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Letchis: entre Rs 300 et Rs 600 le kilo

25 novembre 2017, 23:00

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Letchis: entre Rs 300 et Rs 600 le kilo

Sur la route de Beaux-Songes, l’étal de Vikash Arjoon est connu pour ses fruits. En 14 ans, ce marchand a eu le temps de se forger une réputation. Pendant trois mois, chaque année, il donne rendez-vous à ses fidèles clients au même endroit. «Nous ne sommes présents que de novembre à janvier sur ce spot», lâche-t-il. Sa spécialité : les fruits d’été. Mais cette année, il devra miser davantage sur les mangues et les melons d’eau car les letchis se font rares.

Pourtant, Vikash Arjoon avance que la floraison était bonne mais qu’au fil des jours, «les fleurs sont tombées». Pour le marchand, ce sont les chauves-souris qui sont à blâmer. «À cause d’elles, la récolte risque de ne pas être fructueuse cette année, avec 40-50 % de letchis seulement» sur la capacité habituelle de production. Il soutient qu’il a tout essayé afin de chasser les chauves-souris des différents vergers qu’il gère. «On a placé des filets, sans résultat. On a alors utilisé des lumières qu’on a placées dans les arbres. Cela n’a rien donné non plus.»


 

Face à ce problème, il n’a eu d’autres choix que de revoir à la hausse le prix de vente. Ainsi, le kilo se vend entre Rs 300 et Rs 600. Un prix élevé mais qui trouve tout de même des acheteurs. «Ce sont surtout les touristes qui en prennent le plus. Quant aux Mauriciens, ils pensent toujours qu’ils pourront s’en offrir pour une roupie la pièce.»

Toutefois, il annonce une bonne nouvelle. «On attend encore la récolte de certains vergers, dont les letchis ne sont pas encore prêts. Nous pourrons donc baisser le prix dès la nouvelle récolte et vendre le kilo à Rs 300.» Selon Vikash Arjoon, la production sera meilleure en 2018. «Les arbres ne sont productifs que chaque deux ans. L’année prochaine, on s’attend donc à une bonne moisson.»

On quitte la région de l’Ouest pour mettre le cap sur le Nord de l’île. Le business des letchis est avant tout une affaire de famille, explique Poonam Veeraputun. Elle accueille ses clients avec le sourire aux lèvres, à Arsenal. «Ma soeur travaille à quelques mètres de moi, alors que mon frère se trouve, lui, du côté des Mariannes.» Forte de ses 19 ans d’expérience dans ce métier, elle reconnaît que cette année est parmi les pires pour la récolte de letchis.

Poonam Veeraputun sait que certains vont bouder son stand, qui se trouve en bordure de route. «Cette année, la récolte n’est pas bonne. Un seul des 27 vergers a rapporté. Et même là, seulement cinq arbres de ce verger ont rapporté quelques letchis», déplore-t-elle.

Son constat est le même que ces homologues de l’Ouest. «La pluie s’est fait discrète. Et les chauves-souris nous ont fait des misères.» Poonam Veeraputun pense que les arbres ont aussi leur coup de mou. «Ils ont le droit d’être fatigués. Ils sont un peu comme nous. Peut-être que nous aurons une meilleure moisson plus tard», espère-t-elle, en croisant les doigts. Selon elle, les chauves-souris sont devenues rusées. «Elles font des trous dans les filets et mangent les fruits. Il y a aussi les cateaux verts qui causent beaucoup de dégâts.»

Néanmoins, malgré le prix qui varie entre Rs 200 et Rs 350 le kilo à l’étal de Poonam Veeraputun, les acheteurs sont toujours présents. «Les gens savent que nous faisons face à un problème cette année. Et ils achètent les fruits sans rechigner.» Avec le soutien de son fils qui l’accompagne, Poonam Veeraputun continue à garder le sourire.

Le fils de Poonam Veeraputun n’a pu en cueillir que quelques-uns.

Direction le centre de l’île. Une enseigne portant Rs 150 nous interpelle. Effectivement, les vendeurs sont prêts à céder le kilo de letchis contre cette somme. Ce prix ne laisse pas indifférent un acheteur de Vacoas. «Honnêtement, qu’importe le prix, je suis disposé à en acheter.» Pour lui, il est primordial de manger des fruits de saison. Et il n’est pas le seul à penser ainsi…

La faute au climat, selon le Farei

<p>&nbsp;Les chauves-souris ont leur part de responsabilité, mais elles ne sont pas les seules. C&rsquo;est ce que confie le directeur général du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI), Seelavarn Ganeshan<em>. &laquo;Le climat n&rsquo;a pas joué en notre faveur. Alors qu&rsquo;à la période de mai on devait avoir un temps sec et froid, cela n&rsquo;a pas été le cas&raquo;,</em> soutient-il<em>. &laquo;Nous avons eu plus de végétation que de floraison.&raquo;</em> Il avance que l&rsquo;île Maurice n&rsquo;est pas la seule concernée. La Réunion fait face au même problème. En tout cas, l&rsquo;importation des letchis n&rsquo;est pas à l&rsquo;ordre du jour&hellip;</p>