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Face à la Fifa, la grande espérance des amoureux du football en Irak

15 mars 2018, 17:29

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Face à la Fifa, la grande espérance des amoureux du football en Irak

Tous les regards des amoureux et responsables du football irakien seront tournés vendredi vers Bogota, où le conseil de la Fifa doit décider du sort du pays, interdit depuis les années 1990 d’accueillir des matches officiels.

Depuis des années, l’Irak construit des stades et multiplie les appels du pied aux vedettes et instances dirigeantes du football pour tenter de revenir dans le jeu.

Mais, au milieu de l’optimisme de rigueur affiché par tous, certaines voix soufflent que la décision pourrait ne pas être à la hauteur des espérances irakiennes ou être de nouveau reportée.

Car les matches des anciennes légendes du ballon rond ou les soutiens répétés de personnalités arabes du football mondial pourraient ne pas suffire face à la Fédération internationale (Fifa), qui fait de la sécurité sa préoccupation première.

Ses enquêteurs évaluent de façon indépendante la situation de chaque pays où des matches internationaux sont tenus.

 'Vainqueur de l’EI' 

Guerres à répétition, embargo puis invasion sous le régime de Saddam Hussein, violences confessionnelles et attaques jihadistes par la suite: la situation sécuritaire de l’Irak ces dernières décennies les avait poussés à interdire toute rencontre officielle dans le pays, forçant l’équipe nationale et les clubs irakiens à s’exiler.

En 2012, la Fifa avait bien levé sa sanction. Mais dès le premier match international organisé --Irak-Jordanie à Erbil, au Kurdistan--, une coupure d’électricité l’avait forcée à rétro-pédaler.

Finalement, l’instance suprême du football mondial a consenti l’année dernière à autoriser, «sous réserve que la situation reste stable», des matches amicaux, dans trois stades seulement: Erbil, Bassora et Kerbala.

A partir du 21 mars, l’Irak accueillera ainsi le Qatar et la Syrie pour un tournoi amical à Bassora.

L’Irak réclame régulièrement que la situation soit réévaluée. Il est parvenu à faire réinscrire la question à l’ordre du jour du Conseil de la Fifa... en avant-dernier point.

Pour certains, cela pourrait signifier que la question sera renvoyée à l’examen du Congrès de la Fifa, prévu en juin en Russie. «Si cela arrivait, ce serait évidemment un signal négatif», reconnaît le responsable média du ministère de la Jeunesse et des Sports, Ali al-Atouani.

Son ministère et la Fédération irakienne ont récemment mobilisé un poids lourd régional, l’Arabie saoudite, qui a accepté de venir jouer à Bassora (sud) en amical. Le patron de la Confédération asiatique (AFC), cheikh Salman ben Ibrahim Al-Khalifa, avait même fait le déplacement, contrairement au président de la Fifa, Gianni Infantino, malgré l’invitation lancée par l’hôte irakien.

Le Bahreïni, saluant un «succès», a de nouveau plaidé pour le retour des matches officiels en Irak, où les rassemblements sportifs et de supporteurs ont été ensanglantés par des attentats ces dernières années.

Pour Bagdad, qui s’est déclaré en décembre «vainqueur» du groupe Etat islamique (EI), une validation des enquêteurs de la Fifa serait précieuse. D’autant que les violences ont de fait sensiblement faibli dans le pays, même si la menace jihadiste demeure.

Argument de campagne 

Parmi les commentateurs du football irakien, beaucoup prévoient un nouvel allègement plutôt qu’une levée de l’interdiction. Une solution en demi-teinte qui mettrait le pays à l’épreuve, mais également ses différentes instances sportives et leurs dirigeants -politiques compris-, qui tentent de faire du football un argument de campagne à l’approche des législatives du 12 mai.

Au titre de ce nouvel allègement, et en guise de preuve de bonne volonté, la Fifa pourrait autoriser les équipes irakiennes à jouer à domicile des matches du seul championnat d’Asie.

Récemment, la Confédération asiatique avait tenté de passer outre l’interdiction en autorisant deux clubs irakiens à jouer à domicile des matches de la Coupe de l’AFC, une compétition ouverte aux équipes des pays jugés «en développement» par l’instance.

Elle avait toutefois dû les reporter, après avoir été officiellement rappelée à l’ordre par la Fifa.

Si l’instance internationale consentait à autoriser de telles rencontres, cela «ne constituerait pas une levée de l’interdiction», prévient toutefois le journaliste sportif Hussein Salmane, évoquant une mesure sans réelle «valeur».

Mais peu importe la décision prise à Bogota, se rassure-t-il, car «pour les Irakiens, l’interdiction de la Fifa a déjà disparu».

«Elle s’est envolée avec le match contre l’Arabie saoudite» du 28 février, quand 60.000 supporteurs déchaînés ont assisté au succès des leurs 4 à 1. Sans demi-mesure.