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Afrique du Sud: le parlement se prononce sur la motion de défiance contre Zuma

8 août 2017, 11:08

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Afrique du Sud: le parlement se prononce sur la motion de défiance contre Zuma

Le parlement sud-africain devait voter mardi à bulletins secrets la motion de défiance envers le chef de l'Etat Jacob Zuma, l'opposition espérant ainsi rallier des députés du parti au pouvoir, l'ANC, pour le faire tomber.

Les critiques contre M. Zuma au sein du Congrès national africain (ANC), le parti de feu Nelson Mandela, ne cessent de croître alors que le président est empêtré dans une série de scandales politico-financiers et que l'économie du pays est en récession.

Pour être adoptée, la motion de défiance déposée par l'opposition doit recueillir la majorité absolue des voix des députés, soit 201 voix sur 400. Si c'était le cas, le chef de l'Etat et le gouvernement devraient démissionner.

Mais il semble peu probable qu'elle passe. L'ANC, qui possède une confortable majorité de 249 sièges au parlement, a assuré lundi qu'il n'avait «aucun doute sur l'échec de cette motion, comme ce fut le cas pour beaucoup d'autres dans le passé». «Nous ne doutons pas de la loyauté» des députés de l'ANC, a ajouté le parti.

Plusieurs partis d'opposition ont prévu de manifester au Cap mardi, avant la réunion de la cession parlementaire prévue à 14H00 (12H00 GMT).

«Les députés de l'ANC n'ont plus d'excuse maintenant. Ils doivent utiliser leur vote (...) pour destituer Jacob Zuma», a exhorté le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), après la décision surprise lundi de la présidente du parlement, Baleka Mbete, de faire voter la motion de censure à bulletins secrets.

Erosion de l'électorat 

Le président Zuma, 75 ans, au pouvoir depuis 2009 et dont le dernier mandat expire en 2019, a déjà survécu à trois motions de défiance sans bulletins secrets.

«Il est improbable qu'un nombre significatif de députés de l'ANC soient prêts à voter contre leur propre parti», a expliqué l'analyste Daniel Silke à l'AFP.

«Je ne pense pas que l'ANC veuille que l'avenir du président soit dicté par une motion de défiance déposée par l'opposition», a-t-il ajouté.

L'ANC, au pouvoir depuis la fin officielle de l'apartheid en 1994, pourrait plutôt faire son propre ménage en décembre lors de sa conférence nationale, alors que le mandat de Jacob Zuma à la tête du parti arrivera à son terme.

Le parti a mal digéré son revers historique aux élections municipales d'août 2016 et difficilement accepté le limogeage en mars du ministre des Finances Pravin Gordhan, pourfendeur de la corruption, remplacé par un fidèle du président.

Il souffre aussi d'une érosion historique de son électorat. Le secrétaire général de l'ANC, Gwede Mantashe, a reconnu récemment que les scandales de corruption qui entourent M. Zuma pèsent sur l'image du parti.

Les appels à la démission de Jacob Zuma se multiplient donc, venant aussi bien de vétérans de l'ANC, de syndicats que de personnalités politiques, comme M. Gordhan.

Le chef de l'Etat est notamment accusé d'être sous l'influence de la puissante famille d'affaires Gupta. En octobre dernier, un rapport de la médiatrice de la République de l'époque décrivait l'implication de cette famille dans la gestion des affaires de l'Etat et leurs pressions pour obtenir des contrats publics.

Deux noms figurent parmi les favoris pour succéder à Jacob Zuma à la tête de l'ANC: l'actuel vice-président Cyril Ramaphosa, chef des frondeurs anti-Zuma, et Nkosazana Dlamini-Zuma, l'ancienne patronne de l'Union africaine (UA) qui a le soutien du chef de l'Etat, son ex-mari.

Mme Mbete fait aussi partie des candidates possibles. Sa décision lundi d'autoriser un vote à bulletin secret est "surprenante", compte tenu de sa loyauté sans faille jusqu'à présent vis-à-vis de M. Zuma, selon l'analyste Judith February. Mais son annonce est aussi "stratégique", compte tenu de ses ambitions, a-t-elle laissé entendre.