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Drogue: de la «méthabave» en vente libre à Rs 200

27 novembre 2017, 23:30

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Drogue: de la «méthabave» en vente libre à Rs 200

Les habitants de Rose-Hill sont inquiets. Pour cause, un trafic de «méthabave» (méthadone recrachée) aurait pris de l’ampleur dans les environs du marché de la localité depuis quelque temps. Le liquide de couleur grenat, considéré comme une solution palliative à la toxicomanie, trouverait preneur sur le marché noir et serait revendu à Rs 200 le gobelet (contenant entre quatre et cinq doses).

6 h 30, dimanche 26 novembre. La cour du poste de police de Rose-Hill est bondée. Plusieurs personnes font la queue pour recevoir leur dose de méthadone.

Des groupes se forment une fois la distribution terminée. Nous décidons de suivre l’un d’entre eux. Direction : le marché de la localité. Là-bas, loin des regards, c’est dans un gobelet en plastique que les toxicomanes recrachent le liquide qu’ils auraient dû avaler.

Steeve, 19 ans, un toxicomane qui suit le traitement à la méthadone, nous raconte comment se déroule ce trafic. «Mo met koton dan mo labous. Apré kan mo fini pran mo doz métadon mo pers li dan goblé. Enn goblé kapav vann sa Rs 200 parla. Nou kontak-la met tou dan enn boutey lerla al révann sa dan sité.»

Distribution de méthadone mal contrôlée

Un chauffeur de taxi, basé à Rose-Hill, confie que les habitants sont impuissants. «Si lapolis pa pé trouv nanyé, nou ti dimounn nou pa kapav fer kitsoz. Nu bizin gété ek ress trankil.»

Il précise d’ailleurs que l’exercice de distribution de la méthadone serait mal contrôlé à Rose-Hill. «Les toxicomanes sont censés prendre leur dose en présence des policiers et jeter la fiole ou le gobelet dans une poubelle. Mais cela ne se passe généralement pas de cette façon.»

Contactée, une source officielle du ministère de la Santé affirme être au courant de cette situation. «La police doit prendre l’affaire en main. Et si les maldonnes impliquent nos officiers, nous agirons en conséquence.»

L’inspecteur Shiva Coothen, porte-parole de la police, explique pour sa part que des officiers sont postés pour assurer la sécurité du personnel du ministère de la Santé. «La police n’est en aucun cas habilitée à s’assurer que les toxicomanes avalent leur dose.» Il lance cependant un appel à témoins pour dénoncer ces actes sur le 148.

Revoir le programme de réhabilitation

<p>Hier matin, dimanche 26 novembre,<a href="https://www.lexpress.mu/article/321561/combat-contre-drogue-jeunes-pailles-sensibilises" target="_blank"> le Mouvement pour le progrès de Pailles a tenu une marche et une séance de sensibilisation pour les jeunes contre les méfaits de la drogue</a>. L&rsquo;un des invités était le chef de file du Parti travailliste (PTr) au Parlement, Shakeel Mohamed.&nbsp;</p>

<p><em>&laquo;Il faut revoir le programme de réhabilitation des toxicomanes. Nous devons nous inspirer des méthodes qui sont mises en pratique actuellement à Genève, en Suisse. Il existe des centres où les toxicomanes peuvent se faire interner et obtenir de la drogue. Mais cela est effectué sous le contrôle des officiers de la santé et des policiers. Ceux qui n&rsquo;y sont pas risquent des sanctions&raquo;</em>, affirme Shakeel Mohamed. Selon lui, la coordination entre les ministères et la police doit être revue pour mieux aider les toxicomanes.</p>