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Fermeture de la pêche: l’ourite, mollusque à protéger

3 novembre 2017, 00:15

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Fermeture de la pêche: l’ourite, mollusque à protéger

«La première chose que l’on remarque après la fermeture de la pêche, c’est que les ourites ont doublé de poids», explique Zahirah Dhurmeea, scientifique au centre de recherche d’Albion. «On a vu que les prises des pêcheurs ont augmenté après la réouverture. Ce sont des effets immédiats. Mais l’effet qui nous intéresse à plus long terme est l’augmentation de la population des ourites.»

Ce mollusque, de son nom scientifique Octopus cyanea, a vu son nombre diminuer durant les dernières décennies. La fermeture de la pêche a permis à l’espèce de souffler un peu. Mais celle-ci a encore besoin d’aide pour retrouver du poil de la bête et une seconde fermeture ne serait pas superflue.

Actuellement, l’interdiction pèse entre le mois d’août et celui d’octobre. Cette époque n’a pas été choisie au hasard.

«Cette période, avec les études que l’on a réalisées à Rodrigues, montre que la majorité des ourites se reproduisent à ce moment précis de l’année», ajoute-t-elle. «La fermeture a lieu durant une période critique pour l’espèce, ce qui lui donne du temps pour se reproduire.»

La seconde fermeture, si jamais les ministères, les pêcheurs et les organisations non gouvernementales (ONG) parviennent à un accord, devrait avoir lieu vers janvier. Le début de l’été est le moment où les jeunes pieuvres rejoignent le lagon pour croître.

«L’Octopus cyanea a une durée de vie très courte, entre 12 et 15 mois en moyenne, et les femelles meurent après avoir pondu», explique Vassen Kauppaymuthoo, océanographe. «La température de l’eau de mer influence leur croissance, une croissance asymptotique (NdlR: à l’infini) avec une courte durée de vie et un fort taux de mortalité.»

Comme la plupart des espèces avec une courte durée de vie, la reproduction est primordiale dès la maturité sexuelle. Ce sont des protections et des espaces de chasse que viennent chercher les ourites dans les lagons. Après leur éclosion, les juvéniles vont en pleine mer pendant plusieurs mois. La fermeture est une mesure importante mais le gouvernement ne doit pas s’y limiter.

Ce pêcheur pose fièrement avec sa prise, qui lui a valu le prix de la plus grosse ourite pêchée à la réouverture de la pêche.

«Cependant, il existe d’autres facteurs importants comme le contrôle de la fermeture pour la rendre effective, ainsi que l’état de santé de nos lagons et notamment des coraux, qui sont souvent utilisés par les pieuvres pour construire leurs caches», dit Vassen Kauppaytmuthoo. «L’éducation, la sensibilisation, ainsi que l’application des règlements vont de pair avec la fermeture qui ne suffit pas à elle seule. Des résultats tangibles ont été obtenus à Rodrigues.»

Cette partie du travail, ce sont les ONG qui la réalisent. Cette année, Reef Conservation, Ecomode Society et Lagon Bleu/EcoSud ont fait partie, comme l’année précédente, des équipes ayant travaillé sur la sensibilisation des pêcheurs et du public à la fermeture de la pêche à l’ourite. Tous ces projets sont finances par l’United Nations Development Program (UNDP).

«Nous avons encore beau- coup de travail avant que les stocks d’ourites retrouvent leur niveau d’antan mais nous sommes sur la bonne voie», explique Nazdeem Nazurally d’Eco-mode Society. «Les pêcheurs eux-mêmes font des demandes pour qu’il y ait une seconde fermeture afin de permettre de protéger les jeunes pieuvres. Les résultats sont bons mais il nous faut plus pour obtenir une réussite à 100 %.»

Nos ourites, à Maurice et à Rodrigues, font partie du folklore. Mais si elles ne sont pas protégées correctement, leur disparition sera assurée.