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Finlay Salesse: «J’ai toujours fait du journalisme engagé»

6 novembre 2017, 18:11

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Finlay Salesse: «J’ai toujours fait du journalisme engagé»

Finlay Salesse, vous redevenez rédacteur en chef de Radio One. Médiatiquement, qu’est-ce que cela implique pour le public ?
Vous faites bien de préciser que je redeviens rédacteur en chef après l’avoir été aussi ailleurs pendant de nombreuses années. C’est un peu un retour pour mettre, disons modestement, mon expérience de plus de 40 ans dans la presse au service d’une jeune rédaction qui a besoin de balises et d’un rappel des fondamentaux de notre profession en termes de ligne éditoriale, de pratiques, d’exigence de qualité, de rigueur professionnelle...

Plus important, redonner la passion de notre métier et son corollaire, la curiosité, pour mieux porter, comme on le sait, le couteau dans la plaie. Si je réussis cette mission, ce sont nos auditeurs qui seront les gagnants forcément. Et j’en saurai gré au Conseil d’administration et au directeur de Radio One de me permettre de terminer ma carrière de cette façon.

Allez-vous vers une convergence d’Enquêtes en direct – actualités, une forme de journalisme engagé ?
Ceux qui écoutent attentivement Radio One depuis plus de deux mois n’ont pas manqué de remarquer cette convergence : des reprises dans nos différents journaux des thèmes souvent inédits et poignants d’Enquêtes en direct. On peut certes qualifier cela de journalisme engagé. Disons que je suis un peu surpris car je n’ai jamais pratiqué une autre forme de journalisme depuis que j’ai commencé.

La presse doit être au service de ceux qui n’ont pas de voix, pas de plateforme ; de ceux qui sont les plus démunis. Exemple : depuis vendredi, des vulnérables de notre société n’ont pas touché leurs pensions à cause des deux jours de congés publics. Est-ce que vous ne croyez pas qu’à l’antenne ce matin, je devrai pousser des cris d’orfraie ?

La presse passe par des moments troubles. Avec votre recul sur la profession, quel regard jetez-vous sur l’état stratégique et politique dans laquelle la presse évolue en 2017 à Maurice ?
Je reconnais que nous sommes en pleine turbulence ; qu’un pouvoir, le dos au mur et aux abois, devient de plus en plus susceptible et frileux envers les critiques que nous formulons de bonne foi. Je reconnais aussi que cette profession devient difficile, faute d’un accès à l’info qu’aurait garanti une Freedom of Information Act.

Je reconnais que des jeunes journalistes, souvent livrés à eux-mêmes et souvent ignorants, ont la frousse des menaces (d’où qu’elles viennent) et ne veulent prendre aucun risque de déplaire. Je reconnais aussi que d’autres croient qu’une carte de presse leur donne un permis d’être impolis, inélégants souvent avec arrogance.

La solution, et ça vous le savez, est la formation permanente, pour rappeler que cette profession est un sacerdoce ; qu’elle obéit à des règles, à une éthique, à une déontologie et que nous sommes des éternels apprentis. Et surtout, que nous sommes au service de la vérité et que notre quête doit se faire avec honnêteté, à défaut d’objectivité...