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Kadress Pillay: «Inacceptable que 25 000 familles vivent dans l’extrême pauvreté»

14 avril 2018, 16:01

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Kadress Pillay: «Inacceptable que 25 000 familles vivent dans l’extrême pauvreté»

Ses 75 printemps passés n’ont pas ralenti l’ancien ministre Kadress Pillay. Son énergie débordante fait qu’il est toujours partant pour mettre la main à la pâte et aider là où il faut.

L’ancien ministre Kadress Pillay est devenu grand-père gâteau depuis qu’il a quitté la présidence de la National Empowerment Foundation (NEF), en octobre 2014. Mais cela ne veut pas dire que l’ancien responsable public a délaissé ses compatriotes dans le besoin. Il trouve insupportables les conditions de vie de nombre de Mauriciens qui vivent, dit-il, «dans un environnement déshumanisant».

Kadress Pillay martèle : «Il y a 150 poches de pauvreté à Maurice. C’est inacceptable que 25 000 familles vivent dans l’extrême pauvreté.» Il cite des quartiers dans la périphérie de la capitale ou en région rurale. L’ex-président de la NEF insiste pour que nous précisions que, selon lui, 65 % de cette population indigente sont créoles.

«Vous savez, il est possible d’éradiquer l’extrême pauvreté. Mais il faut savoir s’y prendre», confie l’ancien économiste comptable. Il explique qu’il faut surtout se pencher sur quatre problématiques : le travail, le logement, la santé et l’éducation. «Si l’on permet à un chef de famille d’avoir un travail et un logement décent, il saisira les facilités éducatives offertes à ses enfants pour leur assurer une ascension sociale», indique le retraité, qui demeure enthousiaste sur les questions sociales.

Kadress Pillay ne peut se départir de ses réflexes d’auditeur professionnel. «Depuis l’introduction du principe de la Corporate Social Responsibility par Rama Sithanen, il y a presque 10 ans, on a recueilli au moins Rs 10 milliards. Et pourtant, l’extrême pauvreté subsiste.» Mais n’était-ce là pas son rôle en tant que président de la NEF? Il répond que «c’est un job d’exécutant, la politique est définie par le ministre et ses proches collaborateurs».

Aller à l’école à pied

Pourtant, l’ancien ministre porte un intérêt personnel aux enjeux sociaux. «C’est mon histoire personnelle. L’autre jour, l’ex-président Cassam Uteem et moi-même sommes allés à l’École du Centre. Les enfants ont été surpris d’apprendre que nous marchions plusieurs kilomètres pour aller à l’école. Moi, je faisais, chaque jour, le trajet Vallée-des-Prêtres– Port-Louis et le retour à pied.»

C’est, par ailleurs, la volonté d’œuvrer pour l’amélioration des conditions sociales des plus démunis qui pousse Kadress Pillay à se jeter dans l’arène politique. «Après le 60-0 de 1982, j’étais plein d’espoir pour le pays, mais la cassure de 1983 m’a déçu.» Et c’est par réaction que celui qui a été le premier Mauricien directeur de l’Audit, succédant au Britannique John Stratfull, démissionne pour se porter candidat aux législatives sous la bannière du Mouvement socialiste militant (MSM) naissant.

Élu à Moka–Quartier-Militaire, il sera ministre de l’Industrie et des coopératives jusqu’à sa démission en 1986, après l’épisode Amsterdam Boys. Des députés de la majorité parlementaire avaient été arrêtés à l’aéroport de Schiphol à Amsterdam, aux Pays-Bas, en possession de 25 kilos d’héroïne.

Par la suite, il connaît une traversée du désert avant de revenir dans l’arène politique en 1995. Il se fait élire sous la bannière de l’alliance Parti travailliste (PTr) – Mouvement militant mauricien (MMM) dans la circonscription no 18 (Belle-Rose–Quatre-Bornes) et est nommé ministre de la Santé. En 1997, Kadress Pillay est muté à l’Éducation, après le départ du MMM du gouvernement. À nouveau candidat du PTr au no 18 en 2010 à Quatre-Bornes, il est battu. C’est alors qu’il est propulsé à la tête de la NEF jusqu’en 2014.

Son parcours

Années 60 – Clerk dans la fonction publique et étudie l’économie par correspondance
1969 – Parmi les premiers étudiants en économie à l’université de Maurice
1970 – Bourse d’études en Angleterre
1973 – Rentre au pays et intègre le bureau de l’Audit
1978 – Premier mauricien directeur de l’Audit
1983 – Candidat du MSM à Moka–Quartier-Militaire
1983-1986 – Ministre de l’Industrie
1896 – Démissionne du gouvernement
1995 – Élu du PTr à Belle-Rose– Quatre-Bornes
1995 -1997 – Ministre de la Santé
1997-1999 – Ministre de l’Éducation
2010 – Candidat battu du PTr à Belle-Rose–Quatre-Bornes.
2012 -2014 – Président de la NEF