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L'adieu aux armes des Farc, dans une Colombie en quête de paix

27 juin 2017, 09:47

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L'adieu aux armes des Farc, dans une Colombie en quête de paix

Le gouvernement colombien et les Farc célèbrent mardi la fin du désarmement de la principale guérilla du pays, en conflit depuis plus d'un demi-siècle, une étape majeure de l'accord de paix historique signé fin 2016.

Une cérémonie officielle doit avoir lieu à 10H00 (15H00 GMT) à Mesetas, dans le centre du pays, en présence notamment du président Juan Manuel Santos et du chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste), Rodrigo Londoño, alias «Timochenko», arrivé le premier lundi soir en hélicoptère.

«Je ressens une grande émotion et de grandes attentes», a-t-il tweeté peu après son arrivée. Timochenko portait un t-shirt bleu floqué du drapeau de la Norvège, saluant ainsi le pays nordique qui avec Cuba ont été garants de l'accord de paix signé en novembre.

Lundi, la Mission des Nations-Unies en Colombie, chargée de superviser le désarmement et de détruire les armes, a annoncé que les quelque 7 000 combattants des Farc ont remis leur arsenal conformément à la feuille de route de l'accord de paix, soit 7.132 armes désormais stockées par la mission onusienne.

«Le désarmement représente le début d'une nouvelle Colombie qui avance vers la paix. Merci à la Mission de l'Onu pour son soutien et son travail», a tweeté le président Santos peu après l'annonce de l'Onu.

L'ensemble du processus, qui a valu au président Santos le prix Nobel de la Paix, vise à tourner la page du plus ancien conflit armé d'Amérique latine qui a fait au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 7,1 millions de déplacés.

«Les Farc, la guérilla la plus puissante et la plus ancienne d'Amérique latine, va cesser d'exister», s'était exclamé M. Santos la semaine dernière lors d'un déplacement à Paris, estimant que cet événement «change l'histoire de la Colombie».

La dernière phase du désarmement visant à remettre à l'ONU les 40% restants, avait toutefois été assombrie par un attentat à la bombe, le 17 juin dans un centre de commercial de Bogota, qui a tué trois personnes dont une Française.

L'attaque, attribuée au groupuscule extrémiste Mouvement révolutionnaire du Peuple (MRP) dont neuf membres présumés ont été arrêtés, avait révélé une Colombie encore troublée par la violence malgré ses désirs de paix.

Ainsi l'accord de paix avec les Farc, qui inclut aussi un dédommagement pour les victimes, une réforme agraire et la lutte contre le narcotrafic, avait été initialement rejeté de peu (50,2%) par les habitants lors d'un referendum, obligeant à une renégociation de l'accord. Cette dernière mouture avait finalement été approuvée par le Parlement.

 Retour à la vie civile

En rendant son arme, chaque guérillero s'est vu remettre un certificat et a signé un acte l'engageant à ne plus les reprendre.

Les armes «ont rempli une fonction déterminée à un moment déterminé, aujourd'hui nous prenons une décision politique et nous n'en avons plus besoin», assurait récemment à l'AFP l'un des plus hauts dirigeants des Farc, Mauricio Jaramillo.

Avec l'armement récupéré, puis fondu, trois monuments symbolisant la fin du conflit seront érigés : à New York, à Cuba - siège des négociations de paix - et en Colombie.

La prochaine étape sera ensuite le retour à la vie civile de ces désormais ex-guérilleros, jusque-là regroupés dans 26 zones du pays et qui bénéficieront d'une justice spéciale garantissant l'amnistie pour la majorité d'entre eux.

Les Farc, nées d'une rébellion paysanne en 1964, devraient elles connaître une seconde vie sous forme de parti politique.

En ligne de mire : les élections générales de 2018, pour lesquelles les Farc pourraient présenter un candidat présidentiel. Un congrès du parti est prévu en août.

Restera alors une étape pour parvenir à la "paix complète" tant souhaitée par le président Santos : négocier un accord similaire avec la dernière guérilla active du pays, l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), qui compte encore 1 500 combattants.

Des pourparlers ont débuté en février à Quito, mais sont entachés par les enlèvements que continue de mener l'ELN, le dernier en date étant celui, la semaine dernière, de deux journalistes néerlandais, finalement relâchés cinq jours plus tard en bonne santé.