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Macron rappelle les militaires à l’ordre sur le budget

14 juillet 2017, 02:53

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Macron rappelle les militaires à l’ordre sur le budget

Le président Emmanuel Macron a rappelé les militaires à l’ordre jeudi après des critiques en interne sur le budget des armées, rappelant qu’il était leur «chef» et promettant dès 2018 une hausse de l’effort de Défense.

«Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique», a-t-il lancé devant la communauté militaire à la veille du 14 juillet.

Emmanuel Macron faisait visiblement allusion au chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui a protesté devant des députés contre l’effort financier demandé aux armées en 2017.

«J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir», a déclaré le chef de l’Etat faisant référence à la promesse de porter l’effort de Défense à 2% du PIB en 2025.

«Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire», a-t-il ajouté, en rappelant les militaires à leur «sens du devoir et de la réserve».

Le général de Villiers a jugé mercredi, lors d’audition à huis clos devant de la commission Défense à l’Assemblée, que l’armée avait déjà «tout donné» et que la situation n’était «pas tenable», selon plusieurs participants.

«Je ne vais pas me faire baiser comme cela», a-t-il ajouté selon eux, en rappelant que les armées étaient surengagées, du Moyen-Orient au Sahel, et en demandant que les engagements pris par le président se traduisent dans les faits sans tarder.

«Légitime et faisable» 

Les armées vont devoir assumer cette année le surcoût des opérations extérieures (850 millions d’euros) qui était jusqu’ici réparti entre les autres ministères, au termes des arbitrages rendus mardi pour contenir le déficit budgétaire.

Leur budget restera inchangé par rapport à ce qui a été voté par le Parlement pour 2017 (32,7 milliards d’euros). Mais elles subiront in fine une baisse de 850 millions de crédits pour l’achat d’équipements dont certains vont devoir être reportés ou annulés.

Elles ont pourtant besoin d’avions de ravitaillement en vol, d’hélicoptères et de blindés pour renouveler des matériels vieillissants, autant de moyens qui leur font cruellement défaut aujourd’hui sur des théâtres d’opérations grands comme l’Europe.

Le chef de l’Etat a jugé que l’effort demandé était «légitime et faisable sans attenter en rien à la sécurité de nos troupes, à nos commandes militaires et à la situation telle qu’elle est aujourd’hui».

Il a assuré que le budget des Armées connaîtrait une hausse dès 2018 afin d’entamer une «trajectoire qui permettra, conformément à nos engagements, d’atteindre le chiffre de 2% du produit intérieur brut en 2025»

Les crédits budgétaires seront portés à «34,2 milliards d’euros, dont 650 millions d’euros de provisions» pour les opérations extérieures (contre 450 actuellement), a-t-il dit.

«Coup de poignard»

«Parmi ces ressources 200 millions d’euros seront consacrés au renforcement de la protection de nos forces partout où elles sont engagées», a-t-il ajouté.

Devant les députés, le général de Villiers avait notamment exprimé son inquiétude vis à vis de la sécurité des militaires sur le terrain, jugeant le nombre de véhicules blindés insuffisant.

La rigueur demandée aux armées a suscité une levée de boucliers à droite comme à gauche de l’échiquier politique à l’heure où la menace terroriste reste maximale.

«C’est bien d’aller faire des photos au-dessus du Terrible au bout d’un filin (..) si c’est pour derrière mettre un coup de poignard dans le dos» des armées, a lancé Cédric Perrin, vice-président LR de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat en référence à un récent déplacement du président à bord d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins.

Faute de hausse du budget en 2017, «on ne tiendra jamais cet objectif des 2%», s’est-il inquiété. «L’année prochaine il y aura autre chose», a-t-il ajouté.

Pour le député socialiste Luc Carvounas, Emmanuel Macron a commis la «première faute politique» de son quinquennat. «Voilà ce qui se passe quand la technostructure supplée au politique», a-t-il dit.