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Double meurtre à Valton: les zones d’ombre encore nombreuses

24 août 2017, 20:03

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Double meurtre à Valton: les zones d’ombre encore nombreuses

Le 30 août, cela fera un mois depuis que leurs corps sans vie ont été retrouvés, dans une voiture, au fond d’un ravin. Neha et Navin ont été sauvagement égorgés. L’époux de la jeune femme a été arrêté, alors que la police essaie toujours de rassembler les pièces du puzzle.

Elle s’appelait Neha Ghoorah, elle habitait Terre-Rouge. Elle avait 25 ans. Lui s’appelait Navin Gunputh, il habitait à Îlot, était âgé de 40 ans. Avant que Neha ne se marie à un autre, les deux victimes de ce crime sordide étaient «ensemble». Et, le 30 juillet, tous deux ont été retrouvés dans une voiture, au fond d’un ravin, à Valton. Ils avaient été égorgés. L’époux de Neha, Yousouf Nurudin, a été arrêté…

Ce sont des dévots, venus faire leurs prières du dimanche, à cet endroit, qui ont fait la macabre découverte. Dans la Honda grenat, une vision d’horreur qu’ils n’oublieront pas de sitôt. En y regardant de plus près, ils aperçoivent un homme et une femme. Qui ont de profondes entailles à la gorge.

Pétrifiés dans un premier temps, puis affolés, les dévots alertent la police. Les grosses pluies de la veille rendent la manœuvre difficile pour les experts. Mais ils finiront par retirer la voiture du ravin. Et en extirper les corps.

Le public crie son dégoût face à un tel acte de barbarie. «L’affaire» fait les gros titres des journaux. Les enquêteurs sont sur le pied de guerre afin de résoudre ce mystère. Peu à peu, ils reconstituent les pièces de ce complexe puzzle.

Selon les informations qui ont filtré jusqu’ici, Neha aurait quitté la maison conjugale, sise à Terre-Rouge, dix jours avant que son corps ne soit découvert, soit le 20 juillet. Pour se rendre à son travail, dans une coopérative appartenant à son oncle, située à Montagne-Longue. C’est son mari Yousouf qui serait allé la déposer.

Ce dernier lui aurait demandé si elle voulait qu’il la récupère après le boulot, mais elle aurait répondu par la négative. Elle avait apparemment appelé Navin pour qu’il vienne la chercher. Celui-ci aurait débarqué aux alentours de 14 heures. Vers quel endroit se sont-ils dirigés ? Qu’ont-ils fait après ? Comment leur chemin a-t-il croisé celui de leur meurtier ? Les zones d’ombre sont nombreuses…

Yousouf a signalé la disparition de Neha le vendredi 21 juillet. Face aux enquêteurs, il a rejeté les accusations de meurtre faites à son encontre. «Mo ti al kit li travay vandrédi. Apré travay, li’nn dir mwa li pou al kot so mama. Mo’nn avoy li mésaz, li’nn dir mwa pas vinn pran li, li pé dres lili, li pou vinn lakaz apré. Mo’nn vinn kot mo belmer, mo’nn téléfonn li. Li’nn pa pran ditou. Pa’nn tann li ditou. Dépi sa, pa gagn okenn nouvel...» Cet habitant de Terre-Rouge avait contracté le mariage civil avec Neha en mars. La cérémonie religieuse, elle, a eu lieu en mai. Mais tout cela semble bien loin, désormais…

Par ailleurs, Yousouf a déclaré qu’un «chauffeur» avait aperçu son épouse dans une voiture, le jour de sa disparition, vendredi, alors qu’un policier l’aurait vue au poste de police de Montagne-Longue.

Une version mise à mal par un témoin oculaire, qui affirme qu’elle a assisté à une scène lors de laquelle Yousouf se disputait avec Neha et Navin, sur l’autoroute, à Valton. Lors de la parade d’identification, qui a eu lieu le vendredi 18 août, le témoin a formellement identifié Yousouf. Mais elle a omis de préciser la date à laquelle a eu lieu la dispute.

Mais faisons quelques pas en arrière. Le vendredi 21 juillet, à midi, Yousouf s’est donc rendu à la station de police de Montagne-Longue pour signaler la disparition de sa femme. Une «precautionary measure», dit-on dans le jargon. Ce jour-là, les policiers ont même accompagné Yousouf jusqu’au domicile de Navin, à Îlot, afin de voir si Neha y était. Mais la maison était désespérément vide.

Depuis le drame, les langues se délient. Certains amis et proches acceptent de se confier. Nombreux sont ceux qui affirment que Yousouf était éperdument amoureux de Neha. Les mauvaises langues vont même jusqu’à affirmer que le mari était au courant du fait que sa femme entretenait une liaison avec son «ex»… Était-ce la goutte de trop ? La jalousie est-elle le motif de ce crime ? Pour l’instant, les seules certitudes demeurent des suppositions…

Toujours est-il que, pendant son interrogatoire, Yousouf Nurudin a expliqué que les disputes étaient fréquentes au sein de son couple. Une des raisons avancées : Navin continuait, selon ses dires, à envoyer des textos à son épouse. «Mo fam ti sové avek li enn semenn apré ki nou ti maryé», avait-il raconté aux policiers. Yousouf a même allégué que Neha avait pour habitude de fuguer.

Des voisins racontent, pour leur part, que la jeune femme n’était pas «libre» de faire ce «qu’elle voulait» sous le toit conjugal. Elle avait un «mode de vie» qui n’était pas permis chez les Nurudin, disent d’aucuns. Navin représentait, en quelque sorte, une échappatoire, relatent ceux qui l’ont côtoyée. Neha voulait apparemment épouser Navin. Mais son père était contre cette relation. Cela, à cause d’une histoire d’âge, Navin étant âgé de 40 ans et Neha de 25 ans, rappelons-le.

Ranjit Ghoorah, le père de Neha, avait ainsi formellement demandé à sa fille de rompre avec son amoureux. Il avait admis, lors de son interrogatoire, que celle-ci entretenait une relation amoureuse avec Navin Gunputh. «Ma fille sortait avec Navin il y a quelques mois de cela. Mais en janvier de cette année, elle m’avait assuré qu’elle l’avait quitté. Lerla li’nn fer moi zwenn Yousouf ek li’nn dir li ki kontan li aster…»

Mais un mois plus tard, selon les dires du père, Yousouf était venu se plaindre. «Il m’avait dit que Neha continuait à voir Navin. Je les ai appelés tous les trois et je leur ai parlé.» Ranjit Ghoorah aurait alors demandé à Neha de se décider, une fois pour toutes. «Elle a répondu qu’elle voulait être avec Yousouf.» Mais, elle continuait à voir Navin, malgré les supplications de ce dernier. «Elle ne m’écoutait pas…»

Qui a tué les «amants maudits» ? Yousouf est, pour l’instant, le principal suspect dans cette affaire. Mais il faudra attendre que les enquêteurs et la justice fassent leur travail. Pour qu’enfin, le mystère du crime de Valton soit résolu.

Autopsie

<p>Ils ont été égorgés. Les Dr Sudesh Kumar Gungadin et Maxwell Monvoisin avaient attribué le décès de Neha Ghoorah et de Navin Gunputh à un <em>&laquo;slash wound to the neck&raquo;</em>, selon le rapport de l&rsquo;autopsie. Mais d&rsquo;autres traces de blessures ont été décelées sur les victimes. Neha présentait des coupures à l&rsquo;abdomen et au cou. Quant à Navin, il avait reçu deux coups de couteau à la gorge et portait des blessures au bras gauche. Des débris de bouteille avaient également été retrouvés sur le lieu du crime.</p>

L’enquête

	<p>Les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) ont effectué une descente au domicile de Yousouf Nurudin, hier. Ils ont ensuite sillonné les moindres coins et recoins de Crève-Cœur, là où habitait Neha avant de se marier. Les limiers se sont également de nouveau rendus sur le lieu où la motocyclette de Yousouf a été retrouvée, au milieu d&rsquo;un champ de canne, à Valton. Il l&rsquo;avait enfourchée dès qu&rsquo;il avait appris que le corps de sa femme ainsi que celui de Navin avaient été retrouvés. Les policiers l&rsquo;ont alors cueilli sur place. Même si les indices tendent à grossir le dossier à charge contre Yousouf Nurudin, celui-ci continue à nier les faits qui lui sont reprochés. La police n&rsquo;écarte d&rsquo;ailleurs pas la possibilité que d&rsquo;autres personnes puissent être impliquées dans ce double homicide.</p>
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