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Affaire Rosun: «Les athlètes pas affectés par ce qui s’est passé», dit Karen Foo Kune

11 avril 2018, 17:33

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Affaire Rosun: «Les athlètes pas affectés par ce qui s’est passé», dit Karen Foo Kune

Comment est l’ambiance à Gold Coast, en Australie, en ce moment?

L’ambiance est formidable. L’entente est hyper bonne entre les athlètes. Tout se passe bien, les athlètes se sentent à l’aise dans la compétition. On a commencé la compétition du bon pied, avec des records nationaux brisés.

Suivant les allégations portées par Jessika Rosun contre Kaysee Teeroovengadum, les athlètes ont-ils toujours le moral?

Les athlètes eux-mêmes, hormis Jessica bien sûr, ne sont pas affectés par ce qui s’est passé. Ils sont très professionnels, ils savent très bien où est leur priorité.

L’heure est vraiment à la compétition. La préparation pour les épreuves, leur performance, pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes. Ce n’est pas pour rien qu’on a déjà de très bons résultats. Cela démontre que les athlètes ont dépassé cette affaire, même si, oui, on en est conscient. Cela n’affecte en rien leurs agissements en tant que sportifs, ils continuent de se préparer et de concourir comme en temps normal.

Y a-t-il donc un manque de solidarité?  

Au contraire, les athlètes sont hyper soudés. J’ai un pied des deux côtés, et chez les athlètes et dans le comité olympique avec les dirigeants. Donc, je peux vous dire que s’il y a bien une tension, c’est surtout du côté des dirigeants. C’est un peu normal, parce qu’il y a un police case.

De toute façon, on est venu ici pour la compétition, pour les athlètes, on s’assure que tout se déroule normalement. En même temps, c’est vrai que tout le monde suit ce qui se passe, on est conscient qu’il y a un problème. On sait que la police australienne enquête et que l’image de Maurice a quand même pris un coup.

«Les athlètes ont dépassé cette affaire, même si, oui, on en est conscient. Cela n’affecte en rien leurs agissements en tant que sportifs.»

Pensez-vous que Jessika Rosun aurait dû attendre de rentrer au pays pour faire appel à la police ?

Je ne suis pas juriste, mais si j’ai bien compris, parce que l’incident s’est passé en Australie, le choix de Jessika était assez restreint. Elle voulait «voice out», cela ne pouvait se faire qu’auprès des autorités australiennes étant donné qu’on est sur leur territoire.

Des cas comme celui dénoncé par Jessika Rosun sont-ils courants dans le monde du sport?

À l’international oui, mais à Maurice, il n’y a pas eu beaucoup de cas rapportés. À mon avis, si cela arrive, soit les athlètes ont peur de parler par peur des conséquences, soit cela reste dans un cercle très fermé.

«Souvent, s’il y a abus de n’importe quel genre, les athlètes hésitent à ‘voice out’ ou d’aller de l’avant car ils craignent les répercussions possibles sur leur carrière.»

Quelles sont les plus grosses difficultés auxquelles font face les athlètes?

Personnellement, dans mon cas, lorsque j’étais athlète, c’était surtout l’ingérence politique. Je pense que c’est cela surtout qui met un frein au progrès du sport.

Y a-t-il eu ingérence politique dans le cas de Jessika Rosun et Kaysee Teeroovengadum?

Non, quand je parle d’ingérence politique, c’est dans mon cas ou dans plusieurs cas avant. Dans ce cas précis, je pense que c’est très personnel, il y a eu des allégations contre une personne. Je pense que rien d’extérieur n’a affecté la prise de décision au niveau des sportifs.

S’agit-il, dans ce cas, d’un jeu de pouvoir entre un dirigeant et une athlète qui est sous sa responsabilité?

Je ne pense pas qu’il y a un jeu de pouvoir dans ce cas précisément. Comme tout le monde, j’ai entendu ce qui s’est passé. Je pense que c’est quelque chose entre deux personnes, un incident personnel et non pas un jeu de pouvoir à l’oeuvre entre dirigeant et athlète.

Les entraîneurs, dirigeants des fédérations et institutions ont, quelque part, un pouvoir sur les athlètes. Ils prennent les décisions, que ce soit concernant la sélection des équipes, les participations aux compétitions locales et internationales, comment le budget est réparti ou lorsqu’il s’agit de prendre des sanctions contre les indisciplinés. Ils ont aussi pour mission de s’assurer du bien-être des athlètes, qu’ils puissent évoluer dans les meilleures conditions, d’être bienveillants et encourageants. Chaque entité doit connaître son rôle et ses limites pour qu’il n’y ait pas d’abus de pouvoir.

«Souvent, s’il y a abus de n’importe quel genre, les athlètes hésitent à ‘voice out’ ou d’aller de l’avant car ils craignent les répercussions possibles sur leur carrière.»

Des athlètes ont aussi allégué avoir été menacés de déportation… Cela arrive-t-il souvent?

Mais en fait... Bon, moi je ne sais pas, car ce sont des on-dit. Il est vrai que tout le monde, indistinctement, même le président du comité olympique, doit signer un Code of Conduct. Il y a une façon de se comporter du moment qu’on est dans les Jeux. Peut-être faisaient-ils référence à cela... Je ne sais pas ce qui s’est passé précisément.

Mais les menaces genre existent bien?

Je ne pourrai le dire car chaque fédération est différente. Certaines ont plus de problèmes que d’autres. Il ne faut pas faire l’amalgame avec le cas de JessiKa Rosun et Kaysee Teeroovengadum.

La presse a fait écho d’autres athlètes qui auraient été témoins de ce qui s’est passé entre Jessika Rosun et Kaysee Teeroovengadum. Expliquant qu’ils hésiteraient à se manifester par peur de représailles. Est-ce une crainte légitime ?

Bon, j’ai été athlète et même là je vois… Ce n’est pas comme si… il n’y a pas de menace. Tout va bien chez les athlètes, ils sont à l’aise dans la compétition. Personne ne se sent sous une menace quelconque.

Maintenant, par rapport à Jessica ou les témoins potentiels, je n’ai aucune idée. Je vous dis en général ce que je vois chez les athlètes. Ce qui se passe individuellement behind the scenes, je n’en sais rien. Souvent, s’il y a abus de n’importe quel genre, les athlètes hésitent à «voice out» ou d’aller de l’avant car ils craignent les répercussions possibles sur leur carrière.

Il faut du courage pour aller de l’avant et rapporter un cas de sexual harassment/abuse. Concernant Jessika Rosun, c’est aux autorités australiennes de décider quand et comment gérer cette affaire.