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Au Nicaragua, le combat de quelques passionnés pour sauver le tapir

4 septembre 2017, 17:55

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Au Nicaragua, le combat de quelques passionnés pour sauver le tapir

Treize tapirs se prélassent dans la broussaille d'un zoo à Ticuantepe, dans l'est du Nicaragua, après avoir dévoré des feuilles et des fruits. Tous sont nés dans le cadre d'un programme de reproduction pour tenter de sauver l'espèce.

De couleur brune, ces animaux trapus à courte trompe ont vu le jour dans un espace clos à quelques kilomètres du turbulent volcan Masaya. Ils consomment chaque jour neuf kilos de feuilles, de fruits et d'aliments pour chevaux, sont pesés régulièrement et surveillés avec des caméras.

Un programme de reproduction aux petits soins, dirigé par l'expert en faune sauvage Eduardo Sacasa. «Ici, ils sont bien alimentés», souligne-t-il. A tel point que Pamka, un mâle de trois ans qui jouit d'un grand enclos arboré, a été mis au régime «car il est très gros».

Lui et ses douze congénères ignorent qu'au dehors le danger les guette: il ne reste plus au Nicaragua que 800 tapirs de Baird, l'une des cinq espèces au monde et le plus grand mammifère d'Amérique centrale.

Le tapir de Baird est classé en danger d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

C'est même le quadrupède «le plus menacé» de disparition au Nicaragua, relève M. Sacasa, «en raison de la déforestation à tout-va, de l'avancée des terres agricoles, de la vente illégale et de la chasse (illégale elle aussi), car la population les mange».

Vivant dans la jungle de la côte Caraïbe, cet animal paisible et herbivore est aussi la proie de félins comme le jaguar et le puma.

 Animaux sédentaires 

Alors au zoo de Ticuantepe, on essaie de le reproduire. Non sans mal car le tapir a une longue gestation -14 mois- et ne met au monde qu'un bébé à la fois.

Trois femelles sont actuellement enceintes, dont Rosita, 12 ans, et Pueblana, neuf ans - chaque tapir a été baptisé.

Bientôt Schtroumpf, Maya, Yoltic ou encore Kiwi seront libérés progressivement dans leur milieu naturel.

Mais pour cela, il faut l'assurance qu'ils ne seront pas exterminés, prévient Eduardo Sacasa. Ainsi, un couple devait être relâché il y a trois ans mais au dernier moment l'opération avait dû être annulée, les conditions de sécurité ayant été jugées insuffisantes.

Tilba, un mâle de deux ans supposé s'adapter plus facilement en raison de son jeune âge, doit effectuer bientôt son entrée en scène: l'armée le transportera par hélicoptère jusqu'à une réserve de la côte Caraïbe, difficile d'accès par voie terrestre.

Là-bas, l'équipe du programme de conservation a repéré une femelle avec laquelle il pourrait se mettre en ménage.

Eduardo Sacasa a commencé à étudier le comportement des tapirs il y a vingt ans avec un expert de l'université américaine du Michigan, Christopher Jordan, en mettant en place un suivi des animaux grâce à des colliers satellitaires et 150 caméras placées dans la jungle.

Son ambition ? Développer encore le programme de conservation et «présenter au gouvernement les alternatives pour sauver le tapir».

 3 000 en Amérique centrale 

A l'échelle de l'Amérique centrale, il resterait environ 3.000 tapirs de Baird, selon les organisations de défense de l'environnement.

Un chiffre qui pourrait chuter de 80% dans les prochaines années «si des mesures de conservation ne sont pas mises en place», s'alarme l'UICN dans un rapport, alors que cette population a déjà «diminué de plus de 50% au cours des trois dernières générations».

Ces animaux à la petite trompe, qui leur sert à attraper de la nourriture, pèsent 200 à 300 kilos, vivent entre 15 et 40 ans et sont plutôt sédentaires, se déplaçant dans un rayon de seulement neuf kilomètres.

S'attaquer à leur lieu de vie les met directement en danger. Or plus de 70% des zones forestières d'Amérique centrale ont disparu en 40 ans, victimes de la déforestation ou d'altérations, selon l'UICN.

<p content="Et le tapir a aussi &amp;eacute;t&amp;eacute; &amp;quot;constamment chass&amp;eacute;&amp;quot;, pris&amp;eacute; notamment pour son cuir mais aussi pour sa chair." type="text">Et le tapir a aussi été<em> &laquo;constamment chassé</em>&raquo;, prisé notamment pour son cuir mais aussi pour sa chair.</p>

<p content="- Toujours moins de for&amp;ecirc;ts -" type="text"><strong>Toujours moins de forêts&nbsp;</strong></p>

<p content="Au Nicaragua, les tapirs qui vivaient dans les r&amp;eacute;gions de la c&amp;ocirc;te Pacifique ont d&amp;eacute;j&amp;agrave; disparu, explique &amp;agrave; l'AFP le g&amp;eacute;ographe Jaime Incer, conseiller du gouvernement sur les th&amp;egrave;mes environnementaux." type="text">Au Nicaragua, les tapirs qui vivaient dans les régions de la côte Pacifique ont déjà disparu, explique à l&#39;AFP le géographe Jaime Incer, conseiller du gouvernement sur les thèmes environnementaux.</p>

<p content="Le ph&amp;eacute;nom&amp;egrave;ne risque de s'accentuer encore car le pays perd chaque ann&amp;eacute;e 50.000 &amp;agrave; 60.000 hectares de for&amp;ecirc;ts, dit-il." type="text">Le phénomène risque de s&#39;accentuer encore car le pays perd chaque année 50 000 à 60 000 hectares de forêts, dit-il.</p>

<p content="Le tapir est l'un des 28 mammif&amp;egrave;res menac&amp;eacute;s par la d&amp;eacute;gradation de l'&amp;eacute;cosyst&amp;egrave;me nicaraguayen, comme le fourmilier, le jaguar, le puma, le singe hurleur ou le sapajou capucin, selon Eduardo Sacasa." type="text">Le tapir est l&#39;un des 28 mammifères menacés par la dégradation de l&#39;écosystème nicaraguayen, comme le fourmilier, le jaguar, le puma, le singe hurleur ou le sapajou capucin, selon Eduardo Sacasa.</p>

<p content="Le projet pharaonique de canal du Nicaragua, qui traversera le pays de part en part pour faire concurrence au canal de Panama, ne va pas arranger la situation, s'inqui&amp;egrave;tent les &amp;eacute;cologistes." type="text">Le projet pharaonique de canal du Nicaragua, qui traversera le pays de part en part pour faire concurrence au canal de Panama, ne va pas arranger la situation, s&#39;inquiètent les écologistes.</p>

<p content="Ce chantier long de 278 kilom&amp;egrave;tres affectera 17 esp&amp;egrave;ces en danger, dont le tapir, admet le rapport d'impact environnemental du groupe chinois HKND, son promoteur." type="text">Ce chantier long de 278 kilomètres affectera 17 espèces en danger, dont le tapir, admet le rapport d&#39;impact environnemental du groupe chinois HKND, son promoteur.</p>