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Insécurité et corruption: les désastres dans le Sud de Madagascar dénoncés

28 juillet 2017, 02:30

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Insécurité et corruption: les désastres dans le Sud de Madagascar dénoncés

Dans un communiqué partagé à ses pairs, un responsable d’une association civile dans le Sud, dresse un bilan sombre de la situation dans cette partie de Madagascar. Une anarchie due à l’insécurité et à la corruption.

Cas réels constatés. Par ces mots, Emile Thomas Razafindremaka, président de l’association Gny to tsy mba zainy (GTZ), une expression en parler Bara, ethnie du Sud de Mada­gascar, traduite librement en La vérité ne meurt pas, attaque un long communiqué qu’il a partagé aux organisations de la société civile (OSC), au sein du réseau Rohy à la fin de la semaine dernière.

« En bref, la corruption et l’insécurité règnent dans cette partie Sud de Madagascar », dénonce Emile Thomas Razafindremaka. Fort de près de trois mille mem­bres, l’association GTZ, si l’on s’en tient au communiqué de presse, est active dans les régions Atsimo-Andrefana, Anosy, Ihorombe et Haute Matsiatra. La missive publiée par le président de cette OSC s’apparente à un rapport d’une tournée qu’il a faite au niveau des démembrements de son association, dans ces quatre régions du Sud, durant le mois de juin et jusqu’au 22 juillet.

La Justice, les forces de l’ordre, les élus locaux, les parlementaires, le représentant de l’État, les responsables auprès des services de santé publi­que, de l’éducation nationale, les fonctionnaires, ou encore, les dépositaires des pactes villageois ou Dina, et même certaines OSC et des syndicats sont frontalement pointés du doigt dans le communiqué. « Il n’y a aucune inspection. Complicités, copinages et corporatismes ont pignon sur rue. Tous sont impliqués, aussi, personne n’ose dénoncer quoi, ou qui que ce soit », a affirmé le président du GTZ.

Il déplore par ailleurs les démagogies de certains politiciens, OSC, investisseurs, bailleurs de fonds, autorités religieuses qui ne tiennent pas compte de la redevabilité sociale, et ne recherchent que leurs intérêts. Pour appuyer ses invectives, le chef de file du GTZ rapporte des faits constatés dans certaines localités. Concernant l’application abusive des Dina, sans considération des droits fonda­mentaux, l’exemple de la commune d’Isoanala, est citée.

« Cette commune est sécurisée, puisque tout acte de banditisme flagrant, sans ambigüité, est passible de condamnation à mort. Les malfaiteurs, les bandits sont appréhendés par les mpanaradia [poursuiveurs], qui sont membres des Dina, ils sont remis aux gendarmes qui, tout de suite et sans hésitation, les fusillent sans poser de questions. Les gendarmes se soumettent aux directives des Dina », rapporte le communiqué de presse.

Abus et pressions

Dans sa missive, le président du GTZ affirme que pareille situation est causée par le fait que les locaux n’auraient plus confiance aux forces de l’ordre et aux tribunaux, qui ont une image de corrupteurs horribles chez le peuple. À Betroka par exemple, le communiqué indique qu’un slogan tristement célèbre précède la réputation du tribunal local, à savoir, sans argent, pas de liberté ni provisoire, ni définitive. Sans argent vaut mandat de dépôt.

La missive indique par ailleurs que malgré l’assainissement de la Justice martelé ces derniers temps, le calvaire des justiciables dans cette partie de la Grande île reste inchangé. « Des Forces de l’ordre, au tribunal de première instance, la corruption est la solution rapide », soutient le communiqué d’Emile Thomas Razafindre­maka. Les excès d’un élu local et d’un responsable de brigade, qui taxerait de 15 000 ariary chaque bovidé mis en vente, y est aussi dénoncé. Les Forces de l’ordre et les tribunaux, par ailleurs, seraient impuissants face à l’application abusive des Dina, qui tournent souvent à une vindicte populaire.

Ces pactes dont seraient dépositaires, pour certains, des parlementaires ou des responsables de collectivités décentralisées, comme celui de Betroka, confectionnés sous la houlette d’un député, et celui d’Ihorombe, surnommé le Dina du Chef de région. Des responsables politiques qui feraient pression pour faire valoir leur loi. Face à ce désastre et toute cette décadence, le président du GTZ, soutient, néanmoins, que dans tous les secteurs, des personnes intègres et compétentes veulent changer les choses, mais croulent sous les intimidations des membres de leurs corps respectifs.

Garry Fabrice Ranaivoson