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Le Morne: le terrible périple des esclaves marrons

2 février 2018, 23:00

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Le Morne: le terrible périple des esclaves marrons

Nous connaissons tous l’histoire du Morne Brabant. Nous savons que des esclaves en quête de liberté se sont jetés du haut de cette majestueuse montagne. Et hier, c’est dans le village du Sud portant le nom de la montagne que des célébrations ont été organisées pour commémorer le 183e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

Mais vous est-il déjà arrivé d’imaginer ce qu’a dû endurer un esclave pour qu’il décide de mettre fin à sa vie ? Depuis qu’un parcours a été inauguré au Morne, il est possible, avec beaucoup d’imagination, de marcher sur les pas des esclaves et, ainsi, de comprendre, quelque peu, leur souffrance. Du long des sentiers serpentins se dégage une atmosphère des plus étranges : l’on sent qu’en ces lieux, il s’est passé des choses horribles. Comme si le magnifique décor de la montagne cachait une terrible histoire. Comme si toute cette beauté finirait par dévoiler cette autre face, celle dont on aimerait pouvoir détourner le regard, celle de la souffrance des gens pourchassés et assoiffés de liberté. 

Les arbres et les broussailles à perte de vue. C’est ce qui s’offre aux grimpeurs au début du parcours. Il faudra persévérer longtemps avant de voir les premiers spectacles à couper le souffle. Dans ses recoins, la montagne de la résistance, propose des vues époustouflantes. Mais le chemin est encore long jusqu’au sommet. Et seuls les plus forts, les plus courageux et les plus déterminés y parviendront. 

Une fois les trois quarts de la montagne atteints, l’on peut reprendre son souffle sur les petits bancs qui sont mis à la disposition des randonneurs. Les esclaves, eux, s’étaient probablement ressourcés sur des rochers, si évidemment, ils avaient eu le luxe de le faire.

La dernière partie de la montagne est, elle, moins verdoyante. Elle est rocailleuse. Elle est en pente. De quoi décourager ceux qui n’étaient pas convaincus de vouloir se donner la mort. Mais, selon les mythes, qui se transmettent de génération en génération dans la localité, cette montagne a aussi été témoin d’un suicide collectif. Il s’agirait d’un groupe d’esclaves ayant sauté dans le vide pour échapper aux mains des colons. 
Long et douloureux combat 

L’on revient alors sur cette traversée jusqu’au sommet, où se trouve la grande croix. L’on arpente cet amas de pierres, parfois assis, parfois à quatre pattes mais l’on progresse. On hurle et on s’entraide. Sans doute un peu comme les esclaves aussi. Le ciel semble se rapprocher et cette immense montagne commence enfin à disparaître. La vue sur le lagon est splendide. 

Toutefois, si l’on s’arrête quelques instants, l’on imagine que les esclaves ont dû y arriver en larmes. Certains ont agonisé, d’autres ont peut-être ressenti un soulagement. Mais il faudra encore une dose de courage. Ce n’est pas fini. «Il ne faut pas oublier ces colons qui arriveront d’une minute à l’autre pour nous capturer. Nous allons hurler ou laisser couler des larmes en silence, mais il faut sauter. Donnons-nous la main et ce sera moins douloureux», a possiblement dit un esclave à un autre juste avant de se rendre libre.

Et tout ceci nous rappellera que notre liberté, aujourd’hui, est le fruit d’un long et douloureux combat. Celui de la résistance choisit par nos ancêtres, les esclaves.