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Koomaren Chetty : «Les nominés politiques sont plus puissants que les ministres»

11 juillet 2017, 00:19

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Koomaren Chetty : «Les nominés politiques sont plus puissants que les ministres»

Il estime qu’il a été exclu du MSM, n’ayant pas été convoqué aux dernières réunions du bureau politique. Depuis, Koomaren Chetty a décidé de tout déballer au public. Il dit attendre le MSM en cas de partielle au no 18.

Faites-vous toujours partie du Mouvement socialiste militant (MSM) ?

Je fréquente le Sun Trust depuis 1999. Je me suis rapproché du MSM quelques mois avant les dernières élections générales avant de le rejoindre et d’être candidat en décembre 2014. Après ma démission de Landscope Mauritius au début de l’année, j’ai indiqué que c’était parce que j’avais des divergences d’opinion avec le Chairman de l’institution. Mais je reste au sein du parti. Or, après ma démission, je n’ai pas été invité à deux réunions du bureau politique.

«Au sein du BP, j’aurais pu m’exprimer mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire.»

Êtes-vous toujours membre du bureau politique (BP) du MSM ?

Je n’ai pas été invité lors du dernier BP le 24 juin. Un journaliste a interrogé le leader du MSM sur mon absence et il aurait répondu que c’est à moi que cette question doit être posée. Quelques jours après, je lui ai écrit pour lui demander des éclaircissements mais il ne m’a pas répondu. Au sein du BP, j’aurais pu m’exprimer mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire.

«Pravind Jugnauth, c’est Dr Jekyll and Mr Hyde. Il ne peut prendre de décision. Il n’a pas le courage de me dire si je fais encore partie du BP.»

Pravind Jugnauth estime que vous vous êtes éloigné du parti après vos déclarations à la presse, non ?

C’est un leader qui ne sait pas de quoi il parle. Il ne sait même pas si je suis invité à un BP ou pas. Pravind Jugnauth, c’est Dr Jekyll and Mr Hyde. Il ne peut prendre de décision. Il n’a pas le courage de me dire si je fais encore partie du BP. En tout cas, je me suis senti exclu.

«Beaucoup de parlementaires pensent comme moi. Leur fidélité envers le MSM, c’était pour SAJ. Il savait prendre des décisions et n’agissait pas comme Pravind Jugnauth.»

Vous êtes un homme amer depuis ?

Pas du tout. Vous savez, quand je me suis rapproché du MSM, le leader, c’était sir Anerood Jugnauth (SAJ) et en décembre, j’étais candidat de l’alliance Lepep pour lui. Beaucoup de parlementaires pensent comme moi. Leur fidélité envers le MSM, c’était pour SAJ. Il savait prendre des décisions et n’agissait pas comme Pravind Jugnauth.

Vous étiez un des rares candidats battus de l’alliance Lepep aux dernières élections générales. Qu’est-ce qui explique cette défaite au no 18 ?

Je suis entré dans l’élection un peu tard. Cette circonscription m’était inconnue car je suis plus actif dans le Nord. Et Roshi Bhadain ne m’a pas soutenu comme il se doit. Mais je n’ai aucun regret.

Roshi Bhadain sera à nouveau candidat pour la partielle. Une occasion de régler vos comptes avec lui ? Serez-vous impliqué dans la partielle ?

Oui. J’ai encore beaucoup de sympathisants au no 18. Je m’impliquerai à fond. Quant à Roshi Bhadain, ses proches m’ont invité à lui donner un coup de main.

Que ferez-vous ?

Je ne veux pas trop m’attarder sur Bhadain. En tout cas, je serai aux côtés du vainqueur de l’élection.

Vous connaissez déjà le vainqueur ?

Je suis un politicien chevronné. Ma famille était dans la politique avant moi. Je sais de quoi je parle.

«Le Metro Express est un projet coûteux, qui va endetter le pays. Le gouvernement devrait revoir sa décision.»

Qui gagnera cette élection ?

Le départ n’est pas encore donné. Une fois que les candidats seront dans les stalles et que le juge donne le signal du départ, vous verrez de quel côté je mènerai campagne.

Roshi Bhadain a donné le Metro Express comme raison pour sa démission. Êtes-vous en faveur du projet ?

C’est un projet coûteux, qui va endetter le pays. Le gouvernement devrait revoir sa décision.

«Je suis agréablement surpris par la prestation de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition.»

On dit que vous êtes proche de Xavier-Luc Duval et votre adhésion au sein du PMSD n’est qu’une question de mois, voire de semaines…

J’ai même entendu que je suis proche du PTr et que je serai aux côtés d’Arvin Boolell au no 18. Et certains militants m’ont dit que ma place est au sein du MMM !

Que pensez-vous de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition ?

Je suis agréablement surpris par la prestation de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition. Je me suis demandé s’il pourra faire aussi bien que Paul Bérenger. Une grande partie de la population a remarqué que les Private Notice Questions ont fait mouche. Il a la stature d’un homme d’État. Il serait un excellent chef d’État.

Pensez-vous que le MSM alignera un candidat pour la partielle ?

Le MSM, qui se prétend être un parti national, devrait aligner un candidat. Ce sera une élection rotin bazar. Je voudrais connaître à quel rang se classera un candidat du MSM.

Vous êtes très critique envers le MSM. Pourtant, si vous étiez encore au sein du parti, vous n’oseriez dire un mot contre celui-ci…

Ne pensez-vous pas c’est à cause de certaines choses que j’ai dites que je me suis retrouvé dans cette situation ? Quand on est au sein d’un parti, on ne peut tout révéler au public. Mais j’ai eu le courage de dire des choses quand je faisais partie du MSM. Comme à Landscope d’ailleurs. Je n’ai pas hésité à démissionner.

Pourquoi tant de critiques contre le conseiller Gérard Sanspeur ?

Mes critiques ne sont pas contre lui uniquement mais aussi d’autres nominés politiques, dont Prakash Maunthrooa, Sherry Singh et Rudy Veeramundar. Ils siègent sur plusieurs boards, comme s’il n’y a pas d’autres personnes compétentes ! Rudy Veeramundar oublie, lui, qu’il n’est qu’un simple exécutant et qu’un jour, il devra descendre de son piédestal. Ces nominés politiques causent beaucoup de tort à Pravind Jugnauth. Ils sont plus puissants que des ministres et des députés. Pourtant, ce sont nous, les candidats, qui ont passé notre temps à convaincre les Mauriciens à voter pour SAJ. Aujourd’hui, ce sont eux qui sont écoutés. Qu’ils soient sur le terrain la prochaine fois. Le BP du MSM ne peut rien faire devant ces conseillers.

«Je trouve que la Speaker n’est pas équitable. Elle doit revoir sa façon de mener les travaux parlementaires.»

Vous réalisez que c’est grave ce que vous dites…

Le BP n’a aucun pouvoir. Pravind Jugnuath écoute plus ses conseillers que les parlementaires élus ou ceux qui sont fidèles au parti.

Êtes-vous en contact avec vos anciens amis du MSM ?

Certains ont pris leur distance et d’autres me parlent toujours. Certains critiquent des décisions du PM à voix basse. Ils ont les mains liées.

Vous étiez directeur d’un hebdomadaire. Pourquoi le journal a dû fermer ?

Je me demande si je n’ai pas fait une erreur et mettant mon journal à la portée des candidats de l’alliance Lepep. Durant la campagne, untel m’appelait pour demander une couverture. Une fois au pouvoir, des dirigeants ont fermé le réservoir de la publicité, m’obligeant à mettre la clé sous le paillasson. Par ailleurs, mon journal a toujours mené campagne contre Navin Ramgoolam mais je recevais quand même de la publicité de Mauritius Telecom. Jamais Navin Ramgoolam n’a pensé à faire fermer le journal. Quand je pense à ce qu’ils ont fait à Roshi Bhadain, qui était avec la famille Jugnauth pour contrer Navin Ramgoolam, je pense qu’ils peuvent faire n’importe quoi quand ils ne vous aiment pas.

Que pensez-vous des travaux parlementaires ?

Je dois remercier le gouvernement pour l’initiative de transmettre les travaux à la télévision. Mais le peuple peut juger ses représentants maintenant. Je trouve que la Speaker n’est pas équitable. Elle doit revoir sa façon de mener les travaux parlementaires.

Serez-vous candidat aux prochaines élections générales ?

Certainement. Mais je souhaite, avec l’accord d’un parti, être candidat à Grand Baie–Poudre-d’Or (no 6), une circonscription que je connais comme les cinq doigts de la main.