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La Catalogne retrouve le calme et se concentre sur ses élections

26 novembre 2017, 21:29

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La Catalogne retrouve le calme et se concentre sur ses élections

Le climat est à l’apaisement en Catalogne, du moins momentanément, un mois après la mise sous tutelle par le gouvernement central de cette région où les partis se préparent pour des élections en décembre marquées par un changement de tactique des indépendantistes.

Le 27 octobre, le Parlement catalan a lancé un défi sans précédent à l’Etat espagnol en déclarant l’indépendance, une décision immédiatement suivie de la suspension de facto de l’autonomie régionale et de la destitution de l’exécutif séparatiste de Carles Puigdemont.

«Ce furent des journées difficiles, de profonde inquiétude pour tous, d’angoisse (...) mais heureusement, elles commencent à être derrière nous», a déclaré le chef du gouvernement central Mariano Rajoy jeudi.

Contre toute attente, les séparatistes qui assuraient urbi et orbi qu’ils étaient prêts pour l’indépendance n’ont opposé aucune résistance. Les chefs de file indépendantistes ont rapidement admis que la déclaration de sécession était «politique» et sans effet.

Carles Puigdemont et quatre «ministres» régionaux destitués sont partis pour Bruxelles, où il sont désormais visés par un mandat d’arrêt.

La mobilisation se concentre sur la défense des huit autres ministres renvoyés, incarcérés comme deux dirigeants d’associations indépendantistes dans le cadre d’enquêtes pour rébellion et/ou sédition, des «prisonniers politiques» pour les leurs.

Les fonctionnaires régionaux, gérés en direct par des secrétaires d’Etat dépêchés par Madrid, suivent les ordres.

A l’agitation d’octobre ont succédé des manifestations plus parsemées et moins nombreuses, même si le noyau dur d’électeurs indépendantistes, près de 46% selon un sondage paru dimanche dans le quotidien El Pais, reste convaincu.

Et le rythme des déménagements de sièges sociaux hors de Catalogne, déjà 2.700 entreprises, s’est ralenti.

«Tout marche exactement comme il y a deux mois : la vie dans la rue, les commerces, le travail, etc.», assure Joan Botella, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Barcelone. Le seul «impact» tangible de ces semaines d’agitation qui ont inquiété toute l’Europe, c’est qu’il y a des élections régionales convoquées par Madrid en décembre, ajoute-t-il.

Changement de tactique

Les sondages prévoient un résultat semblable à celui des précédentes élections, en septembre 2015, où le bloc indépendantiste, formé de trois partis, est au coude-à-coude en nombre de voix avec les partis non séparatistes.

Cette année-là, par le jeu de la pondération des suffrages au profit des régions les plus rurales, les séparatistes avaient cependant obtenu une majorité au Parlement régional qui leur a permis de gouverner. Un basculement reste donc possible, si les électeurs partisans d’un maintien en Espagne se mobilisent.

Les deux grands partis indépendantistes, le PDeCAT conservateur de Carles Puigdemont et la gauche républicaine de Catalogne (ERC), ne présentent plus un front uni, faisant campagne séparément.

Et dans leurs programmes, l’indépendance unilatérale se fait plus discrète, un changement de tactique qu’ils expliquent par la crainte de «violences», provoquées par la répression de Madrid.

«Je veux parler et je dois parler avec le chef du gouvernement (Mariano Rajoy), de manière bilatérale», a déclaré M. Puigdemont à la radio allemande Deutschlandfunk, une proposition à laquelle les autorités centrales ont opposé une fin de non-recevoir, s’agissant d’un homme désormais inculpé de «rébellion», et «en fuite», en Belgique.

Il souffle encore cependant le chaud et le froid, maintenant l’ambiguïté.

Samedi, il a ainsi estimé, en présentant sa liste «Ensemble pour la Catalogne», qu’il appartenait aux Catalans de «ratifier» leur «volonté d’indépendance» aux élections du 21 décembre.

Pendant deux ans, les indépendantistes s’étaient pourtant dits prêts à la rupture. Mais ils n’ont obtenu le soutien public d’aucun pays et les structures qui étaient censées mettre en marche la «république» de Catalogne n’ont pas été activées.

«Nous avons été installés pendant deux ans dans le mensonge», dénonce Eva Granados, le numéro deux du Parti socialiste catalan, évoquant «un «mirage», qui a entraîné la fuite de nombreuses entreprises, une instabilité politique et une incertitude économique qui sera difficile à dissiper.

Son parti, qui aimerait diriger le prochain gouvernement, fait campagne en insistant sur le nécessaire dialogue au sein d’une société fracturée et sur une révision constitutionnelle qui permettrait à l’Espagne de devenir un Etat fédéral où la Catalogne aurait sa place.

La principale force d’opposition aux séparatistes, le parti Ciudadanos (centre droite), fait pour sa part campagne en faveur d’une «nouvelle étape de réconciliation et d’union», en Catalogne, qui pourrait aussi impliquer les socialistes. Elle promet en outre, comme le Parti populaire de M. Rajoy, de rendre à cette région sa grandeur mise à mal selon elle par la vision étriquée des séparatistes.