mars dernier.

Consommation différente

 Mais comme l’explique Liu Xin, Deputy General Manager de MJFET, le touriste chinois a un style de consommation sensiblement différent des Européens. «La clientèle chinoise aime le divertissement, sortir, aller à la découverte de nouveautés et la cuisine est un aspect très important pour eux.» Raison pour laquelle la MJFET prépare des produits et services sur mesure pour cette clientèle, à l’instar de l’Eden Garden Culture and Entertainment Square. «L’année dernière nous avons fait venir 8 000 touristes chinois à travers notre agence de voyages. Notre objectif est d’en attirer 10 000 cette année» avance-t-il.

L’AHRIM reconnaît également le fort potentiel de ce marché pour Maurice. D’ailleurs, malgré la baisse des arrivées, les touristes chinois dépensent plus que les Européens. La dépense unitaire du touriste chinois s’élevait en effet à «plus de Rs 8 000 la nuitée en 2016, alors que l’ensemble du marché affichait une moyenne de Rs 4 200 seulement», souligne Jocelyn Kwok. Raison pour laquelle les efforts doivent se poursuivre sur tous les fronts, que ce soit au niveau de la connectivité aérienne, les dialogues en B2C ou encore la promotion d’autres segments touristiques comme le golf, entre autres. L’AHRIM propose également plusieurs idées pour attirer la clientèle chinoise dans son magazine Check In paru en décembre 2017. Il s’agit, entre autres choses, d’apprendre le mandarin, de servir des produits frais, de promouvoir les packages «all-inclusive», de vendre des marques internationales et de multiplier les activités.

Tourisme : casse-tête chinois

<p>Comment faire pour attirer davantage de <a href="https://www.lexpress.mu/article/307337/tourisme-ou-sont-passes-chinois">touristes chinois à Maurice</a> ? Une question fondamentale, vu la chute vertigineuse et constante des arrivées en provenance du Pays du Sourire depuis 2017. Celle-ci a en effet reculé de 8,1 % en 2017 et de 17,3 % au cours du premier trimestre de 2018 comparativement à la même période l&rsquo;an dernier. Une tendance que l&rsquo;on peine à freiner. Jocelyn Kwok, CEO de l&rsquo;Association des hôteliers et restaurateurs de l&rsquo;île Maurice (AHRIM), expliquait, dans notre dossier du supplément économie du 21 mars, les circonstances dans lesquelles les touristes chinois ont choisi d&rsquo;aller voir ailleurs. Parmi : une faible connectivité aérienne &laquo;<em>portant sur des questions de masse critique et rentabilité&raquo;</em> ou encore l&rsquo;épisode China Southern, le passage éclair d&rsquo;AirAsia X. Résultat des courses : nous sommes passés de 21 000 à 90 000 touristes chinois entre 2012 à 2015, avant de retomber à 73 000 en 2017.</p>

<p><strong>Échanges commerciaux </strong></p>

<p>Importations de Chine : Rs 29,7 milliards Les plus grosses valeurs d&rsquo;importation : Téléphones cellulaires, ordinateurs, coton et produits en aluminium, entre autres.</p>

<p>Exportations vers la Chine : Rs 390,9 millions Les plus grosses valeurs d&rsquo;exportation : la farine, les fruits de mer, l&rsquo;habillement, entre autres</p>

<p>Source: Statistics Mauritius, Detailed Trade Data, Domestic Exports2017, Total Imports 2017</p>