Publicité

Solidarité artistique : Ki pou fer mazik ?

20 juin 2017, 15:59

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Solidarité artistique : Ki pou fer mazik ?

Voici venu le temps de la fête. Celle où tous les tambours font s’accélérer le rythme des coeurs. Pour la Fête de la Musique, Kas Poz inaugure un nouveau concept. Une soirée live à chaque sortie mensuelle du magazine. Pour sa grande première, Kas Poz vous invite à une jam session de sega typik, le mercredi 21 juin au Backstage Lounge, Hennessy Park Hotel, à Ebène. La soirée débute à 19h et se poursuivra jusqu’à 22h. Entrée libre. Sont attendus pour cette fête de la ravanne et du sega typik, classé patrimoine mondial : Nancy Dérougère et Mario Justin, Linzy Bacbotte et Nitish Joganah, Cindia Ameerally et Clarel Armelle, José Piron de Tambour Chagos et Jason Lejuste. Cette jam session promet d’être une célébration de l’improvisation et des bonnes vibrations. Si dans la lumière, la franche camaraderie est de mise, dans l’ombre, la solidarité artistique peine à sortir des coulisses. Pourquoi ça coince ? Nos invités font des gammes.

Krapo kriye anons lanwit. Nitish Joganah n’est pas homme à se taire, la nuit venue. Bien au contraire, il fera un maximum de bruit le soir de la Fête de la Musique, le 21 juin, au Backstage Lounge, au Hennessy Park Hotel, à Ebène. Brûlé au coaltar du militant, flambé dans les braises des années 1970, Nitish Joganah c’est une sacrée dose de koze ki bizin koze.

Avec lui, pas de kata kata. Gare à tous ceux qui, «pe donn nou bwar lasoup lor fey banan». Comprenez ceux qui profitent de la division qui règne entre les artistes. Diagnostic de Nitish Joganah : l’absence de solidarité artistique, c’est la source de tous les problèmes des créateurs. «Nous sommes pires que les hommes politiques. Comme un gâteau bien décoré. Seriz tou lor la. Mais quand vous y goûtez, gato la sale.»

Nancy Dérougère s’est faite un peu plus discrète ces derniers temps. «Mo pe trase, mo pa onte pou dir, j’ai ouvert un petit business de roti». La faute à la pâte de la vie d’artiste qui refuse de lever. «Ce sont toujours les mêmes artistes qui se montrent solidaires. Les autres font de grands discours, mais quand il faut se mobiliser, on ne les voit pas. Zot pok pok».

Cindia Ameerally, jeune talent, avec un premier album à son actif renchérit : «Sur Facebook, enn milyon dimoun koze, quand il faut descendre dans la rue, où sont ces gens ? C’est le défaut des Mauriciens, koz bokou me pa azir.»

Linzy Bacbotte est bien d’accord. : le vrai pouvoir est entre les mains des artistes, estime-t-elle. «Si on se soutient, on peut faire avancer les choses. Nou pa fer politik, nou fer lamizik. Et nous touchons toutes les couches de la société. Nous sommes la voix des sans voix».

Évolution, révolution

Évolution de la musique locale est-elle synonyme de révolution ? Nitish Joganah est catégorique. «Notre identité se perd. Nos racines, le son de la ravanne se dilue. Kouma dir ou pe dir ou ti non ou pa pe dir ou non fami ditou. Notre nom de famille c’est la ravanne. Pourquoi est-ce si difficile pour notre musique de percer en Europe ? Ce que l’on fait ici, c’est une photocopie de ce qui existe déjà. Ki ou pou al fer jazz dans Lerop ? Il y a des gens qui sont meilleurs que vous là-bas. Par contre, si on exporte notre ravanne, on aura une renommée internationale. Pourquoi Danyel Waro est-il reconnu ? Si li ti fer kouma franse dan Paris li pa ti pou ariv kot li ete zordi.»

Linzy Bacbotte rappelle qu’au cours de ses 30 ans de carrière, elle a touché à tout. Depuis un an, elle tourne dans des festivals à l’étranger avec Mauravann. «Là-bas, on recherche l’authenticité. C’est dommage qu’on n’inculque pas ce sens d’appartenance à notre culture. Nou ankor touzour onte. Menwar avec ses bruitages et sa ravanne est l’artiste mauricien ayant fait la tournée du plus grand nombre de festivals à l’étranger. C’est grâce à ce qui le rend unique»

Bons mots

	<p></p>

	<p><strong>Nitish Joganah :</strong> &laquo;<em>Telman nou finn rant dan enn spiral, pena kabri pou manze. Kot ou pou gagn so lapo pou fer ravann ? </em>On fait des ravannes synthétiques. <em>Artis la ousi pe vinn sintetik&raquo;.</em></p>

	<p></p>

	<p><strong>Nancy Dérougère :</strong> <em>&laquo;Il y a deux ans, mon dernier album</em><em>, </em>Anou roule sega<em>,</em> <em>e</em><em>st passé inaperçu. J&rsquo;en ai vendu plus en Europe qu&rsquo;à Maurice&raquo;. </em></p>

	<p></p>

	<p><strong>Cindia Ameerally</strong> : <em>&laquo;Un jour, une amie de ma fille m&rsquo;a dit qu&rsquo;elle était fan de mes chansons. Je lui ai demandé si elle avait acheté mon album. &laquo;Maman ne veut pas m&rsquo;acheter l&rsquo;album, elle dit qu&rsquo;elle ne veut pas gaspiller son argent. </em><em>So kas pa grat li&raquo;.</em></p>

	<p></p>

	<p><strong>Linzy Bacbotte :</strong> <em>&laquo;Dans le récent Budget, j&rsquo;ai entendu que nous serons bientôt des princes et des princesses dans un Palais des Arts de la Culture. L&rsquo;Etat devra nous donner les chaussures et l&rsquo;accoutrement qui va avec ce statut&raquo;.</em></p>
</div>