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Employment Relations Tribunal: les gardiens de prison défient le «dictateur» Vinod Appadoo

7 août 2017, 10:34

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Employment Relations Tribunal: les gardiens de prison défient le «dictateur» Vinod Appadoo

Ils sont sur la corde raide. Entre le commissaire des prisons Vinod Appadoo et les gardiens, la tension est palpable. Elle a même été accentuée après l’audition de Hanson Mungrah, secrétaire de la Prison Officers’ Association, devant la commission d’enquête sur la drogue, le 17 mai 2017. Suivant son assemblée générale le 3 août, l’association a décidé d’adresser une lettre à l’Employment Relations Tribunal (ERT). La missive sera déposée ce lundi 7 août 2017 par son représentant, Narendranath Gopee.

Dans sa lettre, l’association soulève les questions de menaces de la sécurité dans les prisons, de harcèlement, de tentatives d’intimidation et d’ingérence dans les affaires syndicales. Hanson Mungrah ne cache pas son inquiétude face aux récents changements dans le milieu carcéral. Le Senior Prison Officer lance un appel formel au Premier ministre : «Nous demandons au Premier ministre d’intervenir. Il doit voir de près comment on plaisante avec la sécurité en prison.»

L’exemple cité est la fermeture de plusieurs tours de contrôle qui servent à assurer la surveillance des prisons et qui sont sous la sécurité des limiers de la Prison Security Squad. À Beau-Bassin par exemple, cinq sur six tours ne seront plus opérationnelles dans les jours à venir. «Lorsque Peroomal Veeren et Siddick Islam, tous deux incarcérés à la prison de Beau-Bassin, se présentent en cour, des hélicoptères sont déployés mais par contre, le commissaire des prisons trouve normal que ces tours soient laissées sans surveillance de 7 heures du matin à 19 heures. Et ce, dans le but de diminuer le coût. Ce n’est pas logique», s’insurge Hanson Mungrah.

Sollicité, Vinod Appadoo réplique que «plusieurs de ces tours ne servent à rien» car la luminosité est très faible. «Je ne suis pas inquiet qu’elles restent sans surveillance car nous avons désormais des caméras dans tous les recoins de la prison. Ce n’était pas le cas dans le passé.»

Une autre doléance de la Prison Officers’ Association est que Vinod Appadoo s’ingère dans les activités de l’organisme et «harcèle systématiquement» son secrétaire lorsque ce dernier parle à la presse. Le dernier épisode remonte au 14 juillet, soit quatre jours après l’intervention de Hanson Mungrah sur les ondes d’une radio privée. Vinod Appadoo lui a «exigé » des explications en écrit. «Il nous a également intimidés au lendemain d’une conférence de presse en janvier dernier lors d’une réunion officieuse», ajoute le secrétaire de l’association. 

Transferts punitifs

«C’est du n’importe quoi, rétorque Vinod Appadoo face à toutes ces allégations. Ce n’est pas en demandant des explications que je harcèle ou je m’ingère dans leurs activités. » Le commissaire des prisons explique qu’Hanson Mungrah a le devoir de l’informer avant qu’il n’intervienne sur les ondes d’une radio. «Il faut qu’il réalise que nous travaillons à la prison et qu’il y a des informations sensibles qu’on ne peut divulguer en public.»

Les surveillants de prison ne lâchent pas le morceau. Ils maintiennent qu’ils sont victimes de transferts punitifs s’ils dénoncent les «agissements du dictateur» Vinod Appadoo. Ce dernier explique qu’il y a tous les jours des transferts et que ceux-ci sont tous approuvés par un Transfer Committee. «Je suis conscient. Même les surintendants et les assistants surintendants de prison sont transférés», insiste le commissaire.

L’association déclare également que le 18 juillet, le commissaire des prisons a ordonné l’évacuation d’un bâtiment jusqu’ici utilisé pour les réunions du syndicat. «Allez demander au syndicat des pompiers ou celui de la police s’ils ont un bâtiment, eux, rétorque Vinod Appadoo. Je n’ai absolument rien contre les actions syndicales et je sais qu’ils ont des droits mais il faut respecter l’institution

Enfin, la Prison Officers’ Association déplore que plusieurs gardiens de prison ne bénéficient plus d’une Banking Allowance depuis la restructuration de la Prison Security Squad qui a pris effet à partir de juin 2017. À cela, Vinod Appadoo répond : «Sachez que ceux qui se plaignent aujourd’hui sont ceux qui ont abusé de ce système.» Il indique que l’année dernière, le montant de la Banking Allowance a avoisiné Rs 50 millions. «Ce n’était plus possible de continuer ainsi. Il y a désormais un contrôle.»

Les dispositions de l’Employment Rights Act 2008 permettent à un syndicat d’avoir recours à l’ERT dans le cas où il estime que ses droits sont lésés mais il est appelé à fournir des preuves pour justifier sa plainte. C’est en fonction de ces preuves que l’ERT tranchera. Vinod Appadoo soutient que cette plainte officielle ne lui fait «ni chaud ni froid». «Je suis en train d’effectuer un travail qu’aucun autre commissaire n’a fait avant mon arrivée et je le ferai jusqu’à la fin de mon mandat.» Pour lui, cette initiative démontre à quel «degré de bassesse» le syndicat est prêt à descendre. «Ils sont bienvenus d’initier des actions. Au contraire, tant mieux pour moi car cela me fait de la pub.»