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Catastrophes naturelles: super cyclone, quels risques pour nous ?

13 septembre 2017, 01:45

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Catastrophes naturelles: super cyclone, quels risques pour nous ?

Le 15 novembre, c’est la date estimée par la station météorologique de Vacoas comme le début de la saison cyclonique dans l’océan Indien. À l’autre bout du monde, dans l’océan Atlantique, la saison des ouragans bat son plein. Et la puissance d’Irma surtout, qualifiée d’ouragan du siècle, inquiète avec des vents frôlant les 300 km/h et un diamètre de pratiquement 1000 km. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, Maurice a eu de la chance de ne pas avoir eu un système cyclonique si puissant dans ses parages. Le dernier en date était Dina en 2002. Mais cela ne met pas le pays à l’abri pour autant. Rien n’empêche un cyclone de puissance similaire de frapper le pays.

«On ne peut affirmer avec certitude pourquoi les cyclones les plus puissants ne sont pas passés sur Maurice. Le passage d’un cyclone, c’est de la chance ou de la malchance. C’est pratiquement impossible d’expliquer pourquoi», estime Phillppe Veerabadren, prévisionniste à la station météorologique de Vacoas. «On ne peut pas prédire avec exactitude et largement à l’avance le parcours d’un cyclone.»

Le changement climatique a un rôle certain à jouer dans l’intensification des cyclones et des ouragans. Ceux-ci ne sont pas forcément plus communs mais surtout beaucoup plus puissants. En cause, le ni- veau de plus en plus élevé de la température moyenne des eaux de surface dans les zones de formation et de transit des cyclones. C’est ce qui leur permet d’être de plus en plus dangereux.

«Entre les vents et la force des vagues, des pans entiers de plage disparaîtront et la mer gagnera l’intérieur des terres.»

«La température de l’eau est l’essence même du moteur d’un cyclone ou d’un ouragan. L’eau chaude donne sa puissance au cyclone avant qu’il perde en énergie lorsqu’il rencontre une masse terrestre», explique Prem Saddul, consultant environnemental. «Dans la région de l’océan Indien depuis quelque temps, les cyclones qui passent dans le canal du Mozambique en direction du Sud ne deviennent pas très puissants. Par contre, un cyclone se formant près de l’équateur et qui ne se dirige pas vers d’importantes masses terrestres traverse des eaux plus chaudes aux alentours de 26 à 28 degrés Celsius en moyenne. Ces cyclones deviennent très puissants.»

Les images d’Irma la semaine dernière ont été marquantes, les îles des Caraïbes directement sur sa trajectoire ayant été dévastées. Un puissant cyclone ne sera pas tendre envers Maurice. Au cours des dernières années, le développement urbain sans planification et le changement climatique ont mis une pression supplémentaire sur l’île.

L’eau chaude favorise l’intensification des sytèmes cycloniques.

«Beaucoup de choses ont changé depuis le dernier cyclone puissant à Maurice, le développement urbain a grandement augmenté, il y a plusieurs choses que l’on ne peut prévoir avec l’arrivée d’un cyclone de la force d’Irma», avance pour sa part Subiraj Sok Appadu, ancien directeur de la station météorologique de Vacoas.

«On peut prendre l’exemple de nos réservoirs construits il y a des décennies. On a l’habitude de dire que les pluies d’un cyclone sont bénéfiques aux réservoirs. Cependant, on ne sait pas s’ils peuvent tenir des précipitations allant jusqu’à plusieurs milliers de millimètres d’eau.»

C’est non seulement l’état des constructions humaines et des bâtiments mais aussi celui des sols qu’il faut considérer. Ajouté à cela, l’état des zones inondables comblées au cours des années ou encore les régions où les sols peuvent se fragiliser comme le flanc des montagnes, ont vu une exposition dans les dernières dix à 15 ans. Et ensuite l’urbanisation sur le littoral, emplacement convoité pour son attrait, figure parmi d’autres risques auxquels le pays doit être prêt.

Il est impossible de dire avec certitude comment va réagir le littoral, qui a été grandement fragilisé par l’impact direct et indirect de l’Homme et de l’érosion. Un puissant cyclone changerait complètement la morphologie de nos plages.

«Les plages du sud-ouest ont l’habitude de voir de puissantes vagues les battre mais avec un cyclone le sens des vagues change drastiquement», ajoute Prem Saddul. «Entre les vents et la force des vagues, des pans entiers de plage disparaîtront et la mer gagnera l’intérieur des terres.»

Le littoral sera dure- ment frappé par les houles et certaines plages de plein fouet. «Dans le passé, plusieurs plages ont complètement disparu après des cyclones», continue Subiraj Sok Appadu. «Ce ne serait pas la première fois que cela arriverait.»

Les méthodes pour réduire l’érosion pourraient permettre de ralentir les effets d’un cyclone sur les plages, mais rien n’est garanti. De plus, comme pour l’érosion, une méthode qui fonctionnerait à un endroit ne donnerait pas forcé- ment les mêmes résultats à un autre. Ce qui est certain, par contre, c’est que face à un cyclone, avec ne serait-ce que la moitié de la force d’Irma, l’Homme ne peut que se préparer au pire et espérer s’en sortir.

Des systèmes d’alerte en place

<p>Pour tenter de faire face aux intempéries, le ministère de l&rsquo;Environnement a mis les bouchées doubles depuis l&rsquo;année dernière afin d&rsquo;installer un système de pré- vention à la pointe de la technologie. Pour ce faire, l&rsquo;Early Warning Emergency Alert System (EWEAS) est en cours de conception et si l&rsquo;on reste dans les temps impartis, sa mise en route devrait intervenir d&rsquo;ici fin 2018-début 2019. Mais le gouvernement ne veut pas en rester là. Une carte des zones les plus dangereuses et une planification pour ces zones est en train d&rsquo;être conçue pour limiter les dégâts que causeraient des catastrophes naturelles. Des plans ont aussi été établis pour maintenir les centres de refuges et les services de prévision à la pointe de la technologie afin d&rsquo;avoir le temps d&rsquo;évacuer et de protéger la population des zones à risques.</p>