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Pravind Jugnauth, Premier ministre: «Je n’ai pas besoin de me comparer à qui que ce soit»

25 janvier 2018, 20:37

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Pravind Jugnauth, Premier ministre: «Je n’ai pas besoin de me comparer à qui que ce soit»

Dans un entretien exclusif à Business Magazine, le chef du gouvernement se dévoile. Il aborde sa première année à la tête du pays et répond à ses adversaires sur son accession au poste de Premier ministre. Pravind Jugnauth maintient qu’il n’y aura pas d’élections générales avant deux ans.

BUSINESSMAG. Nous avons connu sir Anerood Jugnauth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger comme chef de gouvernement. Y a-t-il un style Pravind Jugnauth ?

Je pars du principe que chaque individu a sa personnalité et, de ce fait, je n’ai pas besoin de me comparer à qui que ce soit. Je suis Pravind Jugnauth et je tiens à ce que l’on me considère pour qui je suis. En tout cas, puisque vous me le demandez, je conçois mon style comme étant une combinaison de simplicité, d’humilité et de conviction. Je suis quelqu’un de très terre à terre mais de déterminé, qui a des valeurs et des principes qui le motivent. C’est justement ce qui me pousse à toujours donner le meilleur de moi-même pour le bien-être de tous. L’important pour moi, ce n’est pas de perdre mon temps en vaines comparaisons, mais de me concentrer sur mes objectifs. Mon gouvernement et moi-même avons une mission à remplir et nous entendons la mener à bien. Mon souhait, c’est de transformer le pays afin d’améliorer le bien-être de nos compatriotes et rendre la nation mauricienne encore plus forte et encore plus moderne. J’ai confiance en nos capacités et je suis convaincu qu’ensemble, nous parviendrons à réaliser cette vision collective d’une île Maurice prospère, moderne et juste et au sein de laquelle chaque citoyen sera fier d’être Mauricien tout en bénéficiant des fruits de la réussite de son pays.

BUSINESSMAG. Comment qualifierez-vous cette première année à la tête du pays ?

D’abord, laissez-moi vous dire que je suis extrêmement heureux et honoré de pouvoir servir mon pays en tant que Premier ministre. Je m’attelle à cette tâche, somme toute exaltante, avec beaucoup d’enthousiasme, d’engagement et de rigueur.

Cette première année aura été particulièrement riche en termes d’initiatives nouvelles et d’actions fortes pour apporter un nouveau souffle à notre pays. Et là, je dois saluer le dévouement de mon gouvernement, des députés, des fonctionnaires et de mes proches collaborateurs qui ont travaillé d’arrache-pied pour pouvoir concrétiser les différentes mesures que nous avons mises en place cette année.

Sur le plan économique, les indicateurs démontrent que nous avons aujourd’hui une économie bien plus robuste. Le taux de croissance économique est sur la pente ascendante, l’investissement est en hausse à nouveau et le chômage chute.

Dopé par une augmentation au niveau de la consommation, le marché domestique est en expansion. Le niveau des investissements étrangers est à son plus haut et nos entrepreneurs reprennent confiance et investissent massivement dans de grands projets d’infrastructures, de nouvelles villes intelligentes et la modernisation de leurs équipements.

Le nombre de touristes est toujours en hausse et le SEMDEX est plus florissant que jamais. Bref, il est clair, n’en déplaise à certains passéistes, que le pays décolle de nouveau.

Tout en mettant l’accent sur la revigoration de l’économie, nous avons démontré dans les faits notre volonté de façonner les contours d’une société plus juste et plus équitable en introduisant deux mesures historiques que sont le salaire minimum national et la Negative Income Tax. Je peux vous assurer que «travail la pé faire !»

BUSINESSMAG. Mais si l’on se fie aux engagements pris dans le manifeste électoral de 2014, il y a encore du chemin à parcourir ?

C’est tout à fait normal qu’à mi-mandat, il nous reste encore des choses à faire. À ce que je sache, nous avons été élus pour un mandat de cinq ans et il nous reste encore deux ans que nous entendons utiliser pleinement pour réaliser tous nos projets. Cela dit, beaucoup a déjà été fait.

Je l’ai dit dans mon message du nouvel An : notre pays sera un grand chantier cette année. Bon nombre de projets infrastructurels majeurs ont été mis en chantier au cours du dernier trimestre 2017 et ils connaîtront une accélération au cours de 2018. Nous avons le métro, la nouvelle Cour suprême, l’hôpital ENT, l’agrandissement de l’aéroport, des travaux dans le port, le Road Decongestion Programme avec l’autopont de Phoenix, le pont entre Coromandel et Sorèze, parmi tant d’autres. Mais il y a aussi d’autres projets à travers toute l’île telle la réfection des routes, des ponts et des drains. Il y a plus de 378 projets de drains en cours d’exécution à travers le pays.

De plus, en tant que Premier ministre, je veux un développement durable et inclusif pour mon pays. C’est ce qui explique qu’une politique de logement pour tous est un élément prioritaire à mes yeux.

Il en est de même pour des projets de construction de nouveaux drains, la diversification des sources énergétiques, l’installation de nouveaux tuyaux pour que l’eau soit accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à travers tout le pays et aussi l’investissement pour améliorer la qualité de l’Internet.

En 2014, nous avions pris des engagements afin de répondre aux attentes de la population qui voulait à sa tête des gens capables de leur offrir les moyens d’améliorer leur qualité de vie et de réduire le fossé entre riches et pauvres.

Je tiens à vous rappeler que le coefficient de Gini avait augmenté de manière dramatique entre 2006 et 2014, indiquant clairement une hausse vertigineuse des inégalités dans le pays sur la période 2006 à 2014. Cela était la résultante d’une politique économique libérale extrême sans vision et sans pitié pour les vulnérables.

À notre accession au pouvoir, nous avons pris des mesures urgentes pour pallier cela, notamment à travers l’augmentation de presque 50 % de la pension de vieillesse dès le début du mandat à Rs 5 000, l’introduction du salaire minimum national et la Negative Income Tax. Ces mesures ont et auront un impact considérable sur la vie des Mauriciens et favoriseront une reprise encore plus forte de notre économie.

BUSINESSMAG. Quels sont les principaux obstacles à la réalisation des promesses faites à la population ?

Il y aura toujours des obstacles. Mais, en tant que Premier ministre, je peux vous garantir, que nous allons travailler encore plus dur au cours des deux prochaines années pour aller encore plus loin.

BUSINESSMAG. Dans votre message à la nation, vous avez annoncé que la croissance touchera la barre des 4 % en 2018. Quels sont les secteurs qui porteront l’activité économique cette année ?

Nous ne pouvons occulter quelque secteur que ce soit. L’économie mauricienne est intégrée et chaque secteur a son importance à travers son apport à la croissance totale du pays. Il faut comprendre qu’il y a aussi d’autres secteurs qui ont des répercussions sur toute l’économie. Je pense là au secteur de la construction, au transport, au tourisme et aux services financiers.

Pour ma part, je m’attends à ce que l’impulsion positive engendrée par l’accélération des investissements dans les capitaux productifs en 2016 et 2017 propulsera l’économie en avant et générera davantage d’emplois. Vous conviendrez que c’est une situation qu’on n’a pas connue depuis assez longtemps.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il des nouveaux piliers économiques ?

La notion schumpetérienne de création destructrice est un fait et nous devons miser sur l’innovation comme moteur de croissance dans tous les secteurs de l’économie. C’est pour cela que j’ai dans le dernier budget réformé notre fiscalité avec des mesures pour développer de nouveaux pôles de croissance et qui vont permettre à moyen et long termes de renforcer et de diversifier notre production. Je vais vous en citer deux.

En premier, les nouvelles entreprises engagées dans la fabrication de produits pharmaceutiques, d’équipements médicaux et de produits high-tech bénéficieront d’une exonération d’impôt sur le revenu pendant huit ans.

En second, l’Innovation Box Regime. Les nouvelles entreprises qui s’adonnent à des activités innovantes prédéfinies bénéficieront d’une exonération d’impôt sur le revenu pendant huit ans.

BUSINESSMAG. Plusieurs écoles de pensée s’affrontent sur l’introduction de l’impôt négatif et du salaire minimum. Expliquez-nous votre motivation ?

En tant qu’être humain, je trouve inacceptable ce fossé entre les plus aisés et les plus pauvres avec des compatriotes vivant sans le strict minimum. En tant que ministre des Finances, je m’aligne sur l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui démontre l’impact négatif de la hausse des inégalités des revenus sur la croissance économique.

Et en tant que Premier ministre, j’ai le devoir de prendre des décisions qui puissent assurer une certaine sécurité financière aux couches les moins fortunées de la société, soit plus d’une centaine de milliers de nos compatriotes qui vivent dans des conditions difficiles. Nous sommes en 2018 et nous voulons devenir un pays moderne et une économie à revenu élevé. Pour atteindre ces objectifs, nous devons tous faire des efforts. Et le consensus entre patronat et syndicats autour du salaire minimum vient démontrer que le pays est prêt pour une transformation réelle, durable et inclusive.

Depuis des décennies, on parle de salaire minimum, plusieurs gouvernements qui se sont succédé n’ont pu toutefois trouver une solution à l’écart grandissant entre riches et pauvres, qui n’est pas qu’un phénomène mauricien mais surtout mondial. Le gouvernement n’hésitera pas à trouver des solutions nouvelles pour alléger le sort de nos concitoyens les plus vulnérables. Nous avons agi en tant que caring government et gouvernement responsable. Ces mesures devraient à terme réduire le niveau des inégalités et ainsi renforcer la croissance réelle.

BUSINESSMAG. Cette démarche n’a-t-elle pas également une portée politique ?

On ne peut faire de la politique sur le sort des citoyens les plus vulnérables. Tout gouvernement responsable a le devoir tant moral que politique de mettre en place des mesures de soutien aux nécessiteux. On a vu que le coefficient de Gini de Maurice démontrait un écart grandissant entre riches et pauvres depuis plusieurs années. Je le redis : en tant que caring government, on devait prendre cette décision. L’histoire retiendra que c’est ce gouvernement qui a eu le courage politique de mettre en place le salaire minimum national et la Negative Income Tax.

Mes vingt ans de carrière politique m’ont appris que faire de la politique, c’est avant tout d’avoir à coeur le vrai bonheur des citoyens et de se doter des moyens qui permettent de faire avancer le pays dans l’intérêt de tous. C’est la seule chose qui compte à mes yeux. Et moi, je sais que le pays ne sera vraiment moderne que si chacun peut y vivre décemment.

BUSINESSMAG. Certains analystes y voient aussi un moyen pour essayer d’amorcer une relance par la consommation. Vous confirmez ?

La consommation est intégrante à la demande et elle est déterminante à toute économie. La pensée économique est dynamique et notre structure économique évolue. Il y a une unanimité entre de nombreuses institutions internationales pour recourir aux mesures conjoncturelles pour redynamiser la demande et relancer l’économie tout en procédant à la mise en œuvre de certaines réformes structurelles crédibles et adaptées aux besoins du pays. C’est ce que j’ai fait.

BUSINESSMAG. Avec les élections générales dans moins de deux ans, des craintes se sont exprimées sur une possible tentation à vouloir privilégier les mesures populistes au détriment des vrais enjeux. Sont-elles justifiées ?

Je tiens à être très clair sur ce point : il n’y aura pas d’élections générales avant deux ans, n’en déplaise à ceux qui passent leur temps à faire du wishful thinking. Si certains veulent spéculer quant à des élections avant la fin de notre mandat, je ne peux les empêcher de le faire.

BUSINESSMAG. Vous avez évoqué des mesures conjoncturelles, mais quelles sont les réformes structurelles qui sont envisagées par le gouvernement pour ouvrir de nouvelles opportunités de croissance?

Notre programme est clair. Nous sommes en train d’agir sur plusieurs leviers, dont l’éducation et la formation, le marché du travail, la fiscalité, la facilitation des affaires, l’impulsion à l’innovation, la modernisation de l’infrastructure et les PME, pour soutenir la dynamique de notre économie.

Nous sommes sur la bonne voie et les résultats sont visibles, notamment en matière de compétitivité et de confiance.

BUSINESSMAG. Vous avez procédé à un changement à la tête de la Banque de Maurice. Pourquoi ?

La prérogative de ces changements à la Banque de Maurice est celle de mon gouvernement. Tout en remerciant Ramesh Basant Roi pour son travail, nous avions une décision à prendre et nous l’avons prise. Le nouveau Gouverneur a une longue expérience de la Banque centrale et il a gravi les échelons au sein de l’institution. Je suis certain que lui et ses adjoints seront aptes à relever les défis. Ces nominations vont dans le sens de la méritocratie.

BUSINESSMAG. Dans son dernier Article IV, le FMI a fait état de ses appréhensions au sujet de l’inflation. Partagez-vous ses inquiétudes ?

La croissance, l’inflation, la politique monétaire, le taux de change et la balance des paiements font partie des critères sur lesquels le FMI se base pour porter un jugement. Notre économie est ouverte sur le monde et cela offre des opportunités, mais suscite aussi des risques. Ce qui me réconforte, c’est que nous avons une administration solide et compétente en matière de développement.

Notre rôle est de faire le meilleur choix pour dégager une politique économique qui aidera la population dans son ensemble. Nous voulons plus de création de valeur économique. Voilà l’objectif de mon gouvernement.

BUSINESSMAG. Quelles sont vos attentes par rapport à l’Economic Development Board ?

La mise en place de l’EDB est le signe de l’avènement d’un développement économique plus structurée. On a étudié plusieurs modèles, et celui de l’EDB s’insère dans le cadre de notre objectif de faire de Maurice un pays à revenu élevé. Nous y avons mis des gens compétents et avons établi une structure appropriée. Laissons l’EDB travailler et on fera le bilan en temps et lieu.

BUSINESSMAG. Dans le passé, vous avez évoqué la fusion de la Banque centrale et de la Financial Services Commission. Est-ce une option envisageable ?

Mon objectif, c’est de créer un environnement propice au développement des services financiers. Cela implique aussi l’élimination des carences et des facteurs d’inefficience qui peuvent exister. Pour réussir, nous devons avoir des institutions solides, et c’est justement ce à quoi je m’attelle. C’est d’ailleurs dans ce sens que le Premier Gouverneur adjoint de la Banque de Maurice a été nommé à la tête du conseil d’administration de la FSC. Cela permettra une coopération plus forte et plus cohérente entre ces deux institutions.

BUSINESSMAG. Vous portez la double casquette de chef de gouvernement et de ministre des Finances. Comment conciliez-vous ces deux responsabilités ?

Je suis fier de dire que j’ai réussi à créer une symbiose entre le PMO et les Finances. Je suis aussi épaulé par des équipes compétentes qui travaillent chaque jour dans le seul intérêt de la nation. Je veille aussi à ce que les projets avancent vite et surtout que le processus de prise de décision soit plus rapide. Porter deux chapeaux tout en restant lucide, être à l’écoute de mes interlocuteurs et suivre de près chaque dossier, tant au niveau du PMO qu’aux Finances, voilà ce qui me fait avancer.

BUSINESSMAG. Ouvrons un volet politique. Le terme rupture a été souvent utilisé dans vos discours suivant votre accession au poste de Premier ministre. De quelle rupture parlez-vous exactement ?

Pour moi, la notion de rupture touche surtout à la façon de gérer. C’est surtout mon approche à être plus efficace, à travailler encore plus et à motiver les membres de mon gouvernement pour en faire de même en vue d’atteindre nos objectifs. Chaque Premier ministre a sa personnalité et j’ai la mienne. Je perçois mon rôle comme un devoir et mon travail comme une opportunité de servir mon pays. Et je me dois de rester humble dans l’accomplissement de cette mission d’aider notre pays à faire face aux défis qui le guettent.

BUSINESSMAG. Vous avez annoncé un nettoyage, mais certains semblent ne pas avoir tiré des leçons de la défaite de l’ancien régime. Est-ce si difficile de mettre en pratique les règles de bonne gouvernance ?

Le changement est inévitable et il doit être accepté de tous. Comme je l’ai souligné, c’est une question de mindset et, si nous voulons réussir, il est vital que chaque membre de mon gouvernement tout comme chaque citoyen adopte la bonne attitude. Le travail a déjà commencé et, croyez-moi, les résultats seront visibles et bénéfiques pour tout le monde.

BUSINESSMAG. Vos adversaires vous accusent d’avoir pris la voie de la facilité pour accéder au poste de Premier ministre. Avec recul, regrettez-vous d’avoir pris le flambeau de sir Anerood ?

Je dois vous remercier de me poser cette question car cela me donne l’occasion de faire le point sur cela vis-à-vis de la population. Je tiens à souligner que je suis extrêmement fier d’avoir l’occasion de diriger mon pays. C’est une opportunité à laquelle chaque patriote, chaque Mauricien doit pouvoir aspirer.

Cependant, j’ai les pieds bien sur terre et je ne perds pas de vue que c’est toute une série d’événements qui ont fait que sir Anerood, en raison de problèmes de santé, a pris la décision de laisser la place à celui qui se trouvait à la tête du plus grand parti au sein de ce gouvernement.

Qu’il n’y ait pas de malentendu: je suis à la tête d’un gouvernement démocratiquement élu. De plus, il est absurde de dire qu’on avait deviné que sir Anerood quitterait son poste de Premier ministre. En tout cas, mes adversaires politiques en font tout un plat et je crois que c’est surtout eux que cela perturbe. D’ailleurs, je tiens le flambeau du leadership de ce gouvernement d’une main ferme. Je ne vacillerai pas.

BUSINESSMAG. Des observateurs politiques estiment que cette passation de pouvoir non sanctionnée par les urnes pourrait avoir des répercussions sur votre carrière. Votre avis ?

Je reste mesuré en toute circonstance et encore plus lorsqu’il est question du futur. Je m’occupe d’effectuer mon travail en toute sérénité, car ma mission, c’est d’assurer l’avenir de la nation et le bien-être de la population. J’ai la conscience tranquille car je travaille pour mes concitoyens.

BUSINESSMAG. Quelle est votre lecture de la victoire d’Arvin Boolell à la partielle de Belle Rose / Quatre-Bornes ?

C’était une élection partielle et donc il n’est pas important de spéculer sur les intentions de votes aux prochaines élections où il y aura trois candidats élus par circonscription. Les résultats de cette élection partielle n’auront aucune incidence sur l’action gouvernementale. Le gouvernement est engagé à mettre en œuvre son programme et nous savons exactement ce qu’il faut faire. Si cela rend certains heureux de s’adonner à des extrapolations, tant mieux pour eux.

BUSINESSMAG. Cette élection a redistribué les cartes sur la scène politique. Comment voyez-vous l’avenir du MSM à l’approche des élections générales ?

Cette élection a effectivement redistribué les cartes mais pour l’Opposition. Elle est minée aujourd’hui par encore plus de divisions et de complexité. Mais bon, laissons l’Opposition faire ce qu’elle fait de mieux, c’est-à-dire se perdre dans ses prétentions et ses divisions. En tout cas, en ce qui nous concerne au niveau du gouvernement, ce n’est certainement pas de perdre notre temps dans des peccadilles politiques mais surtout de nous atteler à la mise en place des réformes nécessaires, d’œuvrer à la transformation de notre modèle économique et de moderniser notre pays. Oui, les élections générales sont dans deux ans, mais entretemps, nous avons beaucoup de projets et le mot d’ordre, c’est de nous consacrer à notre travail.

Dans deux ans, beaucoup de choses peuvent changer et elles changeront certainement. Nous sommes dans une démocratie et c’est le droit de chacun d’avoir un point de vue. Qui a raison ou pas ? On en reparlera au plus près des élections. Pour ma part, je le redis: maintenant c’est l’heure du travail et du travail dans la sérénité.

BUSINESSMAG. Cette fameuse lutte à trois qu’on évoque à chaque fois que l’occasion se présente. Y pensez-vous également ?

Trois ? Vous allez offenser certains avec ce chiffre.

BUSINESSMAG. Concrètement, quels sont les chantiers qui monopoliseront l’attention de Pravind Jugnauth cette année ?

Je n’ai rien à cacher. Nous avons jusqu’en décembre 2019 et il y a plein de projets que j’entends mener à bien. Il s’agit prioritairement, pour mon gouvernement et moi, de l’exécution des grands chantiers comme le Métro Express qui sera un véritable game changer pour Maurice. Il y a aussi l’accent sur la promotion de la bonne gouvernance. Mais le dossier qui compte le plus à mes yeux est celui des développements à venir au niveau du social et de l’économie. Je veux offrir à tous les Mauriciens un pays fort et moderne et une société juste et inclusive. Et je compte bien y arriver.