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Festivals de musique: la note est salée

24 octobre 2017, 02:44

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Festivals de musique: la note est salée

Deux festivals de musique vont se succéder au cours des deux prochains weekends. Dombeya, qui en est à sa troisième édition, et Kaz’Out qui en sera à la quatrième. Même si l’ambiance est bonne, en coulisses, c’est la survie économique de ces initiatives qui se joue. Le point avec des organisateurs aussi passionnés que persévérants.

Dombeya : Au bord de la falaise

C’est à Falaise Rouge, site magnifique avec vue sur mer et montagne qu’aura lieu le festival Dombeya, le 28 et 29 octobre. Le symbole de se tenir en équilibre au bord d’un gouffre vaut aussi pour les finances de ce festival. Il va plus loin que les raisons pratiques qui font que l’amphithéâtre de Pointe Canon est en rénovation, ce qui a poussé l’organisateur Roberto Reine de Carthage à trouver un autre lieu pour Dombeya. Quoi qu’en dise l’organisateur qui a intitulé cette édition Back to Origins, «parce que la majorité des gens ne connaissent pas cet endroit. Se zanfan lakaz ki pe retourne».

Autre particularité : le festival a choisi, cette année, de ne pas annoncer qui sont les artistes qui vont s’y produire. On sait seulement que chaque tranche horaire correspond à un style musical. Et que l’affiche sera à 100 % locale. Ce concept, Roberto Reine de Carthage y tient pour pousser le public à «faire l’expérience d’un festival. Je veux que le public se déplace pour Dombeya, pas pour un artiste en particulier». Pas évident de changer le comportement des spectateurs. Mais l’organisateur est déterminé. «C’est maintenant ou jamais

Kaz’Out sort du rouge

De la musique de midi à minuit. La quatrième édition du festival Kaz’Out se tiendra le 4 novembre prochain à l’Aventure du Sucre. La tête d’affiche cette année sera Danyel Waro avec son maloya engagé.

Kaz’Out démarre avec un business plan sur cinq ans. Lionel Permal, cofondateur et responsable avec Laura Hebert, explique qu’ils y injectent d’abord leurs propres fonds. La première année, c’est le gros coup de chaud avec, «des pertes de Rs 1,2 million. On a pris un emprunt pour payer tout le monde. On en paie encore une partie». La deuxième année, les pertes grimpent au même niveau. «C’est notre société, Lively Up, qui a d’autres activités, qui nous permet de continuer

Lionel Permal dit aussi pouvoir compter sur le soutien de la famille. «Cette situation a des répercussions sur votre vie personnelle. C’est arrivé que j’aille bosser dans des hôtels pour remplir le frigo. Ce sont ces moments difficiles qui forgent votre détermination.»

L’année dernière, Kaz’Out parvient à «break even», affirme le responsable. Qui précise que : «Nous avons pu payer tout le monde mais il nous reste des dettes des précédentes éditions. Nous ne faisons pas encore de profits mais l’année dernière a été une réussite.» Notamment avec une affluence de 2 200 personnes.

Malgré le manque à gagner, «le sérieux et le professionnalisme ont attiré des partenaires». Comme l’Aventure du Sucre qui, le 4 novembre, accueillera à nouveau le festival. La «réussite» de l’an dernier a permis de «fidéliser les partenariats». Pour la quatrième édition, Lionel Permal estime qu’«un tiers du budget est bouclé grâce au sponsoring, comparé à zéro auparavant».

Coup de pouce, notamment de la société Terra, qui a permis de couvrir les billets d’avions pour les artistes – dont Danyel Waro et le groupe français Les Yeux de la Tête, «des grosses pointures qui tournent dans de gros festivals en Europe», ainsi que l’embauche de trois personnes pour trois mois, pour gérer les tâches administratives, le design lumière et la technique. Kaz’Out emploie une personne à plein-temps : sa cofondatrice et directrice, Laura Hebert.

L’esprit festival est-il installé auprès du public ? «Il y a encore du travail à faire. L’esprit festival c’est la liberté, s’ouvrir sans préjugés. C’est pour cela que cela prend du temps», estime Lionel Permal. Il assure que le festival est aussi «conscient que le porte-monnaie des Mauriciens n’est pas au beau fixe».

<h2>Unique source de revenu: les billets</h2>

<p>En trois ans, le prix du billet du festival Dombeya est passé de Rs 400 à Rs 700 par jour. Une évolution &laquo;<em>obligée</em>&raquo;, estime l&rsquo;organisateur. D&rsquo;autant plus que cette année, le lieu choisi, Falaise Rouge, requiert des frais supplémentaires pour y transporter toute la logistique nécessaire. Mais ce n&rsquo;est que l&rsquo;un des facteurs, précise Roberto Reine de Carthage. Il souligne que Dombeya n&rsquo;a &laquo;aucun partenaire, aucune subvention. C&rsquo;est le Mouv&rsquo; (NdlR: <em>structure qui aide musiciens et groupes pros et amateurs à réaliser leurs projets</em>) qui prend tout en charge&raquo;. En 2017, le budget est, &laquo;<em>d&rsquo;environ Rs 800 000</em>&raquo;, dit-il. L&rsquo;unique source de revenus est la billetterie.</p>

<p>La première année, l&rsquo;organisateur estime les pertes à &laquo;autour de Rs 600 000. On a eu une claque. J&rsquo;ai pris un an pour éponger cette dette&raquo;. L&rsquo;année dernière, Roberto Reine de Carthage affirme, &laquo;<em>nous avons couvert les frais</em>&raquo;. Notamment grâce au soutien de la société Omnicane qui a contribué à &laquo;un quart du budget du festival&raquo;. Pour la troisième édition, Roberto Reine de Carthage affirme : &laquo;<em>Je n&rsquo;ai même pas demandé. J&rsquo;avais le sentiment de pouvoir le faire.&raquo;</em></p>

<p>2017 est-elle l&rsquo;année de la dernière chance ? &laquo;<em>Nous sommes déjà super chanceux</em>&raquo;, ironise Roberto Reine de Carthage. &laquo;<em>Là on passe à un autre niveau et à un autre concept. Qui sait ? L&rsquo;année prochaine on s&rsquo;ouvrira aux artistes régionaux, à l&rsquo;international</em>.&raquo; Il maintient que &laquo;l&rsquo;idée de départ&raquo; était d&rsquo;organiser trois éditions de Dombeya avant d&rsquo;y faire venir des musiques mainstream d&rsquo;Afrique du Sud, d&rsquo;Inde et d&rsquo;autres contrées.</p>

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