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Dr Vishal Boolell: «Il faut donner des soins d’excellence aux malades du cancer»

4 novembre 2017, 22:41

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Dr Vishal Boolell: «Il faut donner des soins d’excellence aux malades du cancer»

Offrir une approche humaine et des soins spécifiques et appropriés aux malades du cancer. C’est ce que s’efforce de faire Vishal Boolell, un des plus jeunes oncologues-cancérologues d’Australie.

Vishal Boolell est le benjamin de l’ancien chef de la médecine légale, Satish Boolell et Hema, directrice au ministère des Finances. Âgé de 34 ans, il est troisième dans la hiérarchie du département d’oncologie et de cancérologie du Ballarat Integrated Regional Cancer Centre, où il exerce depuis un an et demi. Il n’est entouré que de collègues ayant presque tous le double de son âge. 

Si cet ex-élève du collège Royal de Curepipe a opté pour les sciences, c’est parce qu’il dit voir le monde avec «des yeux plus scientifiques que créatifs». La pratique de son père l’a aussi influencée. «Mais moi, je préfère le monde des vivants», dit-il en souriant. Ses parents et lui choisissent l’Australie pour ses études supérieures parce que le niveau d’éducation est quasiment le même qu’en Grande-Bretagne, mais avec des frais universitaires moindres et qu’il y a notamment des vols directs. 

Vishal Boolell est admis à l’université de Melbourne, dont la faculté de médecine est considérée comme une des meilleures. Au bout de la troisième année, lorsqu’il effectue un stage au Cancer Centre de Bendigo, il est fasciné par l’oncologie où tout reste à faire. «C’est un domaine très challenging, le seul de la médecine où l’on peut partir d’une molécule et développer des médicaments qui affecteront ladite molécule et la suivre. Il y a aussi une forte dose d’encadrement humain en jeu car une bonne partie des malades ne survivra pas et le praticien est émotionnellement sollicité.» 

Après six ans de médecine générale, Vishal Boolell fait un an d’internat à l’Austin Hospital de Melbourne et trois ans supplémentaires de médecine interne pour devenir médecin spécialiste. Il y ajoute une seconde spécialisation en oncologie/cancérologie auprès des centres Bendigo, Western Health et Monash. Il a terminé ses études en 2014 et exerce depuis 2015. Sa spécialité, précise-t-il, c’est des «areas of critical need», notamment les cancers du cerveau et du sein. 

S’il est payé pour effectuer 38 heures de travail par semaine, dans la pratique, le Dr Vishal Boolell exerce 70 heures par semaine. «Je ne regarde pas l’heure. L’important pour moi est de rester jusqu’à ce que le travail soit terminé.» 

Dans sa pratique, 70 % des personnes affectées par le cancer ont plus de 65 ans. Ce qui lui fait dire que l’âge est un facteur de risque au même titre que d’autres cancérigènes. Mais il voit aussi des jeunes d’une vingtaine d’années et dont la maladie est davantage génétique comme dans les cas de cancers du sein. 

«20 % des cancers du sein ont une cause génétique, soit une mutation des gènes permettant de le diagnostiquer. Mais la majorité des cancers du sein sont sporadiques et probablement liés à l’environnement dans lequel j’inclus le style de vie, le tabagisme, la thérapie de remplacement hormonale, l’obésité et les pesticides.» 

Préservation 

En Australie, précise-t-il, tout est fait pour que le cancer soit détecté à un stade précoce et pour la préservation de l’organe affecté. Une des méthodes est d’enlever uniquement la tumeur. Une autre est de la réduire le plus possible par chimiothérapie et ensuite l’enlever par chirurgie. «Nous préférons miser sur la préservation en réduisant la tumeur par chimiothérapie. Si les glandes lymphatiques du bras sont atteintes, nous faisons un sentinel node biopsy, soit nous injectons un liquide coloré qui permet de localiser les tumeurs malignes et les enlever. Nous travaillons en équipe multidisciplinaire et nous envisageons le traitement approprié qui sera à l’avantage du patient. C’est ça le human aspect of medecine, le care factor»

Sa plus grande satisfaction est de pouvoir traiter et atténuer les souffrances des malades. «C’est une maladie à deux vitesses. Il y a les gens que l’on va guérir et ce faisant, on pense dix ans à l’avance, et ceux que l’on ne pourra guérir et mon objectif est de pouvoir apaiser les souffrances. Je tire énormément de satisfaction d’avoir pu aider et d’avoir atténué la douleur des malades. L’important est d’avoir la confiance d’une personne qui vous confie sa vie et il faut tout faire pour honorer cette responsabilité.» 

Il a beau dire à ses étudiants qu’il faut mettre des barrières entre le malade et eux, montrer de l’empathie et moins de sympathie, le Dr Vishal Boolell reconnaît que chaque cas est difficile. «J’ai récemment traité un homme ayant le même âge que moi qui avait une tumeur au cerveau – notre anniversaire était à quelques jours d’intervalle – et il avait trois enfants en bas âge. Mes collègues et moi savions qu’il n’allait pas survivre. Il est effectivement mort après deux chirurgies et des traitements de chimiothérapie. C’était très dur car cela nous ramène à nous. Dans d’autres cas, il n’y a pas de points communs, mais quelque chose nous lie au malade. Il faut sans cesse rationaliser.» 

Pour Maurice, il considère qu’il faut un ou deux centres dédiés au traitement du cancer offrant notamment la radiothérapie. La chimiothérapie pourrait être décentralisée vers «des centres de soins sous la supervision d’infirmiers spécialisés en cancer car les effets secondaires de ces médicaments sont si lourds que pour le confort du patient, il serait préférable qu’il n’ait pas de longs trajets à faire.» 

Le Dr Vishal Boolell est marié à Gabriela, Australienne d’origine chilienne et ils ont un fils, Alexander. Il préfère continuer à pratiquer dans le secteur public que d’aller dans le privé. «Il est important de donner un gold standard of care aux malades du cancer…»