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Amiens-Lille: la barrière au centre de l’enquête

3 octobre 2017, 02:57

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Amiens-Lille: la barrière au centre de l’enquête

Deux jours après l’accident spectaculaire qui a fait 29 blessés lors du match Amiens-Lille, l’expertise technique débutée lundi au stade de la Licorne se concentre sur la barrière qui a chuté sous le poids de dizaines de supporteurs lillois.

Au surlendemain de l’accident dont les images impressionnantes ont tourné en boucle sur les télévisions ce weekend, un expert requis par le parquet «sur les questions de métallurgie et d’installation» ainsi que la PJ d’Amiens et la police scientifique ont été à l’oeuvre lundi après-midi au stade d’Amiens, a indiqué le procureur d’Amiens, Alexandre de Bosschère.

Des responsables du stade, propriété de la métropole d’Amiens, seront entendus dans la semaine, dans le cadre de cette enquête en flagrance ouverte pour «blessures involontaires».

Le parquet a indiqué avoir d’ores et déjà reçu les plaintes du Losc, de la Ligue de football professionnel (LFP), de la Fédération française de football et de plusieurs supporteurs blessés.

Le Losc a annoncé sur son site internet son intention «de se porter partie civile le moment venu devant la juridiction qui sera saisie de l’affaire», souhaitant que «toute la lumière soit faite sur les causes de l’incident».

Les auditions de victimes se sont poursuivies lundi, notamment au commissariat de Lille. Pour neuf d’entre elles, des ITT (incapacité totale de travail) comprises entre un et six jours ont été prononcées. Toutes ont pu quitter l’hôpital dimanche.

Au coeur des interrogations figure la solidité des barrières en acier galvanisé de la tribune où étaient parqués 456 supporteurs lillois. Et «au vu des images, ils étaient bien 200 à descendre lors du but» de Lille, à la 16e minute du match, qui a provoqué l’effondrement des barrières, selon M. de Bosschère.

Parmi eux, le stadier lillois Jean-Claude Buisine, qui a déclaré dans l’Equipe lundi que les grilles de cette tribune latérale avaient «énormément de jeu».

M. de Bosschère, qui a rencontré M. Buisine à l’hôpital d’Amiens, a confirmé que ce responsable lui avait fait part à cette occasion de ce problème. «Et si cela a été porté à la connaissance de quelqu’un (comme l’indique ce stadier, ndlr), nous allons le vérifier», a affirmé le magistrat.

'Descentes' de supporteurs

Le club d’Amiens assure par la voix de son président Bernard Joannin, interrogé par l’AFP, qu’il n’a «pas du tout été prévenu» le soir du match.

Il souligne au contraire que «la commission de sécurité, qui était au stade jeudi», avait «donné son feu vert» et que son club n’est que «locataire» de cette enceinte de 12.000 places, inaugurée en 1999, en travaux de rénovation toute la saison.

«Le fond du problème, ce sont ces 'descentes' de supporteurs en cas de but. Elles sont très dangereuses pour leur sécurité. En 2-3 secondes, vous avez l’équivalent de 20 à 25 tonnes qui arrivent contre une barrière. J’en appelle à un dialogue sur cette question», a-t-il ajouté.

Bastien Ratel, le président de l’association Tribune Nord Amiens, qui fait face à celle d’où sont tombés les fans du Losc, a de son côté confié à un correspondant de l’AFP n’avoir «jamais vu autant de mecs descendre en même temps d’une tribune, c’est une première».

Un autre supporteur de cette association assure, lui, sous couvert d’anonymat, que la barrière de cette tribune nord ne présente aucun problème: «je suis toujours assis dessus pour haranguer les supporteurs. Les garde-corps de la tribune Nord ne bougent pas, ils sont solidement fixés au béton. J’emmène parfois mes enfants avec moi, je ne le ferais pas si ces barrières bougeaient, ne serait-ce que de quelques centimètres».

Le procureur relève pour sa part: «Il y a dans ce dossier deux points importants à mes yeux: la solidité que doit avoir ce type de barrières, et l’habitude prise par les supporteurs de s’agglutiner en cas de but, ce qui soulève la question de l’équipement des tribunes».