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Harcèlement sexuel : le Parlement britannique se remet en question

31 octobre 2017, 17:53

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Harcèlement sexuel : le Parlement britannique se remet en question

Après une série de révélations, la Première ministre britannique, Theresa May, a demandé l’adoption urgente de mesures de contrôle fermes pour éviter tout scandale au Parlement.

L’image est symbolique et très forte. Ce lundi, les femmes ont pris d’assaut les premiers rangs de la Chambre des communes, du côté du gouvernement conservateur et de celui de l’opposition travailliste. Et ce sont les femmes qui ont mené le débat. La doyenne de la Chambre des communes, la travailliste Harriet Harman, la présidente de la Chambre des communes, Andrea Leadsom et son homologue au Labour, Valerie Vaz, ont débattu du problème du harcèlement sexuel au sein du Parlement. Le tout sous les yeux de la Première ministre, Theresa May qui, fait peu fréquent, s’était déplacée pour l’occasion. Ce débat n’était pas prévu dans le calendrier, il a été organisé dans l’urgence après une suite de révélations ce week-end sur des cas de harcèlement sexuel au sein du Parlement. Theresa May a formellement demandé la mise en place urgente de structures de contrôle et de sanctions bien plus précises que celles qui sont en place.

En réagissant rapidement, la Première ministre tente de circonscrire un incendie qui menace de s’étendre rapidement. L’étincelle est née de l’autre côté de l’Atlantique, avec l’affaire Weinstein. Depuis quelques jours, les révélations se succèdent. Au sein même du gouvernement, Mark Garnier vient d’hériter d’un nouveau titre accolé à son poste de sous-secrétaire d’Etat britannique au Commerce extérieur. Il est désormais surnommé le «ministre aux sex-toys». Le député conservateur est accusé d’avoir envoyé sa secrétaire acheter deux vibromasseurs dans une boutique de Soho, le quartier chaud de Londres, officiellement pour «son épouse» et une «collègue de travail». Un porte-parole de la Première ministre a refusé lundi de lui apporter clairement son soutien et une démission prochaine n’est pas à exclure.

«Députés libidineux»

S’il existe un code de conduite très strict au Parlement sur les malversations financières, établi notamment après le scandale des fausses notes de frais des parlementaires en 2009, la situation est beaucoup plus floue en ce qui concerne des accusations de harcèlement sexuel. Une jeune assistante parlementaire qui serait l’objet d’avances inappropriées du député pour lequel elle travaille ne peut, à l’heure actuelle, se tourner que vers le bureau dudit député, soit une petite poignée de personnes absolument pas indépendantes.

La «leader» de la Chambre des communes a donc proposé la création d’une «procédure de plainte indépendante» et suggéré la constitution d’un groupe de travail transpartisan pour évaluer les mesures à prendre pour lutter contre le harcèlement sexuel. Une décision doit être prise au plus vite, «plutôt dans quelques jours que dans quelques semaines », a-t-elle dit. Une liste, compilée par des assistants parlementaires, circule dans les médias et met en cause au moins une quarantaine de députés pour des conduites «inappropriées». Cette liste, baptisée «députés libidineux», mélange pêle-mêle des allégations d’adultère ou d’aventures entre un ou une députée et de jeunes assistants parlementaires, des accusations de «pelotage» intensif ou des scènes de harcèlement ou de pression envers des stagiaires ou jeunes chercheurs. La véracité de ces faits n’a pas été vérifiée.

«Tolérance zéro»

Au cours du débat, les différents députés, femmes et hommes, ont à plusieurs reprises souligné «l’atmosphère misogyne» et «d’intimidation» qui règne au Parlement, notamment envers les jeunes stagiaires. John Bercow, le «speaker» de la Chambre des communes, qui gère les débats, a appelé à une «tolérance zéro» concernant tout acte de harcèlement sexuel et affirmé que «toute allégation d’agressions doit être portée à la connaissance de la police». Au cours du débat, la députée travailliste Jess Phillips a rapporté avoir entendu deux députés masculins grommeler en entrant dans la Chambre des communes qu’il s’agit d’une «chasse aux sorcières».