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Climat: la Chine snobe l'envoyé de Trump

8 juin 2017, 13:32

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Climat: la Chine snobe l'envoyé de Trump

Soucieux d'avoir des partenaires fiables sur le climat, Pékin a accordé un accueil très distant cette semaine au secrétaire à l'Energie de Donald Trump, alors que le président Xi Jinping accueillait longuement le gouverneur de Californie, ardent défenseur des énergies propres.

En tournée asiatique quelques jours après l'annonce par la Maison Blanche que les Etats-Unis se retiraient de l'accord de Paris sur le climat, le secrétaire américain à l'Energie Rick Perry s'est attaché à rassurer.

«Nous ne reculons pas et nous ne laissons aucune place vacante (...) Les Etats-Unis ne renoncent pas à leur rôle de leader pour une planète propre», a-t-il plaidé lundi lors d'une escale à Tokyo, selon l'agence Bloomberg.

Avant d'ajouter, bravache: «Si les Chinois veulent nous prendre la couronne (...) ce sera un gros défi».

Plus diplomatiquement, M. Perry a vanté jeudi à Pékin les «opportunités extraordinaires» de coopération entre Chine et Etats-Unis sur les «énergies propres», lors d'un entretien avec le vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli.

Reste à voir si l'administration Trump restera le partenaire privilégié de la Chine sur ce sujet.

Au mépris du protocole, le gouverneur de Californie Jerry Brown, lui aussi à Pékin cette semaine, a ainsi pu rencontrer mardi le président Xi Jinping en personne, pour un long entretien qui a fait la Une des médias d'Etat chinois.

Mieux, M. Brown et le président Xi ont signé un protocole d'accord associant la Californie à la République populaire pour la promotion des «technologies vertes».

Un camouflet pour Rick Perry, dont aucune rencontre avec le chef d'Etat n'a été annoncée.

Xi Jinping a dit «espérer que les Etats américains et provinces chinoises renforcent leurs synergies» sur la question climatique.

«Réveiller les gens»

Venu participer dans la capitale chinoise à un forum ministériel sur les énergies propres, M. Perry  -- qui avait pourtant promu les énergies renouvelables quand il était gouverneur du Texas et s'était dit favorable à un maintien dans l'accord de Paris -- s'y est montré extrêmement discret.

Après avoir défendu mardi les technologies de capture du CO2 au Texas, son Etat d'origine, il n'est pas apparu jeudi à un panel public où il devait s'exprimer.

A l'inverse, Jerry Brown a multiplié à Pékin les apparitions et les interviews, décochant des flèches contre l'administration Trump et vantant les efforts environnementaux de son Etat.

«La Californie est engagée avec les (Etats de) Washington, New York, et autres, pour se motiver à agir davantage» sur les énergies propres, «en grande partie à cause de M. Trump», a confié à l'AFP le gouverneur démocrate, dont l'Etat est évoqué comme la 6e économie mondiale.

Une coalition initiée la semaine dernière réunit une dizaine d'Etat américains et plus d'une centaine de villes engagées à réduire les émissions des Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial de CO2, pour satisfaire aux objectifs de l'accord de Paris.

«J'essaie de réveiller les gens sur le combat face au changement climatique. La Chine est un allié de taille, dotée de gigantesques ressources (...) pour accélérer notre action» , insiste M. Brown.

Autre revers diplomatique pour Washington: le plus haut diplomate américain en Chine, le chargé d'affaires David Rank vient de démissionner, a annoncé l'ambassade en début de semaine. Une décision prise en raison selon la presse de son opposition à la politique de Donald Trump sur le climat.

Déconnectée

«Rick Perry est dans une position délicate. L'administration Trump est vraiment déconnectée de la communauté internationale, cela devient évident dans des réunions» comme celles de Pékin, grince Alex Perera, directeur adjoint de l'ONG WRI Energy Program.

M. Trump «semble vouloir revenir à la deuxième révolution industrielle» du XIXe siècle fondée sur le charbon, indique à l'AFP le vice-président de l'Union européenne (UE) Maros Sefcovic. «Mais les maires et gouverneurs américains, eux, restent engagés» et «arrimés à la modernité».