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Argentine: l'ex-présidente Kirchner de retour en politique

25 juin 2017, 04:19

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Argentine: l'ex-présidente Kirchner de retour en politique

Cristina Kirchner, qui vient d'effectuer officiellement son retour en politique en briguant un mandat de sénatrice aux élections d'octobre, reste populaire en Argentine, malgré des accusations de malversations, et pourrait à nouveau postuler à la présidence, en 2019.

A 64 ans et après un an et demi en retrait de la vie politique, cette brillante oratrice s'érige en rempart face à ce qu'elle dénonce comme le «néo-libéralisme» du président de centre-droit Mauricio Macri, qui lui a succédé fin 2015.

Première dame quand son mari Nestor Kirchner était à la tête du pays (2003-2007), puis présidente de 2007 à 2015, cette ancienne avocate a déjà siégé au Congrès. De 1997 à 2001 comme députée, puis de 2001 à 2007 comme sénatrice.

Elle est actuellement mise en examen dans plusieurs affaires de corruption dans lesquelles sont également soupçonnés des ministres de son gouvernement et un homme d'affaires proche du couple Kirchner, Lazaro Baez. Mais ses sympathisants ne semblent pas lui en tenir rigueur. 

Assurée d'être élue, elle décrocherait une précieuse immunité parlementaire qui, certes, ne lui éviterait pas les tracas judiciaires, mais la protégerait d'un emprisonnement en cas de condamnation.

L'ex-président Carlos Menem (1989-1999) a créé un précédent en la matière. Condamné à une peine de prison dans le cadre d'un trafic d'armes vers la Croatie et l'Equateur, le sénateur ne peut pas être incarcéré. Et il sera à nouveau candidat en octobre, à 86 ans.

Comme Evita

Née le 19 février 1953 à La Plata, près de Buenos Aires, l'ex-présidente suscite des opinions extrêmement tranchées sur sa personne. Des familles se sont divisées entre pro et anti-Kirchner.

Elle est adorée dans les quartiers défavorisés, où la population a gagné en pouvoir d'achat pendant la gestion Kirchner, mais détestée par les classes aisées, qui la qualifient de populiste. Comme avant elle Eva Peron, icône populaire et épouse du général Juan Peron qui a gouverné le pays sud-américain dans les années 1940 et 1950.

Pour n'avoir de compte à rendre à personne, elle vient de fonder son propre parti, Unité citoyenne, 

En 2015, le code électoral ne lui permettait pas de se représenter pour un troisième mandat consécutif. Elle avait alors quitté le pouvoir, avec une cote de popularité de 50%. Et si elle aurait pu se faire élire au Parlement, elle avait préféré prendre du recul et s'installer dans son fief de Patagonie, dans la province de Santa Cruz, d'où Nestor Kirchner était originaire.

Quand elle a succédé à son mari à la tête de la troisième économie d'Amérique latine, elle a accentué la confrontation avec le grand patronat, au premier rang desquels les grands fermiers exportateurs de soja et le puissant groupe de presse Clarin.

'Complot'

Sur le plan diplomatique, Cristina Kirchner s'était affichée aux côtés de Vladimir Poutine, des présidents chinois et iranien, et s'était rapprochée de l'axe bolivarien d'Hugo Chavez (Venezuela), Raul Castro (Cuba) ou Evo Morales (Bolivie), s'éloignant d'alliés traditionnels comme l'Europe et les Etats-Unis.

La veuve de Nestor Kirchner, mort en 2010, revendique les Iles Malouines, archipel inhospitalier de l'Atlantique sud mais terre britannique.

Cette catholique pratiquante a légalisé le mariage homosexuel, et permis aux travestis de changer de sexe à l'état-civil, sans opération. En revanche, elle est résolument opposée à l'avortement. 

Le pape François l'a reçue à diverses reprises au Vatican, à Asuncion ou La Havane, déclenchant l'indignation des anti-Kirchner qui trouvent que le souverain pontife n'a pas les mêmes égards avec Mauricio Macri. 

La relation était moins bonne entre CFK et le cardinal Jorge Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires. Les Kirchner lui reprochaient ses sermons dans lesquels le prélat leur demandait de lutter plus contre la pauvreté.

Des proches de la présidente et son fils Maximo sont soupçonnés d'enrichissement personnel et de détournements de fonds dans la province de Santa Cruz. «Des mensonges», «un complot» visant à la discréditer, dénonce Mme Kirchner.