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Cameroun: la crise anglophone s'invite à l'Assemblée

24 novembre 2017, 03:00

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Cameroun: la crise anglophone s'invite à l'Assemblée

Les députés du Social Democratic Front (SDF), principal parti d'opposition et anglophone au Cameroun, ont perturbé par des chants la session parlementaire jeudi, exigeant l'ouverture d'un débat sur la crise anglophone, avant que la séance ne soit suspendue par le président de l'Assemblée.

«Paul Biya, Paul Biya, le pays va mal, le pays va mal. Nous voulons le changement», ont chanté les députés SDF, modifiant les propos d'un refrain généralement déclamé à la gloire de M. Biya, selon le témoignage de l'un d'eux à l'AFP.

«Le pays va bien, le SDF va mal», a répondu en chanson le président de l'Assemblée, Cavaye Yeguié Djibril, qui a par la suite suspendu les travaux, selon un extrait des échanges à l'Assemblée diffusé par la radio d'Etat qui est revenu sur l'incident, parlant d'une séance «quelque peu agitée».

Le SDF avait posé l'inscription de la crise anglophone à l'ordre du jour comme préalable à l'adoption jeudi de certains projets de loi.

«Nous avons bloqué les travaux de l'Assemblée nationale pour exiger l'ouverture d'un débat sur la crise anglophone», a dit à l'AFP Jean-Michel Nintcheu, député SDF, confirmant une information de plusieurs médias locaux. «Notre action fait suite à plusieurs démarches. Nous avons eu des rencontres avec des responsables du Sénat et de l'Assemblée. Nous avons adressé plusieurs correspondances, y compris au sommet de l'Etat» (au président de la République, NDLR).

«Nous avons eu l'impression que rien n'était fait (et que) si nous ne faisions rien, l'Assemblée n'allait pas inscrire la question anglophone à l'ordre du jour», a-t-il justifié. Le SDF envisage des «actions d'éclat pour attirer suffisamment l'attention sur le problème anglophone», selon M. Nintcheu.

Les députés de ce parti avaient déjà boycotté l'ouverture des travaux de l'actuelle session de l'Assemblée consacrée à l'examen et l’adoption du budget 2018.  

La sécurité dans les zones anglophones du Cameroun, en proie à une grave crise socio-politique sans précédent, s'est considérablement dégradée. Quatre militaires y ont été tués en moins d'une semaine, dans des attaques attribuées par le gouvernement aux séparatistes anglophones. De nombreux civils ont été également tués depuis le début de la crise il y a plus d'un an.