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Projet de loi: interdire les emplois familiaux aux parlementaires oui mais…

7 août 2017, 20:35

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Projet de loi: interdire les emplois familiaux aux parlementaires oui mais…

Peut-on appliquer cette loi de moralisation à Maurice ? Le Parlement français a adopté définitivement le jeudi 3 août 2017 une loi interdisant des emplois aux membres de la famille des ministres, des parlementaires et des élus locaux. Cette loi fait suite à une affaire d’emplois fictifs présumés de l’ex-ministre François Fillon. Interrogés, des parlementaires mauriciens se disent, eux, pas contre un tel projet de loi mais ils émettent quelques réserves…

Maneesh Gobin, Chief Whip, soutient que cette loi, telle quelle, ne peut être appliquée à Maurice. «Je ne crois pas que nous puissions appliquer ce projet de loi, sous cette formule, car Maurice a une petite population et nous allons exclure des compétences. Le principe de ce projet de loi est bien, mais il faut une formule différente pour le contexte mauricien», explique-t-il.

Le cas de Satyajit Boolell

Le Chief Whip cite, en outre, le cas de Satyajit Boolell, qui est devenu Directeur des poursuites publiques (DPP) «après une brillante carrière professionnelle au State Law Office». Ce, alors que son frère, Arvin Boolell, était ministre du Parti travailliste. «Cela ne veut pas dire qu’il ne pouvait devenir DPP. Une telle loi aura des répercussions sur des membres du gouvernement mauricien. En France, c’est différent, il y avait de réels abus.»

«Je suis pour l’application de cette loi quant aux nominations de présidents de conseils d’administration et de conseillers.»

Pour sa part, le député mauve Aadil Ameer Meea se dit favorable à une telle loi, même s’il pense que celle-ci ne peut être appliquée dans toutes les circonstances. «Nous sommes élus par le peuple et ne pouvons nous servir de notre poste pour donner des emplois aux membres de notre famille. Toutefois, il faut faire la différence entre nomination politique et poste dans la fonction publique», souligne-t-il.

Ce membre du Mouvement militant mauricien indique que le fait que des parlementaires ont de la famille travaillant dans la fonction publique est normal car Maurice est un petit pays. «Mais je suis pour l’application de cette loi quant aux nominations de présidents de conseils d’administration et de conseillers.»

Transparence

Quant au député rouge Ritesh Ramful, il affirme qu’il faudrait surtout revoir le mode de fonctionnement de la Public Service Commission (PSC). «Je suis pour le projet de loi surtout pour qu’il y ait plus de transparence. D’autant plus qu’il n’y a pas de Freedom of Information Act. Cette loi devrait cibler les nominations politiques», avance-t-il.

«En France, la loi concerne le recrutement d’un staff personnel, payé par le Parlement, pour un emploi d’assistant par exemple»

De son côté, la députée indépendante Danielle Selvon déclare qu’il est important de comprendre les pouvoirs des députés mauriciens. «Aucun parlementaire ne devrait avoir le droit de faire employer des membres de sa famille. Mais à Maurice, les députés emploient seulement un Constituency Clerk et/ou un chauffeur, alors qu’en France, la loi concerne le recrutement d’un staff personnel, payé par le Parlement, pour un emploi d’assistant par exemple», souligne-t-elle.

Selon Danielle Selvon, une telle pratique n’existe pas dans le système parlementaire mauricien. Mais «c’est vrai que les ministres ont le pouvoir de recruter du personnel, un pouvoir délégué par les organismes de recrutement de l’État, comme la PSC». Ils recrutent ainsi des milliers de personnes.

«Pas de discrimination»

«J’aurais voté pour une loi afin que ce pouvoir revienne uniquement à ces organismes de recrutement, qui sont censés être indépendants, et qu’il n’y ait pas de discrimination», ajoute Danielle Selvon. Nous avons essayé de contacter des députés du Parti mauricien social-démocrate, en vain.