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Sheila Bappoo: «L’éducation au respect de la femme commence dès l’enfance»

17 mars 2018, 15:32

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Sheila Bappoo: «L’éducation au respect de la femme commence dès l’enfance»

Elle revendique plus de quatre décennies d’expérience dans la lutte pour les droits des femmes. Aujourd’hui, Sheila Bappoo est résolue à laisser à la place à d’autres, mais répond présente quand elle est sollicitée.

«J’ai eu 45 années de politique active et pendant 22 ans j’ai été ministre. Il faut savoir faire de la place pour la relève.» Sheila Bappoo assure qu’elle n’a pas l’intention de briguer à nouveau les suffrages lors d’une élection. Aujourd’hui, elle se tient en retrait de la scène politique et consacre son temps à ses petits-enfants.

Durant ses années d’activités publiques, la politicienne s’est vue confier plusieurs portefeuilles ministériels : Égalité du genre, Sécurité sociale, Travail et relations industrielles. C’est pourquoi elle reste toujours consciente de l’évolution de la situation dans ces secteurs.

Si le besoin se fait sentir, Sheila Bappoo n’hésite pas à apporter un éclairage sur un sujet ou un soutien à un ami. En décembre 2017, l’ancienne parlementaire rouge est descendue sur le terrain pour donner un coup de main à Arvin Boolell, un ancien collègue ministre, candidat à l’élection partielle de Belle-Rose– Quatre-Bornes. «On a beau être en retrait, mais quand l’appel du terrain se fait sentir, c’est difficile de résister. Ce n’est toutefois pas un retour à la politique active», assure-t-elle, également pour expliquer sa présence au congrès du Parti travailliste (PTr), le dimanche 25 février.

La Journée internationale de la femme a été célébrée le 8 mars. Comment la militante féministe depuis plus de 40 ans voit-elle la situation des Mauriciennes ? «La condition féminine a connu une évolution positive, mais il y a encore à faire», déclare-t-elle.

Carrière ministérielle

Les gouvernements successifs ont tous oeuvré pour améliorer la condition féminine, des législations ont été introduites, explique l’ancienne ministre. Mais cela ne suffit pas. «Le respect de la femme est une question de mentalité.» La violence et la discrimination à l’encontre des femmes doivent être combattues par la sensibilisation, estime Sheila Bappoo. «L’éducation au respect de la femme doit commencer dès la petite enfance.»

Forte de son expérience, l’ancienne ministre affirme que cette mission ne peut pas être exclusivement dévolue à l’État. Il faut mobiliser toutes les ressources. Les organisations non gouvernementales doivent être mises à contribution. «Donnons-leur de l’espace pour améliorer la condition féminine», conseille-t-elle.

Sheila Bappoo parle en connaissance de cause. Depuis 1972, elle a été une activiste de la cause féminine. Sensible aux épreuves que subissent les femmes, la jeune enseignante sympathise avec les épouses et les mères des détenus politiques. «C’est alors que je fais la connaissance de la mère de Paul Bérenger, Sybille et Brigitte Masson, Vidula Nababsing et d’autres militantes», raconte-t-elle.

Après la libération des militants, fin 1972, les sympathisantes se retrouvent chez Dev Virahsawmy. Le combat politique s’intensifie. Sheila Bappoo, Shirin Aumeeruddy- Cziffra et Vidula Nababsing sont en première ligne pour défendre la cause des femmes. Les trois sont candidates du Mouvement militant mauricien (MMM) aux élections de 1976, mais il manque 30 voix à Sheila Bappoo pour se faire élire au no18, Belle-Rose-Quatre-Bornes.

Elle se rattrapera aux élections municipales de 1977 et deviendra adjointe au maire de Beau-Bassin–Rose-Hill. Toutefois, trois ans plus tard, elle quitte le MMM et se tient en retrait de la politique. La militante reprendra du service en 1983 quand sir Anerood Jugnauth, qui vient de fonder le Mouvement socialiste militant (MSM), la sollicite. C’est alors le début d’une carrière ministérielle qui durera jusqu’en 1995 avec le MSM.

En 1996, Sheila Bappoo quitte le parti pour former le Rassemblement pour la réforme (RPR) aux côtés de Rama Sithanen et Alain Laridon, entre autres. Deux ans plus tard, le RPR fusionne avec le PTr. Avec la victoire des rouges aux élections de 2005, elle reprend son parcours ministériel qui durera jusqu’à décembre 2014. À ce moment-là, elle décide de laisser la place à la relève.