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Jardins thérapeutiques & communautaires: quand les organisations exploitent le plein air !

6 mars 2018, 09:56

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Jardins thérapeutiques & communautaires: quand les organisations exploitent le plein air !

Qu’il s’agisse d’un travail sur soi en profondeur passant par le biais de programmes thérapeutiques bien structurés, ou de lieux de passage pour démarrer un projet de vie, le travail de la terre est une activité bien investie par des organisations non gouvernementales pour le bien-être de leurs bénéficiaires… Les bienfaits directs et indirects, thérapeutiques ou non, sont multiples et savamment exploités !

OpenMind ou la thérapie par l’horticulture

Certains enfants débordant d’une énergie qui ne demande qu’à être mieux canalisée, piochent et arrachent les mauvaises herbes. D’autres, habiles et endurants, participent aux s en silence, concentrés, histoire de vivre pleinement la liberté ressentie en plein-air. Extravertis ou en introspection, des enfants, adolescents et adultes atteints de différentes psychopathologies et suivis par l’association OpenMind passent, chacun sous leurs programmes individuels respectifs, par le jardin thérapeutique de l’association à Verdun…

Basés là depuis 2010, les ateliers de jardinage bio, supervisés et éco-certifiés par l’organisation Forena, sont des outils importants du travail thérapeutique d’OpenMind. Sous l’oeil avisé de deux professionnels en psychologie, Laurent Baucheron et Astrid Koenig, les participants de ce programme d’hortithérapie, y cherchent et trouvent des réponses à bon nombre de leurs besoins. Pour Astrid Koenig, psychologue sociale et environnementale, le pouvoir de la nature et de l’environnement dans des programmes thérapeutiques pensés pour les personnes sujettes à des troubles psychologiques est indéniable : «La personne en détresse psychologique est enfermée dans tous les sens, et ce sentiment d’enfermement commence à l’intérieur d’elle-même. »

Rien de tel donc que des rencontres et thérapies qui se passent dehors ! D’ailleurs, OpenMind a récemment aménagé un grand prélart au coeur de ce jardin thérapeutique. Car ici, l’hortithérapie s’intègre dans un projet plus large que constitue l’écothérapie – la thérapie par la nature et l’environnement. «La nature a un effet apaisant et relaxant et favorise l’apprentissage des émotions», explique Astrid Koenig.

Horloge biologique interne

Pour Laurent Baucheron, psychologue clinicien et thérapeute référent pour l’hortithérapie à OpenMind, on parle là d’une «thérapie physique et psychique par la nature». L’hortithérapie, indique-t-il, permet d’accompagner différentes pathologies – dépression, hyperactivité des enfants, anorexie, tendances agressives, traumatismes ou carences émotionnelles… en réactivant des fonctions sensorielles. «Après avoir adopté des rythmes de vie effrénés, qui ignoraient les saisons et les cycles de la nature, nous redevenons sensibles à des préoccupations environnementales et, en toute logique, nous redécouvrons notre horloge biologique interne, ainsi que nos racines. »

Il y a aussi tout l’aspect symbolique des activités liées à l’horticulture : l’idée de donner la vie, d’être les témoins privilégiés de la pousse des plantes et ainsi les voir évoluer, le symbolisme que revêt le fait de prendre soin de quelque chose, l’idée de récolter ensuite ce que l’on sème… «Pour des enfants qui rencontrent ou ont rencontré des épreuves avec des blessures profondes, le fait de donner la vie puis d’en prendre soin vient panser leurs propres blessures. C’est le pouvoir de résilience offert par l’hortithérapie.» Plus concrètement, les bienfaits de l’horticulture en lien avec des personnes en détresse psychologique résident dans l’idée de dépense physique dans un environnement sain sans stress ou énergie négative, en construisant ou reconstruisant à l’intérieur de personnes fragilisées une solide base de confiance en soi, de gratification et de satisfaction personnelle.

Le programme sur un sentier fleuri

La valorisation des participants passe aussi par l’idée de rentabiliser les récoltes. Ainsi, les légumes bio récoltés jusqu’ici – carottes, poireaux, margozes, tomates, etc… – sont vendus aux cercles proches de l’association, bien que l’objectif de vente ne soit pas la priorité du programme.

Mais le mauvais temps et les grosses pluies qui perdurent depuis le début de l’année ont poussé les animateurs du programme à repenser les activités. Le plan B : passer de la culture de légumes à la culture de fleurs, moins fragiles face aux intempéries. Il ne s’agit pas d’abandonner la culture de légumes mais de centrer la majorité des activités sur les fleurs. Et ce nouvel axe permet de brasser beaucoup plus large sur le plan thérapeutique !

En effet, les participants sont impliqués dès le début dans la restructuration du jardin, dans un projet bien ficelé où ils tiennent un peu le rôle de paysagistes en herbe, explique Laurent Baucheron. Parmi les premières étapes, ils travailleront sous le programme d’art-thérapie d’OpenMind, autre axe important de l’association, à la réalisation d’une maquette visant à dresser un plan visuel du jardin.

«D’un point de vue thérapeutique, cela leur permettra de travailler sur la visualisation spatiale et la mémorisation, tout en travaillant sur leur motricité fine», souligne Astrid Koenig. «D’une manière plus globale, cela aidera à créer un sentiment d’appartenance au jardin – question identitaire importante –, dans l’objectif que le lieu devienne leur espace et que le projet devienne leur projet. Le tout en renforçant chez eux la notion du travail en équipe car il s’agira d’un projet co-créé par tous. »

Il y a aussi, ajoutent les deux psychologues, la notion d’embellissement liée à la culture de fleurs, et l’association aux couleurs «qui comportent aussi un certain bienfait psychique.» La beauté et la fragilité de la plante peut leur rappeler leur propres forces et faiblesses, souligne Astrid Koenig. «Ce nouveau jardin thérapeutique fleuri pourra également être un espace de détente et de relaxation dans un cadre réalisé à cet effet. »

Contact : 433 0361

Jardin communautaire de Lakaz Lespwar Solitude

Du lundi au samedi dès 7h30, Landa Collin et Irenza Milazare (photo) sont déjà prêtes à accueillir le petit groupe de personnes inscrites au programme de jardin communautaire de Lakaz Lespwar Solitude, projet de développement intégral et intégré des familles de Solitude et des régions avoisinantes, géré par Caritas Ile Maurice. Il n’y a pas si longtemps, elles aussi faisaient partie des bénéficiaires du programme de jardin communautaire. Aujourd’hui, ce sont elles qui gèrent le programme.

Commencé en 2011, ce programme qui dure six à sept mois a vu passer autour de 200 personnes depuis ses débuts, et s’inspire de celui de la ferme communautaire O’Connor à Curepipe (voir hors-texte), autre projet de Caritas, explique Christiane Pasnin, Coordinatrice de Lakaz Lespwar Solitude.

Au-delà de l’aspect du jardinage, le programme comprend un suivi de la personne dans différents aspects de sa vie – écoute, counselling, aide à la communication, groupe de paroles, alphabétisation, compréhension de l’importance du travail d’équipe, accompagnement pour dresser et réaliser un projet d’avenir, accompagnement pour les aider à trouver un logement décent, notamment en les encourageant à ouvrir un plan épargne et logement, et aide à la gestion d’un budget…

D’ailleurs, les personnes engagées sur le jardin communautaire reçoivent une allocation quotidienne pour travailler le jardin, histoire de les autonomiser et de renforcer leurs capacités non seulement d’un point de vue matériel, mais aussi en termes de connaissance de soi et de développement personnel.

«Le passage de ces personnes dans le jardin communautaire est surtout une façon de les remettre debout en leur donnant l’accompagnement adéquat pour qu’elles aient la motivation de se relancer dans la vie active, notamment en cherchant de l’emploi», expliquent Landa et Irenza.

Les dames (et depuis quelques temps, un jeune adolescent de 17 ans qui a rejoint l’équipe) travaillent dans le jardin de 7h30 à 9h jusqu’à l’heure de la pause, essentielle dans le programme pour permettre un temps d’échange et de partage entre les différents participants. Là, des liens se créent, des coeurs s’épanchent. Les infos qui remontent renforcent le suivi psychologique ensuite rapporté lors des sessions de counselling qui ont lieu le samedi.

Les légumes issus du jardin sont bio et les animateurs du centre reçoivent régulièrement les conseils d’agronomes. Ils sont mis en vente dans les cercles proches de l’association. Là également, pas de production de masse, juste pour atteindre les objectifs du programme.

Contact : 261 6277.

Un projet en différentes étapes

Selon l’association OpenMind :

«Durant toute l’année 2017, les bénéficiaires du centre ont été régulièrement impliqués dans les activités liées à l’horticulture thérapeutique et aux divers travaux nécessaires aux soins du jardin. La création de ce nouveau jardin thérapeutique est un travail de coopération et de cohésion du groupe, autant pour les bénéficiaires enfants qu’adultes. Les différentes étapes du projet :

  • Redécouverte du jardin - marche et redécouverte des différentes plantations
     
  • Réflexion sur le nouveau jardin thérapeutique -objectifs, souhaits
     
  • Carte mentale du site OpenMind - plan du jardin réalisé individuellement, et mettant en avant les points et endroits stratégiques ou importants pour le déplacement personnel, les plantations, associations émotionnelles.
     
  • Création d’une maquette - appel à la représentation spatiale, motricité fine.
     
  • Sortie écothérapie : visite d’une pépinière, choix et achat de fleurs - liée à l’atelier «Life Skills» pour une autonomisation des bénéficiaires, notamment sur la gestion d’un budget.
     
  • Hortithérapie : plantation de fleurs et de fraises, s’occuper de la plante et suivre toutes les étapes du cycle de la vie.»
     

La ferme communautaire O’Connor…

<p>Lancée en 2008, la ferme communautaire O&rsquo;Connor à Curepipe, est l&rsquo;un des projets phares de Caritas Ste Hélène.</p>

<p>Lieu utilisé pour la formation en agriculture et en élevage, et pour le développement personnel d&rsquo;un petit groupe de femmes des hautes Plaines Wilhems, cette ferme fait partie d&rsquo;un projet qui comprend le &laquo;Life Skills Management Program&raquo; afin d&rsquo;offrir une approche globale dans la prise en charge des personnes suivies. La formation agricole est donnée avec la collaboration du Food and Agricultural Research and Extension Institute. La ferme sert de mise en pratique de la théorie, apprise pendant un an. Elle produit des légumes et des oeufs à travers un programme de poules pondeuses.</p>

<p>Contact Caritas Ste Hélène : 670 3953</p>