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Prakash Ramiah: «La filière énergétique solaire manque d’un cadre légal»

5 août 2017, 02:30

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Prakash Ramiah: «La filière énergétique solaire manque d’un cadre légal»

Le CEB a lancé, le 10 juillet, la deuxième phase du plan de production d’énergie à petite échelle, à travers l’énergie photovoltaïque. Sauf que cette filière, qui a cinq ans, peine à décoller.

Le Central Electricity Board (CEB) a mis en route deux programmes photovoltaïques, le Small Scale Distributed Generation (SSDG) et le Medium Scale Distributed Generation (MSDG). Est-ce un pas dans la bonne direction ?

Ces programmes encouragent les différents abonnés du CEB à amplifier notre indépendance énergétique grâce à des projets d’énergies renouvelables durables. Sont concernés toutes les catégories de clients : domestiques, commerciaux, industriels, service public, collectivités locales et ONG.

Ces deux programmes connaissent-ils des obstacles ?

Il existe plusieurs facteurs qui n’encouragent pas l’épanouissement de ces deux plans de captage d’énergie solaire. Notamment, la limitation des capacités du programme de génération à petite échelle à 5 Kilowatt crête (Kilo watt peak) pour les clients domestiques et les petites et moyennes entreprises. Ceux-ci n’ont pas à payer. Alors que les clients commerciaux doivent payer pour vendre l’énergie qu’ils produisent au CEB, d’après un tarif aux kWc installés.

Malgré l’engouement, qu’est-ce qui explique le taux élevé de déconnexions de ceux qui ont adhéré à ces plans ?

Le taux de dropout est très élevé à cause de la mauvaise communication du CEB.

Comment intéresser les particuliers à ce plan ?

L’intérêt pour ces projets SSDG/MSDG suscite une collaboration totale des différents acteurs tels que la MARENA, instance qui sera appelée à réglementer le secteur des énergies renouvelables, le CEB, les clients potentiels et les installateurs agréés. Cette synergie assurera que le photovoltaïque devienne l’un des moyens de production d’électricité les plus compétitifs, tout en respectant les règles lors de la construction de ces sites.

Maurice compte combien d’entre- prises autonomes en énergie ?

Pas beaucoup, car le coût de remplacement des batteries de stockage est toujours trop cher. Puis, avec le modèle Net-Metering, le CEB agit comme une «power bank» virtuelle.

Est-ce que la filière photovoltaïque à Maurice est bien exploitée ?

Cela fait cinq ans que cette filière existe. Elle n’est toujours pas réglementée par un cadre légal pour la mise en place des normes et standards de qualité des installations photovoltaïques. L’inscription des acteurs auprès des instances régulatrices est primordiale pour assurer le référencement des entreprises qualifiées et le développement durable du secteur des énergies renouvelables (ENR). Depuis plus de deux ans, quelques acteurs qualifiés essaient de se regrouper au sein d’un comité ENR, sous la houlette de l’Association of Mauritian Manufacturers.

Les Mauriciens seront-ils attirés par l’énergie verte ?

Énormément de personnes sont intéressées par l’énergie verte. Surtout avec l’avènement des voitures électriques, depuis quelques années.

Les voitures électriques ne vont-elles pas augmenter davantage la facture ?

Les autorités doivent imposer un permis SSDG aux acheteurs de ces véhicules pour l’installation des kits photovoltaïques afin de recharger les batteries de leurs voitures et rendre celles-ci totalement écologiques. Ceci leur permettra aussi de consommer cette énergie propre dans leurs maisons et entreprises à moindre coût.

Que recommandez-vous pour améliorer la filière énergie solaire ?

L’Utility Regulatory Authority doit régulariser la filière énergies renouvelables tout en favorisant la participation collective des différents acteurs. Le CEB ne peut être à la fois producteur, acheteur et revendeur d’électricité. Chacun pourrait, grâce à cette technologie, ré- pondre par lui-même et pour lui-même à une part importante de ses besoins électriques, à partir d’une source inépuisable et respectueuse de l’environnement, soit le soleil.

Comment devenir indépendant des sources fossiles ?

Les solutions, centralisées ou décentralisées, doivent se faire en injection directe sur le réseau ou en autoconsommation. Avec l’émergence des bâtiments et des territoires photovoltaïques, du fait de sa grande modularité et de sa progression vers la pertinence économique, le solaire va être amené à s’insérer pour longtemps dans notre environnement immédiat.