Publicité

Les Alfred-docker de père en fils: «mo papa inn touy so lékor pou lépor»

28 novembre 2017, 23:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Les Alfred-docker de père en fils: «mo papa inn touy so lékor pou lépor»

Son désir le plus fou: se faire embaucher comme docker, – désormais general worker –, au sein de la Cargo Handling Corporation Limited (CHCL). Ce métier, ils le font de père en fils dans sa famille. La trentaine au compteur, Robert Alfred est de ceux qui se battent depuis de longues années afin d’être embauchés dans le port. Son père, Marc Alfred, ainsi que son grand-père étaient de ces hommes forts d’antan qui s’occupaient du chargement et déchargement des navires.

Robert ne mâche pas ses mots. Il lâche d’emblée que ce sont ses ancêtres et ceux de ses amis de circonstance qui ont contribué à faire du port ce qu’il est aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la rue, à Port-Louis, que nous l’avons rencontré, alors qu’il participait à une marche pacifique pour dénoncer une «injustice sociale» aux côtés des autres membres du groupe Zanfan Roche-Bois. Dans sa tête, les questions fusent : comment se fait-il que ni lui, ni ses trois frères, n’ont pu marcher sur les traces de leur père et, avant lui, leur grand-père. Pourtant, souligne-t-il, leur domicile n’est qu’à quelques pas seulement du port.

«Lontan, kan ti bizin saryé bal 100 kg lor latet, dimounn Roche-Bois ti bon. Azordi, zot dir nou bizin éna sertifika pou fer mem zafer ki nou papa ti fer. Li ti éna sertifika li ? Parey pou bann lézot. Kouraz nou fami ti bon, azordi zot refiz donn nou travay parski pé pey bien aster. Nou pa sipozé profit sa dévlopmanla nou é nou pé dimann zis travay !» lance Robert Alfred, révolté.

La gorge nouée par l’émotion, il raconte comment plusieurs habitants de Roche-Bois ont perdu la vie en travaillant dans les Docks. «Ou koné komié nou fami inn mor krazé deryer Saland (Aconier). Azordi, zot fami pé bizin sipliyé pou gagn travay.» Son père, lui, est décédé des suites d’un cancer de la colonne vertébrale, en 2000. «Ses os s’étaient entassés les uns sur les autres», poursuit Robert. D’ajouter que ce dernier a trop couru en faisant le va-et-vient sur des madriers au sol avec «enn bal 100 kilo» sur la tête et s’est éreinté afin d’offrir le meilleur à ses fils. Des enfants qui luttent aujourd’hui pour suivre ses pas…