Publicité

[Vidéo] CGS Valiant et Dhruv: deux fils du sol à la barre

16 août 2017, 22:35

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

[Vidéo] CGS Valiant et Dhruv: deux fils du sol à la barre

La National Coast Guard et le Police Helicopter Squadron ont chacun un commandant indien à leur tête. Et, à leurs côtés, évoluent deux Mauriciens: Outam Kumar Guness, commandant du navire CGS Valiant, qui a été mis à l’eau le mercredi 16 août, et Sachin Santuck, qui est aux commandes de l’hélicoptère Dhruv. Zoom sur ces deux officiers.

<div data-video="jw" data-video-src="lQD4eAUC"></div>

Le SP Outam Kumar Guness à la barre

Vêtu de son uniforme d’une blancheur immaculée et de sa casquette de commandant du CGS Valiant, le surintendant de police (SP) Outam Kumar Guness est déjà dans son rôle. Son équipage et lui se préparent à la mise à l’eau de ce Waterjet Patrol Boat (NdlR, la cérémonie de lancement de ce nouveau navire a eu lieu le mercredi 16 août), qui a été assemblé en Inde par la Goa Shipyard Limited pour le compte de la National Coast Guard (NCG).

Si aujourd’hui il se dit fier d’être le premier Mauricien aux commandes de ce patrouilleur qui peut être comparé au CGS Victory ou au CGS Barracuda, sa tâche n’a pas été si facile. C’est en 1992 qu’Outam Kumar Guness rejoint la force policière en tant que constable à la NCG. Il fait partie du groupe République, qui comprend une centaine de policiers. «Nous avions une formation de neuf mois, dont trois axés sur le côté maritime.» Ensuite, il rejoint le Maritime Air Squadron comme Cadet Officer Pilot. Il figure parmi les cinq officiers retenus pour une formation en Inde, en 1994.

À son retour, il postule pour être Cadet Officer Executive à la NCG. Il est affecté au CGS Guardian, un bateau de 35 mètres de long, pendant quatre ans. Ensuite, il rejoint une formation de la marine indienne pendant quatre ans. «Grâce à la formation, j’ai connu l’Eastern, le Western et le Southern Command, toute la flotte de la marine indienne. J’ai même fait une sortie en sous-marin.»

Pendant sa formation, il participe au Kargil War sur l’INS Tir. «C’était une grande expérience. Ici, nous ne sommes pas en guerre. Maurice est si paisible. Là-bas, toute la flotte est mobilisée et reste en alerte. La marine indienne s’assure qu’aucun bateau ennemi n’entre dans sa zone territoriale.» À son retour, le SP Guness suit une formation pour être le troisième officier de bord sur les bateaux de 75 et 100 mètres.

Ensuite, il postule pour être sur le CGS Vigilant et entreprend des sorties à Agalega, St-Brandon et Rodrigues. Une des sorties qui l’ont marqué à bord du CGS Vigilant reste l’arraisonnement du bateau de pêche sri lankais le Madhu Sani, qui pêchait illégalement dans les eaux territoriales de Maurice. Place ensuite au CGS Observer, où il postule pour devenir capitaine. Cette casquette, il la porte pendant 12 ans. «C’est ce qui m’a fait postuler pour être le commandant du CGS Valiant.»

De 2010 à 2014, il est posté au quartier gé- néral de la NCG comme Chief Staff Officer Administration. Il a également été le no 2 du CGS Barracuda, soit en tant qu’Executive Officer, en 2014, l’année où la NCG fait l’acquisition d’un bateau de 75 mètres de long. «M’impliquer dans les aspects de l’administration et de la logistique était une expérience enrichissante. Un bateau est fait de métal. Nou met lavi ladan.» À bord du CGS Barracuda, il se souvient du sauvetage de 12 personnes se trouvant à bord du Patrol One, au large de St-Brandon.

Cette année, alors que la NCG fait l’acquisition du CGS Valiant, il envoie sa candidature pour en être le capitaine. «Pour la première fois depuis 30 ans, un fils du sol est à la barre d’un patrouilleur de 50 mètres, avec 36 membres d’équipage.» La particularité de ce patrouilleur ? «Il peut aller à une vitesse de 35 nœuds (70 km/h).»

Détenteur d’un BA Honours Law & Management de l’université de Maurice, il a également un Masters in International Business du Charles Telfair Institute. Il commence bientôt une maîtrise en droit (LLM) avec l’UCLan. «Pour un tel poste, il est im-portant d’avoir un solide bagage académique.»

Le SP Guness est marié à Jayshree et père de trois fils de 16, 12 et 10 ans. Son pilier central : sa famille. Rester en mer, loin des siens, pendant des jours, a été une dure épreuve au début. Ses qualités ? Les trois «P» – persévérance, patience et passion.

L’ASP Sachin Santuck et son oiseau de fer

Les hélicoptères n’ont pas de secret pour lui. L’Alouette, le Chetak ou encore le Dhruv, il les manie à merveille. Lui, c’est l’assistant surintendant de police (ASP) Sachin Santuck, le seul pilote mauricien aux commandes du Dhruv, appareil acquis par le gouvernement en 2009. Si aujourd’hui il se retrouve à un tel niveau de sa carrière, c’est le fruit de 17 ans de métier à la Police Helicopter Squadron (PHS). Après des études supérieures en ingénierie civile à l’université de Maurice, il se porte candidat comme Abinitio Pilot au sein de la force policière. «Cela m’a pris un an. J’ai dû faire des évaluations médicales et physiques. Puis, j’ai rejoint la force policière en 1999.»

Il est pilote d’aviation au sein du Maritime Air Squadron et du Helicopter Squadron. Puis, il est posté au quartier général de la NCG pendant six mois pour une formation générale. Ensuite, direction le Maritime Air Squadron pour une période de deux ans. Là-bas, il attend les examens de PilotAptitude & Battery Test (PABT). «C’est un examen primordial pour vérifier les réflexes psychomoteurs et les aptitudes. Ce n’est qu’après cela qu’on devient pilote.»

En février 2001, l’ASP Santuck est transféré au PHS pour être tout simplement pilote d’hélicoptère. Un choix qu’il ne regrette pas aujourd’hui, même s’il voulait être pilote d’avion. Six mois plus tard, il se rend à Dehradun, en Inde, pour un PABT, mené par l’Indian Air Force.

À son retour, il débute avec l’Alouette et suit une formation de Maintenance Conversion Flight. Par la suite, il suit l’Aviation Ground Subjects, qui comprend notamment l’aérodynamique, la météo, la performance humaine, la communication radio et la navigation. «Cela prend deux ans pour une formation sur l’Alouette

À cette époque, la force policière trouvait qu’il lui fallait un plus gros hélicoptère, soit un bimoteur, pour faire des sauvetages en pleine mer et transporter plusieurs passagers. C’est ainsi qu’en mars 2009, le Dhruv vient agrandir la flotte du Helicopter Squadron. «Il y a eu un exercice de sélection à passer. Les pilotes de l’escadron ont fait acte de candidature pour l’examen écrit et pour l’entretien.»

Trois pilotes sont sélectionnés pour se rendre au Hindustan Aeronautics Ltd en Inde pour suivre la formation de conversion de base. «J’ai suivi ma formation sur le Dhruv pendant un an et demi.» L’ASP Santuck se retrouve en charge de toutes les opérations, en particulier de sauvetage, des vols inter-îles et des opérations spéciales de treuillage avec le Groupement d’intervention de la police mauricienne à bord du Dhruv . «Le Dhruv est équipé d’avioniques de pointe.»

L’ASP Santuck explique que l’Alouette et le Dhruv sont deux hélicoptères très distincts. «Quand un pilote fait la transition entre les deux, c’est comme aller dans un autre monde. Il doit comprendre l’avionique et le système de navigation. C’est ce qui prend du temps. L’appareil est gros et complexe. Il faut avoir un minimum de 1 000 heures de vol et assez d’expérience pour réussir à faire la transition. Je pilote les deux.»

Dans un hélicoptère, confie l’ASP Santuck, chaque pilote a sa responsabilité. «J’ai ma partie de vol à faire. J’ai plus de 2 500 heures de vol, incluant 400 heures à bord du Dhruv. L’appareil peut transporter 14 passagers et offre plus de sécurité.» D’ailleurs, c’est lui qui a été l’épine dorsale des opérations lors du naufrage du MV Benita au large du Bouchon.

Les mauvais souvenirs, ce père de deux enfants ne souhaite pas en avoir. «La sécurité des passagers est sur mes épaules, surtout en mer.» Son meilleur souvenir ? La formation conjointe avec la Force armée zone sud océan Indien, avec le Dhruv. «Il fallait voler à 10 000 pieds d’altitude. Il faisait très froid. On devait tester la puissance de l’hélicoptère.»

Se retrouvant à être le seul commandant de bord habilité à piloter le Dhruv, il confie être très sollicité en ce moment. «Il faut savoir qu’un hélicoptère a un temps de réaction de 15 minutes.» Quid de la vie familiale ? «Quand je suis chez moi, s’il faut tout laisser pour aller travailler, j’y vais. Il faut faire un parallèle entre vie familiale et vie professionnelle.»

Le «CGS Valiant» à l’eau mercredi

La mise à l’eau du CGS Valiant se fait mercredi, en présence du Premier ministre Pravind Jugnauth et de Shekhar Mittal, directeur général de Goa Shipyard Ltd. Le patrouilleur, qui a débuté son voyage inaugural le 24 mai, est arrivé au port le 3 juin. Le CGS Valiant patrouillera les eaux territoriales pour contribuer à la lutte contre la piraterie, la contrebande et le trafic de drogue. Le navire sera aussi utilisé lors des opérations de recherche et de sauvetage. Selon le SP Guness, l’équipage de 36 personnes a été formé «par des pays amis», notamment l’Inde, la France et les États-Unis.

Un organisme créé pour la recherche et le sauvetage

Le projet visant à mettre sur pied une organisation qui coordonnera les activités de recherche et de sauvetage (Search and Rescue), en cas de graves accidents en mer, prend forme. Le ministère de l’Économie océanique et de la pêche travaille sur le plan directeur qui jettera les bases pour la création de cette National Maritime Search and Rescue Organisation (NMSRO). La sécurité en mer sera ainsi renforcée.

Maurice a ratifié l’International Convention on Maritime Search and Rescue de 1979. Cette convention veut que les pays signataires mettent en place une organisation de recherche et de sauvetage pour agir avec rapidité en cas d’accident en mer. La NMSRO devra faire la coordination avec les organismes tels que la National Coast Guard, les sapeurs-pompiers du port, la Mauritius Ports Authority, et d’autres acteurs du secteur maritime.

La NMSRO fera la coordination pour des opérations dans les eaux mauriciennes en cas d’amerrissage ou de crash d’un avion en mer, de naufrage (du style du MV Benita au large du Bouchon en juin 2016), de difficulté en mer ou d’incendie à bord des navires, entre autres. Maurice devra également se mettre en relation avec ses homologues de la région pour opérer dans la vaste zone de recherche qui couvre quelque 4,9 millions de km². Des engins submersibles pourront être utilisés par des compagnies locales et étrangères lors des opérations de sauvetage et aussi pour des expéditions sousmarines privées.

 La NMSRO aura le mandat de mener des enquêtes sur les accidents en mer. Elle pourra même traduire les responsables de ces accidents maritimes devant la justice.

Le «CGS Valiant» patrouillera les eaux territoriales pour lutter contre la piraterie, la contrebande et la drogue