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[Vidéo] Musiciens de rue: ils se font entre Rs 200 et Rs 300 par jour

26 juin 2017, 23:00

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[Vidéo] Musiciens de rue: ils se font entre Rs 200 et Rs 300 par jour

«Cela fait trois ans que je chante dans la rue. J’ai vu des gens faire cela à l’étranger. J’ai tenté ma chance car je veux partager ma musique avec les gens.» Vayoud Futta, 63 ans, fait monter l’ambiance à la rue John Kennedy, Port-Louis. Flûte en bouche, tambour en main, tambourin au pied droit à la fois, le musicien revisite les segas locaux comme Anba laba, les tubes comme Lambada ou encore des chansons bollywoodiennes. Comme lui, deux autres musiciens «survivent» grâce à leur art. Dans la rue. Une voie qu’ils ont choisie même si c’est pour gagner entre Rs 200 et Rs 300 par jour. Rencontres alors que l’on célébrait, il y a quelques jours, la Fête de la musique… 

Vayoud Futta, de Terre- Rouge, a travaillé comme agent de livraison et de sécurité. Il se destine aujourd’hui exclusivement à son art.

Bernard Duprat, 33 ans, joue pour sa part de la guitare près du Harbour Front. C’est son père Hervé, luimême musicien, qui lui a fait découvrir ce monde. Le jeune homme a débuté ses prestations à 15 ans à l’hôtel Le Grand Gaube. Vers 2010, cet habitant de Ste-Croix s’envole pour la France où il dispense des cours privés de guitare. Il y séjourne pendant cinq ans puis rentre au pays. 

C’est la désillusion. «J’ai perdu cinq ans. En plus, aujourd’hui, les instruments sont multifonctions et font une diversité de sons et de voix. Tout est numérisé. Les hôtels n’embauchent pas autant de musiciens. » Ce qui le conduit vers la musique de rue. Son étui de guitare au dos et son panier en rotin pour récolter quelques recettes du public, l’artiste se produit dès 10 heures en semaine. 

Ce quotidien est également partagé par Gérard Milate, 56 ans, un autre artiste port-louisien. Assis sur une enceinte amplifiée, l’artiste chante sur fond de guitare à la Chaussée à Port- Louis. Son répertoire comprend des tubes de Bob Marley et du sega, entre autres. Lui qui se destinait à la profession d’électricien. 

C’est en voyageant que Gérard Milate découvre la prestation de rue. «J’habitais à Reggio Calabria, une région située non loin de la Sicile. Les artistes de rue sont nombreux là-bas. J’ai commencé à y travailler.» Après 15 ans, il revient à Maurice. Depuis 2015, le chanteur pousse la chansonnette à la capitale. 

Les musiciens de rue peuvent-ils vivre de cet art ? «Oui surtout à l’étranger. En Italie, on peut toucher entre Rs 2 000 et Rs 3 000 par jour. En Angleterre : Rs 8 000 à Rs 10 000.» Et à Maurice ? Ses deux homologues ne parlent pas de vie mais de survie. «Il y a des gens qui apprécient ce qu’on fait. Ça chasse les émotions négatives. Certains membres du public nous donneront 50 sous et d’autres, Rs 20. On survit», confie Bernard Duprat. Quant à Vayoud Futta, qui vit de sa pension de retraite, sa musique lui permet de faire un petit «trasman».