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Sunil Herkanaidu: aveugle, il voit la vie du bon côté

23 août 2017, 21:30

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Sunil Herkanaidu: aveugle, il voit la vie du bon côté

Lui, n’est pas du genre à attendre qu’on lui donne quoi que ce soit. «J’ai toujours fait des efforts. Dans la vie, j’ai toujours persévéré.» Sunil Herkanaidu, âgé de 57 ans, est aveugle. Mais pas question pour cet habitant de Surimam de s’apitoyer sur son sort. Il a fait de son handicap sa force et de l’indépendance, son credo. 

Décidé à mener une vie normale, il s’est surpassé. Une détermination qui lui permet de poursuivre sa longue carrière de téléphoniste. Cela fait, en effet, 19 ans que Sunil Herkanaidu a pris de l’emploi au sein du Central Electricity Board (CEB). 

«J’ai commencé à travailler au sein de la compagnie en décembre 1998. J’ai exercé pendant six mois à Fort Georges avant d’être transféré dans un bureau à Souillac», raconte le téléphoniste que nous avons rencontré lors de sa pause-déjeuner. C’est d’ailleurs sans aucun problème que Sunil Herkanaidu circule pour regagner son poste qui se trouve à l’étage. 

Mais n’est-ce pas compliqué au quotidien ? Non, affirme l’homme qui dit se fier à sa mémoire et à son instinct. «Je ne connais pas les visages mais les voix. Là où je travaille, c’est plus de 200 voix que j’arrive à identifier et je n’ai pas besoin de demander les noms. J’ai aussi mémorisé plus de 5 000 numéros, faute de pouvoir avoir recours à un annuaire à chaque fois.»

«Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre de la joie et de la bonne humeur dans ma vie.»

Sunil Herkanaidu n’est pas né aveugle. C’est à l’âge de trois ans et demi qu’il a perdu la vue. Toutefois, sa famille et lui n’ont jamais perdu espoir. «J’avais de la famille en Angleterre qui me parlait toujours du métier de téléphoniste où les aveugles excellaient. En effet, dans ce métier, ils ont seulement besoin de leurs oreilles attentives et de leur voix», explique-t-il. C’est ainsi qu’il a entamé des cours à l’école des aveugles, lui permettant de se lancer dans ce métier. 

Selon le téléphoniste, tout ne réside pas dans la voix uniquement. Il faut aussi avoir une attitude adaptée envers les abonnés et les autres employés. «Tout ce que je fais, je le fais avec mon cœur et mes sentiments. Téléphoniste est un travail commercial mais également relationnel. Nous sommes les premiers représentants de l’image de la compagnie. Il faut donc donner satisfaction», fait ressortir Sunil Herkanaidu. 

Si aujourd’hui il travaille dans un endroit non loin de son domicile, il confie que cela n’a pas toujours été le cas. «Avant d’intégrer le CEB, j’ai travaillé chez AJ Maurel Construction qui se trouve à Roches-Bois, à Blanche Birger, à Port-Louis ou encore à Phoenix Beverages. J’ai aussi travaillé à l’école des aveugles et je me suis tout le temps déplacé en autobus car j’ai appris à voyager seul.» 

Quid de sa vie familiale ? Sunil Herkanaidu est marié et père de deux filles. «À la maison, je fais tout comme une personne normale ; je cuisine et je nettoie moi-même ma voiture. J’aime quand elle est bien polie.» 

Certes, poursuit Sunil Herkanaidu, «ce n’est pas facile de vivre avec un handicap, mais je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre de la joie et de la bonne humeur dans ma vie». Cet amoureux de musique est cependant conscient que tous n’ont pas la même chance que lui. «Si le gouvernement donnait suffisamment de chance à toutes les personnes qui sont dans la même situation que moi, nous serions tous extrêmement heureux.» 

Une publication du quotidien BonZour !