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Pauvreté: Frédérik, le petit bonhomme sourire…

3 octobre 2017, 21:36

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Pauvreté: Frédérik, le petit bonhomme sourire…

Son nom a déjà été cité dans notre quotidien. En effet, le petit Frédérik avait été pris en photo par le photographe Sittirein Kaliapermal, Sitti ou Babe pour les intimes, alors qu’il avait deux ans. Sur la Toile, le cliché de sa petite bouille avait fait fondre plusieurs cœurs. Pourtant, la vie de ce petit bonhomme, qui respire la bonne humeur et qui est aujourd’hui âgé de neuf ans, est loin d’être rose. Sa famille et lui font partie de ceux qui mènent une bataille quotidienne pour accéder à une vie meilleure, et sortir de la misère.

Le petit Frédérik, à deux ans, pris en photo
par Sittirein Kaliapermal, avec qui il s’est lié d’amitié.

Cela fait plus de 15 ans que la famille de Frédérik a élu domicile dans un faubourg de Quatre-Bornes. Sa maisonnette se trouve au pied de la montagne Corps-de-Garde, à La Ferme, à l’entrée d’un champ de cannes. Ici, à chaque fois que souffle le vent, un tourbillon de poussière et de terre s’élève et rend presque invisible les alentours. Derrière les quelques feuilles de tôle et planches en bois qui servent de clôture à la maison, nous rencontrons une boule d’énergie : Frédérik ou Chris. «Apel mwa kouma ou lé, tou lé dé krié mwa», nous dit-il en nous montrant toutes ses dents.

Même si la vie ne lui sourit pas, tout porte à croire que Frédérik a, lui, choisi de sourire à la vie. De l’énergie, il en a à revendre. Tantôt à gauche, tantôt à droite, il ne peut rester assis pendant longtemps. Soudain, il revient sur ce fameux jour où il avait été pris en photo par Sitti. «Mo pa tro rapel mé Sitti mo konn li, mo abitié trouv li ek koz ek li. Li vinn ed nou tousala», confie le petit bonhomme. En effet depuis leur rencontre, le photographe qui est également travailleur social, vient en aide au garçonnet ainsi qu’à sa famille.

«Partir oui, mais pour aller où ?»

Cynthia, la tante de Frédérik, raconte que la famille de ce dernier n’a pas toujours habité cet endroit. Elle confie que c’est à la suite de problèmes conjugaux que la mère du garçonnet a décidé d’emmener sa famille vivre à La Ferme, chez sa mère. «Elle était la seule à travailler et ne pouvait plus joindre les deux bouts. Elle a alors décidé de venir ici. Mais, les problèmes sont loin d’être terminés. On nous demande de quitter les lieux car le terrain où on habite n’appartient pas encore à notre mère», explique notre interlocutrice.

«Partir oui, mais pour aller où ?» C’est une question que Cynthia et sa sœur, la maman de Frédérik, ne cessent de se poser. Et des démarches pour devenir propriétaire, elles les ont enclenchées. En vain. Elles se font refouler à chaque fois. «Ma mère a même dit qu’elle pouvait payer. Nous allions l’aider à le faire. Certes nous n’avons pas de quoi payer un gros montant mensuellement, mais nous n’avons pas refusé de le faire. Cependant, il semblerait qu’il n’y ait aucune solution pour nous», fait ressortir Cynthia, le regard perdu en direction de la montagne.

Frédérik est le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Sa mère ayant eu des soucis avec son époux, a pris son courage à deux mains et a déserté le toit conjugal. Depuis, elle est seule à faire de son mieux pour subvenir aux besoins de ses enfants mais «li bien difisil» concède Cynthia. Entre les frais de notaire pour le partage de terrain, les histoires d’héritage familial et l’avenir des enfants à assurer, les temps sont durs pour cette mère de famille.

Frédérik, aujourd’hui âgé de neuf ans, et sa sœur.

À travers les photos capturées de Frédérik, ce sont des messages poignants qu’il a voulu faire passer, explique Sitti. Des clichés qui traduisent la pauvreté et en même temps l’innocence d’un enfant qui sourit malgré tout. Même si cette fois, le garconnet portait chemise et short, mais toujours sans savates, la vie de Frédérik et les conditions déplorables dans lesquelles il vit n’ont pas changé durant toutes ces années. Chez lui, la cuisine, les devoirs, les douches et les dîners se font aux chandelles. Quid des jeux ? «Nou zwé dan karo kann, dan simé later», dit le bonhomme sourire. «Mé nou bizin fer tansion ena loto pass brit ek zet later lor nou.»

Un fait que confirme Sitti. «À chaque fois que je suis dans le coin avec des amis pour courir un peu, je réprimande au moins deux conducteurs. Ils roulent n’importe comment ici. Sans parler de la poussière que cela cause vu que c’est un sentier de terre.» De poursuivre que «ce n’est pas normal que des personnes soient laissées dans ces conditions alors qu’il y a des personnalités politiques qui vivent dans les parages».