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Rapport du NPCC: la société patriarcale bloque la promotion de la femme dans la vie économique

7 mars 2018, 14:31

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Rapport du NPCC: la société patriarcale bloque la promotion de la femme dans la vie économique

Le rapport du National Pay & Productivity Council (NPCC), réalisé en 2017 et rendu public la semaine dernière, est catégorique : la recherche de l’égalité des sexes pour le positionnement de la gent féminine dans le monde du travail reste un défi complexe. Et ce, alors même que l’objectif affiché est d’augmenter la participation féminine dans l’activité économique du pays, en la hissant de 43,3 % de la population active actuellement à 50 % d’ici 2030.

Vaste chantier du NPCC qui a déjà balisé le terrain avec les résultats d’une étude dont les conclusions ont fait l’objet de plusieurs séances de travail réunissant stakeholders publics et privés, chercheurs de l’université de Maurice, militants de l’égalité des sexes et observateurs de la société civile. Ils ont débattu sur une nouvelle feuille de route pour changer graduellement les normes sociales et économiques et faire sauter les verrous des préjugés tenaces ancrés dans l’esprit de certaines personnes. Pour éventuellement permettre une plus grande participation de femmes à jouer pleinement leur rôle public et économique.

Feuille de route

Or, dans le rapport «Promoting Female Participation in the Economy», les chiffres parlent d’eux-mêmes. S’appuyant sur les statistiques de 2015, la femme, note le rapport, travaille six heures moins que l’homme dans le secteur formel et que celles qui sont économiquement actives représentaient 47 % de la population féminine de plus de 16 ans comparativement à 75 % pour les hommes pour la même période.

L’écart des sexes est plus prononcé au niveau de salaires. En 2015, les hommes au nombre de 47 300 percevaient des salaires mensuels de Rs 20 001 à Rs 30 000 tandis que seulement 22 200 femmes étaient éligibles à une telle fourchette salariale. Il y a dix ans, soit en 2005, 16 000 hommes et 4 600 femmes disposaient d’une telle rémunération. Pour des salaires mensuels supérieurs à Rs 30 000, l’écart suit la même tendance. Les hommes étaient toujours plus nombreux (54 600) à obtenir de tels salaires par rapport à 24 000 pour les femmes.

Une telle disparité saute nécessairement aux yeux et explique dans bien de cas la faible participation féminine à l’activité économique du pays. Dev Appalswamy, directeur des services corporate et des opérations du NPCC, insiste qu’une telle situation est susceptible d’entraîner une baisse de productivité tout en agissant comme un frein à la croissance inclusive et soutenable de l’économie. Chose qu’on peut ignorer, souligne-t-il dans le rapport, alors que Maurice se positionne à faire partie de la ligue des pays à revenus élevés.

Baisse de productivité

Et quid des barrières qui freinent l’entrée de femmes dans la vie économique du pays ? La posture d’une société au demeurant encore patriarcale, avec des normes culturelles et une croyance stéréotypée sur la place de la femme et de l’homme dans la société, est loin d’ouvrir la porte aux femmes pour s’intégrer à l’économie.

«L’homme a toujours été mis en avant. Ce n’est que dans les années 79-81 que les lois ont changé pour que la femme ne soit plus considérée comme mineure mais comme épouse à part entière et qu’elle puisse ensuite percevoir son propre salaire sans devoir le donner à son mari. Nous voyons déjà qu’à la base, les hommes ont toujours été mis en avant dans le domaine éducatif et professionnel contrairement aux femmes», analyse Margaret Pan Sin, entrepreneure et ex-présidente de l’Association mauricienne des femmes chefs d’entreprises (AMCFE). Voir l’interview plus loin.

Certes, la politique de recrutements et de promotions y est pour quelque chose dans le peu d’intérêt affiché par les femmes et n’encourage pas de surcroît une amélioration de l’image, du brand et des profits des compagnies. Idem pour l’absence de certaines infrastructures dans des lieux du travail, dont des garderies, qui s’ajoute aux contraintes identifiées dans le cadre de cette enquête sociale.

Le rapport cite par ailleurs un condensé de conclusions qui éclairent l’état d’esprit de femmes face au monde du travail. On relèvera ainsi que 58 % des personnes sondées trouvent que les femmes pèchent par un manque de confiance et éprouvent des difficultés à se tenir sur leurs pieds. Comme les 59 % de la gent féminine qui ne souhaitent pas chercher du travail vu que leurs maris sont bien rémunérés.

En revanche, cette enquête montre clairement que les femmes sont attirées vers le secteur informel et ont une préférence pour les services. De quoi alimenter les réflexions des décideurs économiques et agir en conséquence… pour réduire les inégalités entre sexes.