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C1/C3: quand l’Italie se refait une place en Europe

30 octobre 2017, 18:23

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C1/C3: quand l’Italie se refait une place en Europe

On est encore loin des années 1990, quand la Serie A était le meilleur championnat du monde, mais le football italien de clubs, tirée par la locomotive Juventus, semble doucement remonter la pente comme le montre sa troisième place actuelle à l’indice UEFA.

Un article du Guardian sur le renouveau de la Serie A, un autre du Daily Mail sur la «fabrique» des entraîneurs italiens à Coverciano, la curiosité des voisins pour les débuts de l’assistance-vidéo à l’arbitrage, Pep Guardiola qui répète son admiration pour le coach de Naples Maurizio Sarri: ce sont quelques signes, modestes, qui indiquent que le reste de l’Europe recommence à regarder l’Italie et que le Calcio sort de sa décrépitude.

De fait, loin des clichés, il y a de la vie en Serie A, avec énormément de buts (meilleure moyenne par match des cinq grands championnats la saison dernière), de grands attaquants, d’excellents entraîneurs et des identités de jeu fortes.

Même si elle reste en retard sur ses voisins dans ce domaine, l’Italie recommence même à garnir ses stades puisque les affluences moyennes et les taux de remplissage cette saison sont au plus haut depuis dix ans.

Surtout, le changement se fait désormais sentir au plan européen. Après la deuxième journée de Ligue des Champions fin septembre, marquée par les succès de ses trois clubs (Juventus, AS Rome, Naples), l’Italie a en effet dépassé l’Allemagne à l’indice UEFA pour reprendre la troisième place, du jamais-vu depuis 2010.

Solide en C3 

Sur la saison en cours, l’Italie est même deuxième, certes à bonne distance de l’Angleterre, mais meilleure que l’Espagne et loin devant la France et une catastrophique Allemagne.

Les plus optimistes vont même jusqu’à souligner qu’au classement général, établi sur cinq ans, l’Angleterre n’est pas si loin. Et que l’Italie pourrait se retrouver deuxième en fin de saison, une fois retiré l’exercice 2013-2014, ce qui lui fera reprendre du terrain à tout le monde sauf à la France.

La principale responsable de ce retour sur le podium, c’est évidemment la Juventus et ses deux finales de Ligue des Champions en trois ans (2015 et 2017). Revenu au premier plan après la relégation de 2006, le club turinois est un exemple avec son modèle économique vertueux et son stade ultra-moderne, une rareté en Italie.

Mais il est difficile à suivre et les autres bons clubs de la Péninsule doivent encore prouver qu’ils sont capables d’être compétitifs sur plusieurs saisons, Naples et la Roma en tête, puis peut-être l’Inter et l’AC Milan si leurs redressements se matérialisent.

Le bilan italien est aussi enjolivé par les performances des trois clubs engagés en Europa League: La Lazio Rome, l’Atalanta Bergame et l’AC Milan sont tous en tête de leur groupe, avec un bilan global de sept victoires et deux nuls.

Un cadeau, vraiment ? 

Pourtant, quand l’UEFA avait annoncé en août 2016 sa réforme des compétitions européennes, qui offrira quatre places directes en C1 à l’Italie à partir de 2018, de nombreux observateurs avaient estimé que la Serie A était très bien, voire trop bien servie.

«La seule chose certaine, c’est que c’est l’Italie qui y a gagné le plus. Vous êtes de bons diplomates», avait ainsi déclaré quelques mois plus tard Aleksander Ceferin, alors élu à la tête de l’instance européenne.

Le poids d’Andrea Agnelli, président de la Juventus et très influent au sein de l’Association européenne des clubs (ECA) dont il a depuis pris la tête, était notamment souligné.

Mais les Italiens ont montré sur le terrain que le supposé cadeau de l’UEFA était finalement assez mérité. Alors que l’Italie peinait régulièrement en barrages de C1, Naples a par exemple montré cette année l’écart qu’il pouvait y avoir entre le 3e de Serie A et celui de L1 en ne faisant qu’une bouchée de Nice.

Au fond, le plus grand paradoxe de cette renaissance italienne, c’est qu’elle intervient au moment où l’équipe nationale est au plus mal et tremble avant d’affronter la Suède en barrage d’accession au Mondial.

«Comment se fait-il qu’un championnat qui redevient grand produise une sélection aussi affreuse ?», s’interrogeait ainsi récemment Gianni Mura, grande plume du quotidien La Repubblica.