Publicité

«Maurice peut devenir un leader global en cybersécurité», soutient Mathew Jacobson

20 mars 2018, 01:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

«Maurice peut devenir un leader global en cybersécurité», soutient Mathew Jacobson

La disparité entre la formation et l’employabilité est un débat récurrent. Les programmes universitaires peuvent-ils y remédier ou creusent-ils davantage le fossé ?

Le mismatch est un phénomène universel qui n’affecte pas seulement Maurice. La recherche démontre qu’aux États-Unis, le gros marché d’éducation au monde, les établissements ne préparent pas suffisamment les étudiants pour l’intégration en milieu professionnel. Bon nombre d’entre eux peuvent se retrouver endettés de centaines de milliers de dollars et sans emploi.

Le retour sur investissement et l’employabilité préoccupent également la Grande-Bretagne. Déjà, à l’université, pour concevoir un programme, cela peut prendre deux ans. Pour l’approuver : une année de plus. Et encore trois ans pour l’opérer.

Au final, les étudiants adhèrent à une formation vieille de six ans alors que le marché, lui, change en six mois. Ce qu’ils apprennent en cours n’est pas pertinent à l’industrie.

Du coup, les défis sont colossaux pour les universités. Si leur agenda de recherche est crucial, rien n’est fait pour l’employabilité des diplômés.

Les établissements sont obnubilés par de multiples priorités et intérêts de compétition. La réalité est que nous évoluons dans un marché où les universités peuvent difficilement livrer les compétences d’employabilité.

D’où vient cette difficulté ?

Pendant longtemps, on s’est concentré sur le fait de finir l’école, entrer à l’université et trouver un job dans le gouvernement. Ce temps est révolu. Il faut inverser cette perception traditionnelle et créer plus d’engagement dans les diverses filières peu valorisées. Il faut donc transformer tout potentiel en opportunité.

Regardez les nouvelles filières que nous lançons actuellement en collaboration avec l’université de Maurice : les médias sociaux et l’entrepreneurship. Désormais, les adolescents surpassent les professionnels dans la manipulation de ces outils informatiques plus rapidement. C’est comme une seconde nature. Il y a des perspectives professionnelles considérables à saisir dans ce créneau.

Quant à l’entrepreneurship, il faut miser sur un programme plus appliqué et pratique pour la création d’opportunités. Ces domaines caractérisent des avenues excitantes pour Maurice pour la région et notamment pour l’Afrique. J’ai passé beaucoup de temps à Maurice. Je me demande si le monde connaît tout son potentiel. L’île peut y développer une vaste opportunité d’expertise.

Le manque de compétences pour les métiers techniques en ingénierie, océanie économique, infrastructures pour le Metro Express est décrié. Si bien que ces ressources humaines sont externalisées. N’est-il pas temps de les développer localement ?

C’est complexe. Avec un petit pays comme Maurice qui ambitionne de devenir un education hub, il est vital de choisir les domaines où l’île peut devenir un leader mondial et consolider ses capacités.

Recruter une expertise étrangère peut aider quand celle-ci n’est pas disponible localement. Ce n’est pas négatif. Il y a plusieurs accords, partenariats, lancements de programmes, etc., qui se développent entre les pays et universités.

Quelles filières prioriser pour Maurice ?

Prenez la filière de la cybersécurité, que nous allons bientôt lancer à Maurice. C’est un domaine porteur qui évolue très rapidement et qui comporte d’autres spécialisations comme les policies, la gestion, les risques, etc.

Il faut penser en termes de services en cybersécurité. Là, Maurice peut devenir un leader global. Nous voulons également qu’un centre de recherche en cybersécurité soit institué.

Parallèlement, on observe un réel engouement pour l’électrique dans les projets infrastructurels. C’est une voie en expansion avec plusieurs opportunités parallèles en ingénierie, plomberie, menuiserie etc.

Mais le problème, c’est que ce n’est pas assez valorisé. Il y a cette perception que pour réussir, il faut un diplôme universitaire en finances, droit etc. Les étudiants et les parents doivent prendre conscience que d’autres possibilités et filières sont possibles.

Comment les programmes universitaires vont-ils évoluer, selon vous ?

Le modèle sera un mélange de paper-based et de services en ligne. Il y aura plus d’engagement vers l’interaction avec de petits workshops, des tutoriels, entre autres. Cela viendra répondre aux besoins des futures générations.