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Mondial-2018: Argentine, piège en haute altitude

10 octobre 2017, 19:18

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Mondial-2018: Argentine, piège en haute altitude

Une Coupe du monde sans Lionel Messi est-elle envisageable? L’Argentine joue sa survie dans les éliminatoires du Mondial-2018 contre l’Equateur, dans un match à haut risque, à 2.850 mètres d’altitude à Quito, dans la nuit de mardi à mercredi (01h30 françaises).

«Leo» Messi est quintuple Ballon d’Or mais «il y a de nombreux grands joueurs qui n’ont pas gagné de Mondial, et des joueurs pas si célèbres qui l’ont gagné, c’est la beauté du football», fait remarquer Gianni Infantino. Le président de la Fifa juge que le tournoi de qualification sud-américain est «le plus dur du monde».

La preuve, le numéro 10 argentin, dont on attend toujours plus en sélection, et ses coéquipiers sont pour l’heure virtuellement éliminés, à la 6e place de leur groupe, alors que la 5e position offre le barrage et les quatre premières un billet pour la Russie.

Les vice-champions du monde (25 points) sont très loin du Brésil (38 points, déjà qualifié), alors que l’Uruguay est tout proche du Graal (28 pts), que Chili et Colombie (26 pts) sont bien placés et que le Pérou (25 pts comme l’Albiceleste) est barragiste virtuel.

Une élimination serait un drame national et secouerait la planète football. L’Argentine n’a raté qu’une Coupe du monde, en 1970 au Mexique. Elle a ensuite été couronnée en 1978 et en 1986, la seconde avec Maradona à la baguette. Et un Mondial sans Messi n’aurait pas la même saveur.

Certes, la bande à Messi peut encore accrocher le barrage intercontinental (contre la très faible Nouvelle-Zélande), voire un des quatre billets directement qualificatifs si leurs concurrents directs déjouent. Mais l’armada argentine, Messi, Angel Di Maria, Javier Mascherano, Paulo Dybala, etc n’a pas convaincu jusqu’ici.

Lors de ses trois derniers matches des éliminatoires, l’Argentine a concédé le nul: 0-0 en Uruguay, puis à domicile contre le Venezuela (1-1) et le Pérou (0-0).

L’altitude, alliée de l’Equateur

Devant micros et caméras, le sélectionneur Jorge Sampaoli se déclare «très confiant».

Mais «l’altitude, ce sera toujours un allié du footballeur équatorien», prévient son homologue du banc adverse, l’Argentin Jorge Célico, qui pointe «l’anémie offensive» de l’Argentine.

En 17 matches, l’Argentine n’a marqué que 16 buts, 22 de moins que le Brésil, seulement deux de plus que la Bolivie, la plus mauvaise attaque.

Alors que l’Argentine n’a pas marqué dans le jeu depuis novembre 2016 dans les éliminatoires, Sampaoli a écarté du onze les buteurs Gonzalo Higuain (31 buts en 68 sélections) et Sergio Agüero (33 buts en 82 sélections), efficaces avec la Juventus et Manchester City.

Mais le mal est plus profond. En dix ans, les joueurs de la sélection ont vu défiler sept sélectionneurs (Alfio Basile, Maradona, Sergio Batista, Alejandro Sabella, Gerardo Martino, Edgardo Bauza, Sampaoli). Et aucun n’a réussi à obtenir de Messi le rendement qu’il a en club.

«Il faudrait qu’il mette le maillot du Barça sous celui de la sélection», ironise Rodolfo Dominguez, un avocat de 46 ans, las comme beaucoup d’Argentins de voir Messi briller avec Barcelone, et peiner quand il défend les couleurs de l’Argentine.

Fin d’un film

«L’Argentine a perdu le nord. Mais ce n’est pas récent. C’est la fin d’un film que je vois depuis 10 ans. On travaille mal. Je crois beaucoup dans les projets, et dans notre football, il n’y en a pas. Sept sélectionneurs en 10 ans et trois dans une phase éliminatoire, cela n’arrive nulle part», dénonce Sergio Batista, qui a conduit l’Argentine à la finale de la Copa America 2011.

«Cette sélection manque de bons joueurs pour épauler Messi et elle manque de caractère, je ne vois pas sur le terrain des joueurs qui donnent tout, ils manquent de combativité», estime Sergio Garcia, un hôtelier de 60 ans. Dans la salle du restaurant, un maillot bleu et blanc dédicacé par Maradona repose dans un cadre.

Pour préparer Equateur-Argentine, Sampaoli, arrivé en juin, a planifié deux jours d’entraînements à Guayaquil, deuxième ville d’Equateur au bord de l’Océan Pacifique, avant de rejoindre la capitale Quito quelques heures avant le match, une stratégie utilisée fréquemment pour limiter les effets de l’altitude.

Les 41 millions d’Argentins seront en haleine dès le coup d’envoi. Deux heures plus tard, ce sera une explosion de joie ou de douleur, dans un pays où le football est la principale religion.