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Diana Flore : plus de 20 ans aux petits soins pour les SDF

3 octobre 2017, 23:15

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Diana Flore : plus de 20 ans aux petits soins pour les SDF

Les oubliés de la société, elle les côtoie depuis une vingtaine d’années, à travers le groupe Tonnelle Mam San Baz, dédié aux sans-abri. La première fois qu’elle y a mis les pieds, elle a soigné l’un d’eux. C’est, soutient-elle, «son regard après lui avoir mis le pansement qui m’a donné envie de continuer».

Cela fait 21 ans depuis qu’elle est volontaire au sein du groupe Tonnelle Mam San Baz. Cette association qui vient en aide aux personnes qui vivent en marge de notre société : les san baz, sans-abri, sans domicile fixe (SDF)... Aujourd’hui, elle en est même la présidente. Elle, c’est Diana Flore, une habitante de Roche-Bois âgée de 35 ans. Une maman de quatre enfants sans préjugés et avec le cœur sur la main, diront certains.

Chaque dimanche, raconte Diana, son équipe se rend au Centre Marie-Reine-de-la-Paix, à Port-Louis, afin d’apporter du réconfort à chacune des personnes qui s’y trouvent. Elle leur offre un goûter, des vêtements, un temps de jeu et un temps de prière. Mais pas que, soutient la jeune femme. Une équipe de barbiers est à la disposition de ceux qui veulent se raser et se coiffer. Histoire de se faire une petite toilette avant de retourner affronter la rue. Un repas chaud leur est également offert à la fin de la journée.

Cependant, le plus grand réconfort qu’ils apportent aux sans-abri, c’est une oreille attentive. Ce qui manque à la majorité de ces mam.

Des soins gratuits, des moments de détente et de la nourriture sont offerts aux sans-abris, les dimanches.

Diana se souvient de son «baptême», sa première fois à Tonnelle Mam San Baz. «Quand je suis venue le premier dimanche, il y avait un mam qui était blessé. À l’époque, je faisais partie de la St-John Ambulance, c’était instantané, j’ai pris les devants et je l’ai soigné. Ce que j’ai vu dans son regard après lui avoir mis le pansement m’a donné envie de continuer.» C’était ça son déclic. Depuis, elle a fait son bonhomme de chemin.

«Nous avons commencé avec le père Henri Souchon, qui a été le fondateur de cette association, relate Diana Flore. Nous allions au début, toujours les dimanches, – car c’est un peu le seul moment de la semaine ou la plupart des gens peuvent se libérer –, près du marché central de Port-Louis afin de trouver les sans-abri et leur apporter notre aide. C’est toutes communautés confondues, nous ne sommes pas sélectifs car nous sommes tous semblables et si nous n’aidons pas nos semblables, qui le fera ?»

«J’étais là pendant mes quatre grossesses, une semaine après chaque accouchement»

Comme bon nombre de ses amis bénévoles, elle a rencontré son mari au sein de l’association. Elle ne peut se passer de venir chaque dimanche. «J’étais là pendant mes quatre grossesses, une semaine après chaque accouchement», lance-t-elle avec le sourire. Elle concède néanmoins que ce n’est pas toujours facile, car ils doivent parfois faire face à des personnes ivres ou qui ont du caractère. Comment gère-t-elle ces «cas» ? «Il ne faut surtout pas être brutal et en même temps montrer que nous ne sommes pas intimidés. Nous les avertissons que s’ils ne changent pas de comportement, ils n’auront plus le droit de revenir.» Et c’est une méthode qui semble bien fonctionner…

Quid du financement d’une telle association ? Jouer les bons Samaritains, ça coûte, non ? «Nous recevons des donations venant de tout le monde. Depuis que nous avons commencé, la communauté musulmane, l’Arya Samad, les Lions Club, entre autres, sont ceux qui donnent généreusement afin de venir en aide à ces personnes dans le besoin. Parfois, quand nous ne recevons pas de dons, nous contribuons de nos poches afin de leur faire un repas», soutient Diana. Même sans salaire de ministre, on peut aider.

Luc, un SDF qui «res anba tol kot zardin konpani», témoigne d’ailleurs sa reconnaissance. Lui qui a été mis à la porte de sa maison quand sa femme est décédée. «Dépi set an mo vinn-la sak dimans pou mo gagn sa ti manzé-la ek enn plas pou beignié. Bann-la raz mwa, koup mo sévé ek monn gagn bann kamarad pou zwé inpé karom. Sé enn rékonfort ki zot donn nou ek éna dimounn pou ékout nou é zamé nou pa pou kapav fini rémersié sa bann dimounn-la.»