Publicité

Incendie à Londres: terreur au dix-huitième étage

23 juin 2017, 21:21

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Incendie à Londres: terreur au dix-huitième étage

De sa fenêtre, au 18ème étage d’une tour londonienne, Pippa Wordsworth désigne le sommet calciné de la tour Grenfell, où au moins 79 personnes ont péri la semaine dernière. Sur les façades de son immeuble, le même revêtement hautement inflammable.

«Cette tragédie rappelle à quel point le feu peut être dangereux», dit à l’AFP cette élégante grand-mère aux cheveux décolorés, coupés au carré. «J’ai un de mes petits-enfants avec moi actuellement. Désormais, je suis terrifiée à chaque seconde où je suis dans l’immeuble».

Les panneaux d’isolation extérieure de la tour Grenfell, soupçonnés d’être à l’origine de la virulence de l’incendie, ont été détectés sur plusieurs bâtiments dans le Grand Londres, potentiellement sur des centaines d’immeubles dans le pays.

Les tests effectués sur l’immeuble de Pippa sont rapidement revenus: même matériau, des plaques de composite d’aluminium et polyéthylène (plastique). Les habitants, terrorisés par les images de la tour infernale qui tournent en boucle à la télévision, en ont perdu le sommeil.

«Je suis absolument horrifiée», dit-elle. «Ces gens appelant à l’aide de leur fenêtre, ces enfants... Terrible, je peux à peine en parler. En quelques minutes, l’immeuble était la proie des flammes».

Interpellée par les locataires des cinq tours du grand ensemble de logements sociaux Chalcots, la municipalité de Camden (nord de Londres) a organisé jeudi une première réunion.

«Ils ont testé les panneaux et ont trouvé que c’étaient les même que ceux de la tour Grenfell», dit à l’AFP Casey Oppong, président de l’association des locataires de la tour de Pippa. «Ils ont dit qu’ils allaient les remplacer immédiatement. Et en attendant, ils nous ont envoyé des vigiles, qui surveillent les immeubles 24 heures sur 24».

Pièges mortels 

Dans leurs gilets jaunes fluorescents marqués «Camden», près de leur voiture électrique, deux jeunes gens et une jeune fille montent une garde bienveillante, sourient aux habitants et aux passants, assurent qu’ils resteront sur place jusqu’à la résolution du problème. Les travaux de remplacements des panneaux extérieurs pourraient débuter, au plus tôt, dans six semaines.

«Le plus effrayant», ajoute M. Oppong, «est de savoir que si c’est arrivé à Grenfell ça peut nous arriver à nous. Les gens ont peur, ils n’en dorment plus la nuit. Dans ces tours il n’y a pas d’arroseurs automatiques, pas même d’alarme d’incendie. Nous en avons exigé l’installation. Pour l’instant, ils ont promis à chaque locataire une couverture anti-feu».

Vendredi matin Frederica Otokunuy, 40 ans, vient rendre visite à ses parents âgés. «Nous ne nous doutions pas que ce pouvait être si dangereux», dit-elle. «Regardez cet immeuble, il est si joli ! Mes parents sont au 15ème étage, c’est effrayant. Je voudrais bien qu’ils déménagent au premier...»

Pippa Wordsworth a assisté jeudi soir, avec des centaines d’autres résidents des cinq tours de l’ensemble Chalcots, à la réunion d’information dans la bibliothèque du quartier.

«Nous exigeons des réponses», dit-elle. «La mairie nous dit que pour le remplacement de ces panneaux extérieurs l’argent n’est pas un problème, nous verrons bien».

A l’échelle du pays plus de 600 immeubles pourraient avoir été recouverts, lors de leur construction ou leur rénovation, par le même matériau. Une campagne de tests a été lancée : pour l’instant les échantillons retirés des façades de quatorze immeubles ont été jugés de qualité inférieure aux normes incendie obligatoires.

Vendredi matin une responsable de la police scientifique londonienne, Fiona McCormack, a annoncé que des inculpations pour «homicide» pourraient être prononcées dans le cadre de l’enquête sur l’incendie de la tour Grenfell si des manquements à la réglementation sont constatées.

Dans son édition de vendredi le tabloïd de gauche Daily Mirror met à la Une une photo de l’immeuble en flammes avec ce titre : «Des milliers de gens vivent dans des pièges mortels».