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Rajen Dyalah: «Il y a une grande désillusion dans le pays»

24 juin 2017, 20:13

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Rajen Dyalah: «Il y a une grande désillusion dans le pays»

«J’ai l’occasion de discuter quotidiennement avec des Mauriciens d’horizons divers, je dois dire qu’il y a un sentiment de très grande désillusion dans le pays.» C’est ce que répond l’ex-député Rajen Dyalah, quand il est invité à donner son avis sur la situation politique actuelle.

Ce militant de la première heure, qui compte des décennies d’activisme, aborde avec philosophie les pratiques politiques actuelles. «Aujourd’hui, il semble que la notion de service ait disparu. C’est à croire que le seul objectif de certains politiciens est de faire une carrière», observe-t-il.

Rajen Dyalah a contracté le virus politique très jeune. Déjà, en 1963, l’adolescent de 16 ans arpente les rues de la capitale en compagnie de ses amis de Plaine-Verte pour écouter les tribuns travaillistes. En 1967, il est sur le terrain en soutien à la lutte pour l’Indépendance.

Puis, c’est janvier 1968 : le choc des bagarres raciales à Port-Louis. Deux communautés vivant côte à côte s’entredéchirent, entraînant la mort et l’exode des citadins. Quelques mois plus tard, de bonnes âmes, dont le Dr Cader Raman et Edwin de Robillard, œuvrant pour une réconciliation, invitent les jeunes à discuter de la situation qui prévaut dans le pays. Rajen Dyalah répond présent.

Le jeune homme apprend alors que d’autres concitoyens ont les mêmes discussions au City of London College, à Quatre-Bornes. Il s’y rend et rencontre des pionniers de la lutte militante dont Paul Bérenger, Dev Virahsawmy, les frères Jeerooburkhan, Ah Ken Wong, Krithi Goburdhun, Amédée Darga, Sushil Kushiram et d’autres jeunes. C’est le début de l’engagement politique de Rajen Dyalah au sein du Club des étudiants militants (CEM) qui deviendra le Mouvement militant mauricien (MMM).

Le CEM participe à des forums très animés durant lesquelles les politiciens de l’époque sont verbalement malmenés. Mais aux yeux de Rajen Dyalah, l’acte fondateur du MMM demeure la manifestation au rond-point de Saint-Jean, le 12 septembre 1969, lors de la venue à Maurice de la Princesse Alexandra. «Cette manifestation avait une double signification», se rappelle l’ex-député. «On protestait contre la monarchie représentée par Alexandra et contre le capitalisme personnifié par son mari, Angus Ogilvy, principal actionnaire de Lonrho, une très importante société britannique opérant en Rodhésie, aujourd’hui le Zimbabwe.»

Par la suite, le MMM se structure, organise des syndicats et s’implante dans toutes les localités du pays. Rajen Dyalah est associé au syndicat des travailleurs du port et s’active dans la capitale. Les actions syndicales se multipliant, le gouvernement de la coalition Parti travailliste-Parti mauricien social-démocrate (PTr-PMSD) répond par la répression. À la faveur de l’état d’urgence, les militants sont jetés en prison sans aucun procès. «Un après-midi, en décembre 1971, je suis devant chez moi, à Port-Louis. Des policiers en civil descendant d’une voiture banalisée m’invitent à les suivre. Et je me retrouve enfermé, pendant une année, à la prison de Beau-Bassin, avec d’autres militants dont Paul Bérenger et des travailleurs du port», raconte Rajen Dyalah.

Quand viennent les élections de 1976, Rajen Dyalah est candidat dans la circonscription n° 1 (Port-Louis Ouest – Grande-Rivière-Nord-Ouest) aux côtés de Jack Bizlall et Jérôme Boulle. Il se fera réélire successivement à trois reprises aux élections générales.

Durant ses années de députation, Rajen Dyalah mène une action de proximité. Il est très actif auprès des Chagossiens. «Ces hommes et ces femmes ont été abandonnés dans des faubourgs de Port-Louis, dont Cassis et Bain-des-Dames. Dans un esprit de solidarité, avec les amis de l’Organisation fraternelle, nous les avons accompagnés dans leur lutte», se souvient l’ex-député.

En 1990, le MMM et le MSM concluent une alliance. L’accord électoral prévoit qu’un candidat du parti Soleil sera aligné dans la circonscription no 1, aux élections générales de 1991. Rajen Dyalah cède sa place à Alain Laridon. Après le scrutin, il est nommé à la Local Government Service Commission. Il y restera jusqu’à l’arrivée aux affaires de l’alliance PTr-MMM en 1995.

Depuis, il se consacre à soutenir l’action artistique de son épouse, Amrita, la sculptrice peintre qui gère une galerie d’art à Grand-Baie.

Son parcours

<p>1969 &ndash; 1971 &ndash; Cadre de la General Workers Federation</p>

<p>1972 &ndash; Emprisonnement politique avec d&rsquo;autres militants</p>

<p>1973 &ndash; Retour à la GWF</p>

<p>1976 &ndash; Elu député dans la circonscription n&deg; 1</p>

<p>1977 &ndash; Élu conseiller municipal à Port-Louis</p>

<p>1982, 83, 87 &ndash; Réélu député</p>

<p>1985 &amp; 1988 &ndash; Réélu conseiller municipal</p>

<p>1991 &ndash; Nommé membre de la Local Government Service Commission</p>