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Brexit et sécurité en tête: les Britanniques votent pour les législatives

9 juin 2017, 00:13

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Brexit et sécurité en tête: les Britanniques votent pour les législatives

Les Britanniques se rendaient aux urnes jeudi pour la troisième fois en deux ans, après une campagne des législatives marquées par des attentats terroristes sanglants et les incertitudes d'un avenir sous le signe du Brexit.

Les conservateurs de la Première ministre Theresa May restaient favoris des instituts de sondages, qui n'ont pas toujours vu juste notamment aux élections de 2015. Mais selon ces enquêtes d'opinion, leur avance de plus de 20 points sur les travaillistes de Jeremy Corbyn a fondu de moitié, voire plus, par rapport à leur niveau d'avril, au moment de l'annonce d'élections anticipées.

D'après un sondage effectué mardi et mercredi auprès de 1.650 personnes et publié jeudi, le milliardaire conservateur Michael Ashcroft a calculé qu'en fonction du taux de participation, les conservateurs pourraient obtenir entre 351 et 373 sièges, soit une majorité relative comprise entre 52 et 96 députés (76 selon son estimation combinée). Les travaillistes obtiendraient entre 207 et 227 sièges, perdant ainsi 25 à 45 députés par rapport à l'élection de 2015.

Les bureaux de vote fermeront à 22H00 (21H00 GMT) dans un pays ébranlé par trois attentats revendiqués par le groupe Etat islamique qui ont fait 35 morts en moins de trois mois, le dernier étant survenu samedi soir en plein coeur de Londres (8 morts).

«J'ai fait mon choix sur ces deux questions: avoir un bon accord sur le Brexit, et la sécurité», a déclaré à l'AFP Angus Ditmas, 25 ans, dans un bureau de vote du nord de Londres.

Pour Collin Goodhew, un designer de 60 ans qui votait à Maidenhead (ouest de Londres) où Theresa May est candidate, «évidemment, le terrorisme, l'économie, les écoles, les hôpitaux, tout compte».

Pas 'influencé' par les attaques 

A travers le pays, le vote se déroulait parfois dans des lieux insolites, que ce soit une laverie automatique près d'Oxford (centre) ou un moulin à vent du XIXe siècle à Brighton (sud).

A la fermeture des bureaux, des sondages de sortie des urnes et projections seront publiés avant de connaître le résultat final attendu vendredi à l'aube. 

Le scrutin, auquel 47 millions de Britanniques sont appelés à participer, a été déclenché trois ans avant le terme de la législature par Theresa May, qui espère obtenir une majorité renforcée pour avoir davantage de soutien dans ses négociations de sortie de l'Union européenne.

Pour Alicia Milner, une jeune électrice de 20 ans à Halifax, dans le nord de l'Angleterre, ce troisième scrutin majeur en trois ans après le vote sur le Brexit en juin 2016 et les dernières élections en mai 2015 a usé bon nombre de Britanniques. «Beaucoup dans ma famille ne votent pas, ça me choque, juste parce qu'ils en ont assez, fatigués par le gouvernement et mécontents des résultats possibles, quels qu'ils soient, ils ont abandonné», regrette-t-elle. 

L'impact des attentats sur le scrutin est difficile à évaluer. Si les conservateurs sont, selon les analystes, jugés «plus solides» sur les questions de sécurité, ils sont critiqués pour n'avoir pas pu empêcher ces attaques et avoir supprimé 20.000 postes de policiers depuis 2010.

«On ne veut pas que ces attaques influencent ce qu'on pense», assurait Javed, 23 ans, dans un bureau de vote de Barking (est de Londres), d'où provenaient des auteurs de l'attentat de samedi. «De toute manière, il y aura des menaces quel que soit (le vainqueur)».

«Ca n'est pas entré en compte dans mon vote pour être honnête», renchérissait Tania, 26 ans.

Si le Brexit est à l'origine du scrutin, il a été paradoxalement quasi absent des débats, au grand dam des électeurs.

Theresa May, 60 ans, veut «un mandat clair pour négocier le meilleur accord possible», quand Jeremy Corbyn, 68 ans et vétéran de l'aile gauche du Labour, veut, lui, adopter un ton plus conciliant avec Bruxelles et garder un accès au marché unique européen.

«Confortable» victoire des Tories ?

«Nous ne savons pas vraiment ce qu'ils vont faire à propos du Brexit», regrettait à Londres Joe Kerney, 53 ans.

Seuls les centristes du parti Libéral-démocrate et les nationalistes écossais du SNP ont placé la question européenne au centre de leur campagne.

La campagne, ultra-courte et bouleversée par les attentats, s'est jouée d'abord sur des thèmes de proximité comme la défense du système de santé public NHS, qui favorisent traditionnellement les travaillistes de Jeremy Corbyn.

A l'aise sur ce terrain, celui-ci a étonné jusqu'au sein de son propre parti, dont 80% des députés avaient tenté de le renverser.

Theresa May, en revanche, a peiné à enthousiasmer ses partisans, et a été fragilisée par des revirements notamment sur les aides sociales aux personnes âgées.

Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres, continue cependant à miser «sur une confortable victoire des Tories». Grâce notamment à l'apport de voix du parti europhobe Ukip, en pleine déconfiture.

Au milieu de cette élection aux lourds enjeux, les Britanniques ne perdaient pas leur flegme légendaire et inondaient les réseaux sociaux de photos de chiens - caniches, bergers allemands et autres labradors devant des bureaux de vote, avec le mot clef «#dogsatpollingstations».